Arbre Shmarbre.

♣ CHAPITRE 5 - UNE ALLIANCE IMPROBABLE

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 Arbre Shmarbre.

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MessageSujet: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeSam 19 Mar - 4:27

    [Priorité à Claude et sa Clique ♥]

    Y a pas que l'arbre, sur cette mer. Y a autre chose, quelque chose de mieux. Oh, dirais-je, quelque chose de mille fois mieux, même! Ce gros arbre prétentieux, il ne veut rien dire. Il ne fait que ployer ses branches et cracher des chouettes toute la journée durant. Et toute la nuit. Et pour un diurne...

    - « C'est chiant. »
    De nouveau, il laissa ses serres crisser sur la rose de fer, y extirpant la gêneuse qui s'y était empalée la nuit. Puis, sans aucune délicatesse, il la jeta à l'eau, ne lui portant plus un seul regard. La malheureuse s'échoua dans un nuage d'écume. Fink reporta son regard sur la blessée. Elle saignait. Non! L'autre l'avait de nouveau tachée! Il frotta sa tête sur le sang, glissa ses plumes, l'humecta avec sa langue pour frotter vigoureusement. Il enleva le trop plein, se débarrassa des viscères encore éparpillées ça et là. Puis, il déposa sa patte sur la longue tige de métal, y appuyant pour faire courber sa sculpture.
    ( Comme ça, pas question de la heurter. Elle qui est si délicate... Ma tendre... )
    Il donna un coup d'aile plus fort, hargneux. Les plumes pliées comme un poing. Puis, il jeta un œil par dessus son épaule, observant ses autres chéries, sauvées du carnage. Lentement, une brimade sembla se dessiner sur son bec, qui s'entrouvrit dans un sourire paisible. Elles allaient bien. Fink soupira, rasséréné à cette idée, contemplant sa demeure.

    Voilà quelques années qu'il était là, et qu'il avait bâti sa maison. Une maison un peu bateau ( HAH! Vous comprenez? ), comme il aimait le dire, mais il s'agissait en fait d'une véritable forteresse: Une palissade en pointes de lances, aussi aiguisées que le Silex se recourbaient vers l'intérieur, pareil à une centaine de serres qui visaient à empêcher les malcommodes de pénétrer ses quartiers. Puis, enchevêtrés n'importe où, des ronces de fer serpentaient un ici et là, créant des tunnels, des endroits piégés, des fils de métal qui se scindaient en branches, surmontées de minuscules petites feuilles, détaillées jusqu'à leur moindre nervures. Puis, des fleurs. Des fleurs variant en espèces et en taille, en forme — car Fink aimait beaucoup les fleurs, il trouvait que certaines d'entre elles avaient un goût exquis lorsqu'on les faisait suinter sur le feu — de même que certaines sculptures de petits oiseaux. Voyait-t-on un merle par ci, un Grand duc par là... Grand Duc dérisoire, il lui manquait une serre et son dos était voûté! Son modèle n'était pas le meilleur, décidément! Dans un élan de rage, le Balbuzard laissa tomber sa statuette dans l'eau, comme lassé de la voir. Puis, il s'engagea dans le tunnel épineux — c'était le cas de le dire — pour s'avancer entre les serres crochues, entre les figures plus douces, plus lisses, moins pointues ou dangereuses. Le creux de son nid, sans compter la forêt de métal et la palissade d'acier, était constitué de matériel organique, comme des feuilles et des fleurs, de même qu'un petit trou lequel il se glissait pour atteindre son atelier. Construit comme un dôme, enseveli et dissimulé sous des feuilles, un trou béant s'ouvrait au bout, par lequel s'échappait le dioxyde de carbone lorsqu'il faisait brûler le fer. Et autour, tout son attirail. Ses pinces, ses sceaux, ses autres pinces, ses autres sceaux. Ses bidules qui servaient à bouillir, ses bidules qui servaient à cuire... Ou et ses autres bidules, plus grands, plus larges, qui pliaient, pressaient et affinait. Le reste, c'était au niveau de l'étau. Étau à proximité de plusieurs lentilles de verre, loupes qui servaient à voir plus en détail les imperfection sur son art. Enfin, au loin, il y avait un lit de paillasse dérisoire, un tas misérable suspendu à une branche superficielle, là où dormait le forgeron lorsque la fatigue le gagnait.

    Vraiment, cet endroit était pour lui un Paradis. De loin, on n'y voyait que les serres et les silhouettes affinées des fleurs et ronces, de même que le dôme, où parfois, la fumée acariâtre s'y échappait. Son Eden pourtant n'était pas à l'abri des entêtées qui ne savaient pas voler. Ces idiotes, dans la nuit noire, sans doute, oubliaient de battre les ailes, et, impunément, allaient se planter pile au niveau de son œuvre polie. Et ça, ça le mettait dans une colère noire. Encore aujourd'hui, Fink dut se résoudre à plisser les yeux, fixer ceux-ci à l'extérieur, injurier le grand arbre qui crachait des idiotes en tout genre, et se glisser dans ses tunnels de métal pour atteindre son logis, s'y terrer, et frapper. Mais pas cette fois. Cette fois, il resta à l'Extérieur de son dôme, au sommet, pour regarder d'un œil las les flots tumultueux qui avalaient tout sur son passage — ah tiens, revoilà le cadavre de la chouette qu'il avait balancé par dessus bord plus tôt — regrettant, pour une rare fois d'avoir quitté le nid.

    ( Quelle vie misérable. )
    Puis, tournant sa tête, ouvrant une aile nerveuse alors qu'il grattait ses serres de son bec. Ses yeux s'étaient fixés sur son antre.
    ( Quelle vie merveilleuse ♥ )
    Et de nouveau, borné dans son mutisme, il décida d'abandonner de nouveau sa tendre et chère Amie pour déployer ses ailes avec force, les ouvrant, toutes grandes, à l'eau qui battait les flancs de sa corniche. Là, dans un puissant battement, il souleva son lourd corps en suspension, ses yeux fixés sur quelque chose qui s'entortillait. À peine levé qu'il fonça aussitôt, filant comme une flèche. Soudain, il glatit, serres bien exhibées contre sa poitrine. Sans un regard Il s'écrasa sans grâce dans l'eau, flottant à la surface, refermant l'étau qu'était ses serres. Il flotta à la surface quelques instants, battant frénétiquement de ses ailes gondolées pour se tirer. Mais il était trop lourd, ce poisson était trop lourd. Il s'avança de quelques centimètres en flottant, puis, se remit au même manège, jusqu'à quitter l'eau. C'était qu'il se débattait, en plus! Le Balbuzard réussi à finalement se défaire de la prison qu'était l'eau pour regagner les cieux. Il glatit de nouveau, victorieux de l'immense poisson qu'il tenait en dessous de lui. Soudain, quelque chose lui barra sa route.
    - « Ah—
    Il tenta de faire un écart dans un mouvement leste de l'aile, mais ce carambolage lui en couta sa proie.
    — Ah NOON!!! »
    Il regardait, désemparé, le poisson retomber vers les abysses. Puis, s'étant stoppé pour quelques secondes, il gagna de l'altitude, vociférant des injures contre toutes ces damnées chouettes qui lui coutaient de plus en plus de repas. Tiens en voilà justement une.
    - CHOUETTE! il héla, visiblement contrarié. Il plissa les yeux en dégoût, atterrit tout près de l'importun pour le pousser d'un brusque coup d'aile. L'autre hoqueta de frayeur, pivotant sa tête pour regarder l'immense rapace lui faisant face.
    - Chouetteeeee... grogna presque le balbuzard en étirant le cou, plissa un œil, ouvrant l'autre. La chouette bredouilla des excuses. Fink n'en fit rien qu'il se fit plus grand, les deux yeux écarquillés.
    - Du balais! VLAN! glatit-il en secouant puissamment ses ailes. L'autre en frémit, se jeta dans le vide avant de glisser sur un courant, à tire-d'aile. Encore hérissé, il sentit soudain une défaillance dans le vent. Il étira sa tête vers l'arrière, portant un air ahuri à probablement un autre visiteur. Labile, il grinça:
    - MÉKESTUVEUTOI. Lui qui était normalement si calme, si posé. C'était ahurissant de le voir agir de la sorte. Terrorisé, l'autre fila à son tour. Il souffla, plus calme, songeur. Un soupir se glissa hors de ses lèvres rigides.
    ( Bon, on m'a dit que des emmerdeurs allaient venir ici pour prendre des mesures. )
    Il farfouilla dans ses plumes, nettoyant celles-ci de coups de bec et de coups de langue.
    ( J'accepte de prendre leur commande ou pas? ) Il s'étira le dos, en faisant craquer ses os, sans lâcher l'horizon du regard.
    ( Ils m'avaient quand même promis qu'elles n'auraient plus rien. Et ils font pas un bon boulot. Il font même un mauvais boulot. )
    Il haussa les épaules, résigné
    ( Bahh, j'dois m'y attendre, on parle de Chouettes, après tout. )
    À cette pensée, il ricana.
    ( Eh eh. De chouette. Des chouettes qui sont pas chouettes. Hé hé hé... ) Son visage ne changeait pas.
    ( HA HA HA HA HA HA HAAAAAHAHA HAAAA!!!... )
    Air amorphe.
    ( ...Hah. )
    Il dévia légèrement sa tête vers les flots marins, dépité.
    ( Ahhh, mon poisson... )
    Restait qu'à attendre ses enquiquineurs, maintenant. Ça ne servait à rien d'essayer d'aller capturer de nouveau son trophée. Il était déchu. Mort. Finito. No more. Pauvre petit poisson sans défense, qui sera sans doute happé par une ignoble chouette. En parlant de chouettes: De nouveau, ses yeux se fixèrent sur un groupe de silhouettes au loin, qui étrangement, semblait venir dans sa direction. À l'idée qu'il s'agisse d'eux, Fink fit la moue.
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeVen 25 Mar - 5:18

    - … un espèce d’oiseau diurne complètement dingue, un vieux grincheux. J’me souviens même pas son nom, pas qu’ça m’intéresse. Ça t’effraie? (<-- Prends-toi des notes, Flint, c’est pour tes jeux de mots ¬3¬)

    Kludd roula des yeux – façon de parler, étant donné que les globes oculaires des Tyto albas ne sont pas suffisamment mobiles pour permettre ce genre de gestes – tout en s’affairant à sa toilette post-repas, alors que non loin de lui, Casus ou Belli faut encore que je cherche s’obstinait à lui faire la conversation. Étrangement, le moyen duc s’imaginait qu’ils étaient ''bons copains'', tous les deux. Dans son esprit embrouillé par des vapeurs abrutissantes, la jeune chouette lui était redevable, puisque : « c’est moi qui t’as permis d’entrer dans les faveurs du Grand Tyto et de la reine Pure, en t’enlevant à ta famille. D’ailleurs, tu te souviens, tu m’avais planté ton bec dans la serre et je t’ai échappé, mais toi, tu ne savais pas encore voler, alors … » Le pire étant qu’en ce point, il avait raison : c’était bel et bien cette grosse brute qui lui avait ouvert les portes du succès en l’enlevant pour le compte de St-Aegolus. Mais Kludd ne se sentait pas redevable.

    - Pourquoi est-ce que j’aurais peur d’un vieil ermite? répondit-il froidement, entre le nettoyage de deux de ses longues rémiges primaires.

    - Euh, bah …

    Le disque facial du grand oiseau – qui malgré son manque de succès continuait de pratiquer ses expressions tordues sensées inspirer la terreur - se détendit et aborda un air perplexe. Il ouvrait le bec pour improviser une réponse, mais la jeune chouette lui coupa la parole en quittant son perchoir de quelques battements d’aile.

    - Bon, d’accord … Bon voyage alors … Ingrat.

    Soulagé de laisser derrière lui le rapace au plumage roux derrière lui, Kludd décrivit un large cercle au-dessus du promontoire – sur lequel il avait inconsciemment souhaité apercevoir Nyra – avant de se laisser porter par les vents en direction des cratères qui entouraient St-Aegolus. Il les survola sans s’y arrêter, et se contenta d’émettre un long sifflement; un appel aux six recrues qui devaient l’accompagner à la rencontre du forgeron qui, selon ce qu’il avait ouĩe-dire, vivait sur les falaises qui dominaient la mer d’Hoolemere de leur hauteur.
    Les six recrues s’élevèrent à sa suite et vinrent se placer en formation derrière ses ailes. Le jeune prodige ne surveilla point leur position : il savait son équipe assez débrouillarde pour se placer d’elle-même. Il se permit toutefois de tourner la tête pour jeter un regard à Nastas qui, à peine remis des blessures que Raven lui avait infligées, s’était entêté à vouloir les accompagner dans leur périple. Il se demandait si la sixième recrue ne risquait pas de les retarder de par ses blessures, qui ne s’étaient refermées que récemment, mais elle semblait plus déterminée que jamais à faire une démonstration de ce dont elle était capable. Enorgueilli par tant de volonté, Kludd prit de la hauteur et chercha à s’orienter parmi les étoiles, grâce aux informations qu’il avait accumulées en lien avec leur voyage, et en usant du peu de savoir qu’il possédait en ce qui concernait la navigation.

~ ~ ~


    Il n’avait jamais cru aux histoires racontées par Noctus, son père. Même après qu’il eut rejoint les Sangs Purs, reconnaître l’existence des gardiens de Ga’hoole, voir l’existence de l’arbre lui-même, avait été une épreuve, car son esprit conditionné par des mois de déni s’était opposé à cette idée insensée. Pourtant, il fallait avouer que même en apprenant qu’il aurait à s’aventurer non loin du territoire des gardiens, il ne s’était pas attendu à rencontrer un seul de ces derniers.

    Pourtant, lui et les six recrues furent surpris de croiser, près de deux nuits avant d’atteindre la mer d’Hoolemere, des chouettes en armure étincelante qui, selon toute logique, effectuaient des tours de gardes. Forcés de se déplacer à ras le sol et d’éviter les espaces dégagés, les envoyés de St-Aegolus virent leur progression ralentir considérablement, si bien qu’ils n’atteignirent pas les falaises avant que le soleil perce la nuit. Voler en plein soleil était, pour Kludd, une expérience toute nouvelle. Il sortait parfois avant que ce dernier ne se couche, mais il n’avait jamais eu le loisir de sentir ses rayons flatter chaleureusement les plumes de ses ailes et de son dos, en réchauffant sa peau comme si elle avait été nue. Voir en plein jour n’était pas non plus une mince affaire : ses yeux particulièrement performants pour percer les ténèbres n’enduraient qu’à contrecœur la lumineuse clarté du jour.
    Alors qu’ils atteignaient finalement la mer agitée par les remous, Kludd rompit la formation et se posa sur un menhir qui surplombait l’océan. Ses ailes entrouvertes, il ne pu s’empêcher de couver d’un regard admirateur la mer qui scintillaient plus encore que le ciel étoilé. Des pieds sous lui, les vagues venaient se briser avec un grand vacarme contre la roche. Au littoral, l’écume abondait tant qu’on aurait pu croire qu’il n’y avait qu’elle, et pas d’eau en dessous. L’envie de se jeter dans le vide et de narguer les flots en ne faisant que les effleurer du bout de ses ailes, mais il s’abstint, conscient malgré tout qu’il n’était pas seul dans ce paysage grandiose. Songeant qu’il serait temps de se ressaisir et de partir à la recherche de leur prétendu allié, Kludd tenta de s’arracher à la contemplation de l’immense étendue d’eau, lorsqu’un hoquet de surprise poussé par Makya l’encouragea à se détourner.

    - Qu’est-ce que c’est?! s’égosilla l’effraie commune, son regard fixé sur une silhouette informe qui se découpait contre la falaise.

    Certaines des recrues furent tentées de prendre de l’avant et d’aller satisfaire leur curiosité grandissante, mais ils furent rapidement rappelés à l’ordre par un chuintement désagréable à l’oreille. Aussitôt, ils effectuèrent un demi-cercle et vinrent reprendre leur formation, derrière Kludd, qui malgré tout s’était élancé dans le vide en même temps qu’eux. Ils survolèrent les vagues pour s’approcher de l’étrange structure, pour réaliser assez rapidement que les courants thermiques qui leur permettaient normalement de planer sur de longues distances semblaient très rares, au dessus de la mer. Il leur fallait battre des ailes plus fréquemment pour se maintenir en plein ciel.

    Alors qu’ils s’orientaient pour approcher de l’étrange construction, un rayon la caressa, et elle se mit à briller comme un deuxième soleil. Ses ailes en frémirent, et il dut détourner le regard pour ne pas être aveuglé. Ainsi n’eut-il pas le loisir d’admirer bien longtemps la sobre demeure de Becquerel. C’est en détournant le regard que Kludd aperçut l’oiseau diurne, perché à une certaine distance de son œuvre. Il le reconnut moins de par les courtes descriptions qu’il en avait reçues que grâce à son nid de matière artificielle, que certains témoins s’étaient plus à tenter de lui décrire.

    Le groupe effectua une ultime manœuvre aérienne afin de reprendre de la hauteur et de se diriger vers celui qu’on surnommait Fink, par ci, par là... Arrivé à bonne distance, Kludd laissa l’air s’échapper de sous ses ailes et, avec le plus grand silence – commun à son espèce – il rejoignit le sol et se posa droit devant l’aigle pêcheur, à quelques pas seulement de ce dernier. S’il ne s’était pas attendu à trouver devant lui un esclave affaibli par son asservissement – car on l’avait averti que le rapace ne semblait pas vouloir se soumettre à sa propre impureté – il n’aurait pas non plus cru trouver un être aussi ouvertement insubordonné, et il se demanda vaguement où le grand rapace pouvait bien trouver son intérêt dans le fait de les servir, étant donné le regard désappointé duquel il les couvait.
    Becquerel faisait au moins le double de sa propre taille, mais Kludd ne perdit pas la face devant cette différence de poids : tous à St-Aegolus savaient par expérience que la taille, qu’elle soit grande ou non, n’avantageait qu’une fois bien utilisée.
    La jeune effraie se redressa devant le forgeron et le toisa d’un regard froid.

    - Nous n’avons pas de temps à perdre ici. Que faut-il faire?»


[Well, il est 1: 05 du mat' et j'ai encore 2 devoirs à faire, alors bon .. je corrigerai les fautes un autre tantôt @_@]


Dernière édition par Kludd le Sam 2 Avr - 2:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeJeu 31 Mar - 3:54

[ Ça chiiie, j'attends L'corblanc ou je rep? @w@; ]
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeJeu 31 Mar - 9:13

[Si c'est de moi que tu parles, tu peux rep... Pas d'inspi' et puis, j'ai plus le temps. Désolée >< Considérez Raven comme un PNJ]
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeVen 1 Avr - 3:22



[ S'alright sugar-plum, au moins tu me préviens <3]

    Se joint à l'escouade d'emplumés un ou deux autres salopards. Fink redoutait devoir leur adresser la parole. Non, il n'avait pas peur des chouettes — quelle idée saugrenue, haha!... — mais il ne les aimait pas non plus. Voire même, une aversion quant à leur espèce. Fink flanqua son regard noir dans celui en tête de l'escadron, qui semblait lui porter le même regard. Sûrement le chef, songea avec grande désinvolture le rapace qui ne le quittait plus des yeux. Désinvolture, ou dédain, car ce fanfaron eût l'outrecuidance d'atterrir tout juste à ses griffes, l'observant comme s'il eut été plus petit que lui. Mais voilà, Fink devait doubler sa taille, sinon plus.

    - « Nous n’avons pas de temps à perdre ici. Que faut-il faire? »

    Fink ne le lâcha pas des yeux. Il l'observait d'une aversion prononcée. Mais derrière ses yeux, son esprit analytique étincela
    ( Petit, pas robuste. Un seul coup et je lui brise l'aile. Il sait bien voler, mais il a aucune prestance, un corps trop rond, trop choyé. Des serres pauvres comme le reste de son équipage. Mais une tête solide. Un esprit intelligent et difficilement manipulable. Oui, c'est lui le manipulateur, lui même pierrot dansant aux mains d'une autre entité, entité plus grande qu'il vénère. Il y a de la présence dans ses yeux. Pas trop, mais il montre qu'il n'a pas peur. Froid, pas aimable, pas affable, même pas beau ou joli. Quant à ses recrues... )
    Il jeta un œil distrait sur chacune d'elles, toutes attisant le mépris dans ses yeux de feu.
    ( Des drones sans vie, qui n'ont sans doute même pas le don de penser. Des êtres qui ne méritent pas d'être à côté de lui: Des êtres qui creusent une distance. Revenons au chef: Une aura de fierté, mais une aura d'imprudence. )
    Analyse faite:
    ( En somme, un idiot. ) Quelques instants après avoir suivies les paroles de Kludd, le monstre se prononça:
    -
    Repas¹. »
    il tonna, levant sa tête plus haut pour l'observer de ses minuscules pupilles. Il ne prêtait aucune attention sur les autres, dévisageant simplement le chef d'escouade comme s'il n'eut jamais existé: Comme s'il n'était même pas là, comme s'il regardait derrière lui, au delà même de la chair et des os. Comme s'il perçait à jour son âme. Car mis à part l'âme et le métal, il n'y avait rien d'autre. Oh, si, les blagues de mauvais goût, c'est vrai! Fink demeura un instant immobile, ignorant la chouette névrosée à l'arrière qui ne cessait de piailler. Elle semblait en détresse, semblait vouloir revenir sur sa décision. Semblait vouloir déguerpir. Une brimade stria son bec.
    - « Hmph. Il gonfla son diaphragme d'air, sentant ses plumes danser sous une légère brise qui lui ramena l'odeur acariâtre de son laboratoire.
    _________________________________________
    ¹ Il s'agit d'un jeu d'assonance. Fink dit à la fois « Repos » et « Repas ».
    _________________________________________
    Puis, sans un mot de plus il déploya ses ailes dans une nuée de plumes, dans un froissement entendu. Son dos normalement voûté, son air rêche se troqua pour un air éveillé, allumé. Il ne les regardait plus. Il démontra toute sa force en donnant un puissant coup d'ailes, fendant l'air de ses plumes, se soulevant sur plusieurs mètres. Puis, se maintenant sur place, il les toisa tous, d'un œil absent.

    - Tentez de suivre. »
    ( Survivre, je voulais dire survivre. Raté. )

    Sur ce, il disparut de leur champ de vision sur quelques battements d'ailes. Il ne pouvait pas passer par la forêt de métal pour atteindre son atelier: l'ouverture du dôme serait plus accessible pour des débutantes comme ces chouettes. Il fallait donc qu'il leur ouvre le passage. Jugeant être assez haut, il pivota sur lui-même d'un mouvement de l'épaule, fixant le trou du dôme sur ses yeux, et se laissa tomber. Fink plaqua ses ailes contre son corps, filant sans ménagement par la mince ouverture qui vola en éclats: Lorsqu'il traversa la pièce, la poussière de l'impact retomba à ses côtés, le laissant se réceptionner dans toute la grâce et l'élégance d'un maître forgeron.

    Aussitôt atterri, il n'attendit même pas les recrues, pour tout du suite jeter un œil sur son matériel. Volèrent ainsi par douzaines des cuirasses, des casques, des armures et autres débris du genre, de même que des profanations dans une autre langue, des cris, des blasphèmes et des stridulations mécontentes. Enfin, une exclamation positive tonna dans tout son atelier.
    « AH », « », «
    Va'undespiou » !
    Il sortit victorieux une longue tige de bois graduée, malléable, ainsi qu'une feuille rigide. C'est là qu'il écrirait les mesures. Et les noms. Ah, ouais, les noms. Ils en avaient, ou alors il devrait inscrire leur matricule?

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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeSam 2 Avr - 3:13

    Devant le regard perçant du rapace diurne qui le toisait de bas en haut, Kludd réalisa à quel point St-Aegolus lui avait mené la vie douce. Autrefois, il ne se serait pas senti rabaissé par un simple regard … puisqu’il s’imaginait en recevoir tous les jours. Le respect qu’on lui accordait à présent, au cœur de l’orphelinat, avait eu raison de son imperméabilité. Il allait devoir s’y remettre … Et le moment semblait bien choisi. À l’idée que le grand rapace puisse percevoir son trouble, le jeune Tyto se décida à récupérer de sa superbe et répondit en se permettant la même familiarité que Fink : celle de le détailler dans les moindres détails, non pas sans une certaine curiosité volontaire.
    C’était la première fois qu’il rencontrait un aigle. Les oiseaux nocturnes et diurnes avaient beau se partager le ciel, ils ne se connaissaient que peu les uns, les autres. Bien souvent, faucon et hibou se partageaient la même clairière, sans même s’être jamais adressés la parole, ne se souciant de l’autre que pour s’assurer qu’on ne risquait pas de devenir son dîner.
    Le plumage de l’immense oiseau était joliment coloré, mais le soleil l’avait considérablement tanné. Il n’avait pas la brillance de celui des oiseaux de nuits. Son corps massif manquait de grâce, à priori du moins : Kludd comprendrait plus tard que les immenses ailes repliées du rapace lui donnaient l’air plus enrobé qu’il ne l’était vraiment.

    Il en était encore à se questionner sur la proéminente présence de son bec au cœur de son faciès, lorsque le forgeron faillit le désarçonner de par sa réponse.

    Pour un peu, il aurait bégayé une question incohérente. Son orgueil et les recrues dans son dos le retinrent toutefois, mais son regard ne manqua pas de marquer son étonnement. Qu’est-ce que ce grand idiot cherchait donc à faire? Sa réponse – qui n’était même pas un vrai mot – sonnait comme un délire de vieil ermite sénile, et Kludd se remémora vaguement l’avertissement de Casus. Un oiseau diurne complètement dingue … Triste était de constater que le Moyen Duc semblait avoir raison. Cela dit, Fink se redressa devant lui, et gagna pratiquement une tête de plus, si bien qu’il dut baisser le regard pour pouvoir maintenir celui de son interlocuteur. Effarouché par cet affront, le jeune oiseau sentit ses plumes se gonfler légèrement, et il se redressa lui-même de toute sa modeste hauteur. Alors, Becquerel dévoila toute l’étendue de ses ailes et, avec une puissance brute, s’arracha à la falaise en les mettant au défi de le suivre. Dans un moment d’excitation, Kludd oublia les recrues qui devaient attendre ses ordres. Pris du désavantage de devoir faire demi-tour pour se lancer à la poursuite du rapace, le jeune Sang Pur s’arracha au sol à la force de ses pattes, avant de battre vigoureusement des ailes pour s’élever et s’empêtrer dans la force de l’air qui, au sommet de la falaise, s’opposait de par l’impact des courants créés par les vagues et du vent terrestre. Il sentit ce dernier se faufiler entre les plumes de ses ailes et, aussitôt, il utilisa ses rectrices comme gouvernail pour pivoter en plein ciel et chevaucher les vents. Il survola ainsi ses camarades et s’élança à la poursuite de Fink. Il fut d’abord tenté d’user de la vitesse que lui procurait sa petite taille pour épauler le grand rapace, mais en s’approchant de l’oiseau, il comprit qu’il sortirait gagnant en gardant ses distances : en brassant l’air de ses battoirs, Becquerel provoquait de véritables secousses qui rendraient le vol caboteur à quiconque tenterait de l’approcher imprudemment.

    Kludd usa donc de sa patience en gardant une distance sécuritaire entre lui et le forgeron. Lorsque ce dernier plongea, Kludd put ainsi bénéficier d’un temps de réaction de quelques secondes, qui lui suffit pour se décider à plonger à son tour. Chose qu’il n’aurait probablement pas faite s’il n’avait pas justement pu profiter de ces quelques secondes pour se convaincre de le faire …
    Alors que la poussière se soulevait autour de Fink, Kludd voulut orienter sa chute... mais il se rendit bien compte que ça ne serait pas possible. Pour cela, il aurait fallu que ses yeux soient insensibles aux reflets du soleil sur les structures métalliques du laboratoire de Fink. En un temps très limité, Kludd se retrouva soudainement en chute libre, réduit à fermer les yeux pour ne pas être aveuglé plus que nécessaire par les violents reflets. S’en fut trop pour qu’il puisse garder son calme, et il ne tarda pas à étendre ses ailes pour ralentir sa chute. Ses rémiges primaires se heurtèrent en silence aux rebords du dôme, par lequel il entra sans même le voir. Il atterrit alors non loin derrière le forgeron, un peu sonné par un contact plutôt brutal avec le sol et par ce moment d’égarement à présent passé. Ses ailes toujours à demi-ouverte, Kludd fit un pas dans le laboratoire, tout en parcourant ce dernier d’un regard franchement impressionné.

    Derrière lui, l’une des recrues, plutôt que de poursuivre son chemin, changea de direction au moment même ou elle s’apprêtait à entrer dans le dôme. Ce faisant, elle désorganisa le reste du groupe, et tous durent reprendre de la hauteur pour retenter la manœuvre. Seul Howakhan, que les habiletés en vol n’étaient plus à prouver, parvint à maintenir le cap. Il rejoignit Kludd au fond du laboratoire.

    Le jeune Tyto parcourait toujours le laboratoire avec une curiosité non feinte, lorsque l’exclamation de victoire de Fink ramena son attention sur ce dernier. Il s’approcha alors de quelques pas, dardant son regard sur les outils desquels s’était emparé le grand oiseau : deux objets qui, au moins, lui étaient plus familiers que le reste.


[Euh, oui, bon ... C'est mauvais, alors je modifierai peut-être plus tard, mais l'idée est là ...]
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeDim 3 Avr - 0:52

    Fink traversa furtivement la pièce d'un bout à l'autre d'un battement d'ailes, rejoignant le trépied sur lequel il glissa l'amas de feuilles, les aligna à l'aide d'un outil, et les renforça à l'aide d'un autre. Il déposa sa longue tige sur le côté, rentra sa tête dans le cou, et, d'une grande délicatesse, plongea dans ses plumes pour y chercher une rémige primaire, une longue plume, et l'extirper doucement. Ses yeux se plissèrent.

    - Mince. À court d'encre. il remarqua à voix haute, déposant sa plume dans un récipient prévu à cet effet. Les siennes en frémirent. Les nerfs à fleur de peau, il se retourna pour jeter un œil sur les recrues et où étaient-t-elles. Il ne put s'empêcher de ficher directement son regard sur le chef de l'escouade. Cet air. Fink — non, Becquerel parut un moment perplexe de voir cette chouette tituber autour de ses chéries. Qui s'intéresserait au métier de forgeron? Ceux qui caressaient le métal étaient tous fourbes, des idiots, mais ils étaient autant fous que nécessaires: Ne se servait-t-on pas de leurs armes en allant en guerre? Les yeux du rapaces se plissèrent légèrement, alors que son cou s'était étiré, curieux, en direction de Kludd. Becquerel demeura mélancolique, toujours attentif à cet éclat admiratif qui brillait non seulement dans les yeux du chef de l'escadron, mais bientôt, il cilla aussi dans ceux des autres qui venaient d'arriver en catastrophe. Ce même éclat y brillait. Ils exploraient. Il s'émeut de les voir apprécier ce qu'il adorait, l'espace d'un moment, alors que la forteresse de ses émotions céda pour un soupçon de vanité, ou de fraternité.

    Il s'enorgueillit pourtant à la suite, hérissant ses plumes hirsutes sur le sommet de sa tête. Sa voix tonna alors, à l'égard du chef.
    - Je touille pas de houille, il huit, grave ( même si on notait toutefois un éclat de jeunesse dans sa voix ), mais je crois que ça vous intéresse, c'que je fais. Il s'était approché lentement, l'observant d'un œil sévère, mais éveillé. Il n'avait plus cet air absent ou amorphe. Puis, il s'éloigna de nouveau, silencieusement cette fois, pour atterrir sur la meule d'argile. Il la retira soudain pour y laisser découvrir le charbon de bois. Puis, de nouveau, il plana tout au fond du laboratoire pour claudiquer en direction de cette fois un four immense, où il y jeta un ou deux morceau de fusain. Il atterrit sur le soufflet, crispant les muscles de ses tarses pour porter tout le poids sur l'objet, qui souffla un vent puissant, qui créa une étincelle, allumant un petit feu. Le laboratoire fut allumé d'une ambiance en clair obscur alors que le rapace se tournait vers chacune des têtes inconnues, ouvrant grandes ses ailes pour maintenir son équilibre sur le soufflet, et ouvrir le bec:

    - Bon! J'aurais essayé de faire court, je ne m'attendais pas à voir autant de clients.
    Il replia ses ailes contre son corps, voûtant son dos. Puis, sans crier gare, se jeta en bas du soufflet pour atterrir sur la pierre, claudicant vers le livre. Il tenait dans ses serres un morceau de fusain. Tant pis pour l'encre, il devra se contenter de ceci.
    - La ferronnerie est un métier méticuleux. Il fit volte-face pour les toiser de son regard noir. Mais ce n'était pas de l'animosité. C'était différent. Comme un père regarde ses enfants lorsqu'il leur fait la leçon.
    - Là n'est pas seulement principe de cogner le métal et de façonner. C'est un art raffiné unique en son genre... et chaque client est unique.
    Il avait fermé ses yeux.
    - Vos noms, vos formes, vos mesures, vos ailes, l'envergure, jusqu'aux moindres de vos plumes,... vos habiletés. Tous diffèrent. Je ne peux pas faire une armure de type lourde pour un adepte de la vitesse, par exemple, ni ne peut créer un casque protecteur à vision moindre pour un chasseur. C'était presque phénoménal de le voir parler autant. Lui qui n'avait pipé mot depuis le début, et dans un commun sans défauts...
    - Commençons par les noms. Vos noms, pour être plus précis.
    Et il se retourna en pivotant sur sa serre, face à son livre grand ouvert, son registre sur lequel il écrira chaque nom évoqué. Il fit bien sûr de noter son nom. Lentement, sa serre décrivit un circuit comme apprit par cœur, alors que la feuille se tacha du nom redouté, de ce patronyme grotesque. Un nom illisible, dans une écriture cursive, qui semblait sortir tout droit d'un autre monde. Réellement, le balbuzard avait simplement écrit " Becquerel ", mais les caractères empruntés... Avaient plutôt l'air de former le nom de " Fink ".


Dernière édition par Fink le Mar 12 Juil - 21:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeLun 4 Avr - 1:02

    Incertain, inconfortable dans cet environnement inconnu par lequel il avait dû entrer à ses risques et périls, Kludd gardait ses ailes entre ouvertes tout en s’accoutumant au paysage. Ses serres aiguisées crissaient distraitement sur le sol alors qu’il osait quelques pas prudents en direction de Fink, lequel s’affairait à fouiller son plumage à la recherche … d’une plume. Le jeune Tyto le regarda arracher l’une de ses rémiges primaires avec effarement. Dire qu’on lui avait appris tout jeune que ces plumes-là étaient d’une importance capitale, et qu’il ne fallait surtout pas les gaspiller..
    L’oiseau pêcheur grogna, sembla se tendre un moment, puis se retourna dans sa direction. La poussière était bien retombée, mais pour un bref moment seulement, car les chouettes qui étaient demeurées à l’extérieur entrèrent à leur tour, les unes après les autres. Le deuxième essai fut le bon pour chacun d’entre eux, qui arrivèrent à se poser sans trop de mal, malgré l’aveuglement duquel ils avaient certainement été utiles. Kludd ne leur lança pas le moindre regard, trop occupé à soutenir celui du grand aigle. Le jeune Tyto s’était arraché à la contemplation des lieux pour s’apercevoir que Fink l’observait, et il tenait à rattraper son moment d’égarement en couvrant le forgeron d’un air hautain, qu’il aurait voulu infranchissable … Devant lui, l’oiseau se hérissa, et sa voix rauque ( .. Or else, if dat is ) fendit le silence qui était à présent retombé dans l’atelier.

    Le ton n’était plus le même que précédemment : il était plus vivant, mais aussi plus aimable, sans l’être pour autant. D’ailleurs, l’attitude de l’oiseau en elle-même avait semblé subir cette métamorphose, et Kludd se demanda vaguement à quoi pouvait bien être dû ce changement d’humeur. Becquerel avait semblé bien ennuyé de les voir arriver …
    L’expression du forgeron ne se marqua point dans sa mémoire, puisqu’il n’en comprit pas le sens, mais le reste de la phrase fut assez compréhensible pour que le jeune Sang Pur comprenne qu’il s’était trahi de par ses regards admiratifs. Il voulut répondre, mais les mots lui manquèrent, et il ne se sentait point l’esprit de répondre autrement que par un : « Heh, oui .. » qui, à son sens, aurait donné l’air de sortir du bec d’un abruti.
    Il marcha donc sur son orgueil et se contenta de hocher discrètement de la tête. Oui, ce que faisait l’oiseau diurne l’intéressait, et pour cause : les forgerons étaient une espèce inconnu, par le coin de St-Aegolus.

    Encore une fois, l’immense oiseau s’arracha au sol de son laboratoire pour s’affairer à ses occupations. Le jeune Tyto le laissa faire, attendant presque sagement qu’on s’occupe de lui et du reste des recrues. Enfin, Becquerel leur accorda son entière attention. Kludd fut étonné de le découvrir aussi loquace, mais il garda le silence alors que l’oiseau semblait vouloir leur enseigner quelques notions du métier – et il trouva le tout très logique et de grand intérêt. Pas un instant il ne quitta le rapace du regard, donnant parfois l’impression de boire ses paroles, parfois l’impression d’écouter, tout simplement. Enfin, Fink leur demanda leurs noms respectifs, et Kludd s’étonna de cela. Allez savoir pourquoi, il ne s’était pas attendu à ce qu’on le lui demande. Peut-être tout simplement parce que personne ne posait cette question, à St-Aegolus.

    - Kludd. »

    Alors que les autres se présentaient à leur tour – Howhakan, Ciqala, Abhi, Nastas, Raven et Makya – il se surprit lui-même à se demander, pour la toute première fois de sa vie, s’il ne serait pas préférable de retourner la question. Il n’en fit rien.
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeLun 4 Avr - 2:08

    L'un après l'autre, Fink inscrivit les noms respectifs de chacun dans une colonne différente. Il détailla sous quelques traits une esquisse de chacun quant à leur gabarit, dénotait déjà la différence et la longueur des ailes, et observait même les différentes plumes, et ce, sans même les avoir regardées de près. Ainsi se traça le nom de Ciqala, celui d'Abhi, de Kludd, passant furtivement par Nastas, Raven, une ribambelle vers Makya, et enfin, Howhakan. Le forgeron tourna la page dans un froissement entendu, reprenant son écriture. Il se pencha un peu plus vers l'avant pour affiner sa posture. Enfin, sur un ronflement entendu, il stria une page d'un vif trait, se rengorgeant d'un sourire, bombant le torse, admirant ses notes et observations.

    Ceci fait, il signa de nouveau son nom au bas de la page: Il fallait se rappeler que dans sa condition d'impur, il n'avait pas le droit à un cachet. ... Ce qui était bien dommage d'ailleurs. Paperasse faite, Le rapace quitta son promontoire ( car le trépied de ses feuilles était situé sur une dénivellation du terrain. ) pour glisser en direction des recrues, les surplombant de toute sa hauteur. Il les observait d'un œil critique, remuant les ailes, les poussant dans des groupes différents, créant en tout trois de ceux-ci.

    Howhakan fut donc poussé contre Ciqala, Nastas rebondit sur Kludd et Abhi, et Makya dans un groupe seul. Fink les observa un à un, avant de se reculer, plisser les yeux, retourner sa tête sous tous les côtés, et enfin, se reculer et sourire en triomphe. Il les avait ainsi triés pour pouvoir les différencier quant à leur poids, ce qui aurait une grande influence sur le métal utilisé, la masse des armes et de l'Armure, et enfin, leur forme. Becquerel huit de nouveau:

    - « Ici, catégorie poids plume. Vos armes fendront le vent, le métal sera très mince puisque vous me semblez fragile, mais la protection sera plus grande quant aux points vitaux. On mise tout sur la vitesse. désignant le premier groupe. Puis, bifurquant vers Kludd, Nastas, Raven et Abhi, il reprit.
    - Plus lourd, taille normale. Assez résistant, mais dans le but d'attaquer. Groupe offensif.
    Puis, Bec' loucha sur Makya, haussant un sourcil, l'air ennuyé.
    - Ensuite on a la catégorie... Inutaile. » ( jeu de mot sur « inutile » et « ailes » ) Il tonna, sans sourire. Ses yeux s'étaient froncés, et son corps semblait prendre plus de présence. Il semblait animé d'une flamme, écho à celle qui crépitait non loin. « Armure concave avec des trous pour la rendre plus légère et éviter de mettre trop de poids sur les ailes. Quant aux armes, on mise sabres: des armes idéales pour un type qui sera capable de se retourner facilement sur lui-même, et qui aura plus de maniabilité lors des piqués. »

    Becquerel se replia ensuite sur lui même, portant une serre à son bec, sérieux.
    - « Howhakan, Ciqala. Il déploya avec violence une de ses ailes pour exhiber la meule de charbon. Derrière, il y avait un bain d'argile.
    - Là, trempez votre tête et vos serres, c'est ce que j'utiliserai pour former les casques. »
    Puis, relevant la tête, lâchant un piaillement par dessus son épaule.
    - « Kludd. »
    Il se retourna, lui portant un air aussi sérieux qu'aux deux autres.
    - « En tant que chef, tu aimerais choisir le style d'armurerie? Un mince sourire sembla prendre place au cœur de son faciès.
    - Histoire de vous rendre uniques.
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeDim 10 Avr - 2:48

    Perplexes quant à ce qu’il importait de faire dans la situation au coeur de laquelle ils se trouvaient – il faut se rappeler que si leur entraînement militaire était strict, leurs capacités sociales, elles, étaient très limitées – les recrues ne prenaient pas d’initiative et attendaient, regard en coin, que les commandements viennent. Kludd ne faisait pas exception.

    Lorsque l’oiseau pêcheur s’arracha à son perchoir pour venir les rejoindre, certains eurent un frisson-réflexe qui les poussa à entrouvrir les ailes et à pencher le corps en position défensive, mais ils se ressaisirent tous rapidement. Ou plutôt, ils n’eurent pas le choix de se redresser, car autrement les bousculades de Fink auraient eut tôt fait de les déséquilibrer. Howakhan fut le premier à être écarté par le rapace, et il ne manifesta pas le moindre mécontentement. Il se plu même à s’écarter seul du chemin de Becquerel pour rejoindre Ciqala. Nastas, par contre, se braqua : lorsque l’aile du forgeron le repoussa, il vacilla sur ses serres. « H-Hey! »Ce faisant, il trébucha légèrement et heurta Kludd au flanc. Ce dernier étendit son aile pour repousser son camarade à contresens, afin d’éviter de se faire bousculer à son tour. Raven subit relativement le même sort et vint les rejoindre, ainsi que le harfang des neiges, alors que Makya demeurait seul. Lorsque Fink voulut l’écarter des autres, sa première réaction fut de s’écarter de son chemin et de chercher à se faufiler sous son aile pour rejoindre ses amis. Il se reprit toutefois et, plutôt que de fuir ou de se soumettre, gonfla ses plumes et chuinta bruyamment à l’égard du balbuzard.

    « ‘pas la peine de pousser, suis pas complètement idiot! »

    Il se hérissa devant l’ignorance de Fink, mais Kludd lui fit signe de laisser couler, et il consentit à se calmer en balayant le laboratoire d’un regard beaucoup plus terne et indifférent qu’auparavant. Le grand oiseau commença à leur décrire brièvement l’idée qu’il s’était fait du travail à venir quant à leurs armures respectives. Tous écoutèrent, l’air satisfait de ce qu’ils entendaient. Tous sauf Makya, qui, de nouveau, tiqua aux paroles de Fink et s’emporta.

    « Inutaile?! Qu’est-ce que ça … »

    Réalisant que son interlocuteur continuait sur sa lancée sans s’occuper de lui, il coupa net et laissa entendre un grommellement injurieux (Par les ailes de Glaucis!).
    Les recrues de l’armée de Bec d’Acier furent toutes sensiblement surprises de s’entendre appeler par leurs véritables noms. Allez savoir pourquoi, chacun s’était attendu à ce que Fink les interpelle sous le titre de : « Toi, et toi là!». Nul n’en fut vexé, et les deux premiers appelés à agir le firent de bon cœur, fiers de montrer leur bonne volonté de servir à leur cause.

    Kludd fut le suivant, et il rejoignit Fink en quelques pas lorsque ce dernier lui proposa de choisir l’armurerie. Son imagination s’éveilla un instant, et il se permit de penser à l’apparence que pourrait avoir l’équipement de son équipe, mais la réalité le ramena sur terre alors même que Fink précisait que cela les rendrait uniques.
    Uniques. Comme un enfant discipliné au bâton, Kludd renonça alors que l’image de Nyra se matérialisait dans son esprit. Les Sangs Purs avaient déjà leur propre armurerie, et il savait très bien que des armures individualisées soulèveraient la désapprobation de ses supérieurs. Il répondit donc à contrecœur, et d’un ton qui trahit un moment sa déception :

    « Le style d’armurerie doit être le même que d’habitude. Celui des Sangs Purs. »
    Pendant un instant, il se demanda pourquoi il lui était si décevant de s’imaginer revêtant l’emblème de Bec d’Acier. Normalement, il en aurait été plus qu’honoré.

    Il réalisa finalement que la chose ne le décevait pas tant que cela. Elle était tout simplement moins alléchante.. comparée à la possibilité de combattre en affichant son propre emblême.
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeDim 10 Avr - 3:55

    - « En tant que chef, tu aimerais choisir le style d'armurerie? Histoire de vous rendre uniques.
    Ce que Kludd lui répondit le navra.
    - Le style d’armurerie doit être le même que d’habitude. Celui des Sangs Purs. »

    Becquerel le regardait, dubitatif. Le style des Sangs Purs? Mais il était fada ce type ou quoi? Une certaine amertume prit place dans sa voix et dans ses yeux, alors que le balbuzard haussa simplement ses deux épaules, résigné.

    - « Je vois qu'on cherche dans la mauvaise qualité. Maiiis, qui suis-je pour contredire un pur, après tout, hein? »
    Il lança à la cantonade, les yeux froncés. Puis, il se dirigea lentement vers le mur qui tenait tout ses modèles. Il ouvrit l'aile, replia ses plumes contre celle-ci comme s'il eut désormais un doigt. Il glissa ce doigt sur le métal, creusa les sillons du bout de son appendice et repoussa certains d'entre eux.

    - « Voyons-voyons... Conformistes, conformistes, conformistes... mékeskejéfoutuavekeu. » Sa calotte de plume se hérissa de nouveau alors qu'il glissa son cou furtivement entre les autres armures. Ainsi il esquiva de justesse un modèle de serre en construction, un Casqu'Araignée rouillé et un Renarmure qui tomba sur le côté. Se leva alors une cacophonie presque mélodieuse d'objets qui s'entrechoquaient entre eux. Enfin, Fink ouvrit son bec pour s'exclamer, victorieux. Il en tira alors un vieux casque décrépi qu'il jeta en arrière sans ménagement. Le casque glissa en direction de Kludd, alors qu'émergea de l'attirail d'acier un Fink poussiéreux à la tête ahurie. Il regagna sa position auprès du chef, posant sa serre sur le casque dérisoire pour les y agripper par les trous, et enfin, l'apporta tout juste sous ses yeux experts. Ses yeux semblaient éteints. Amorphes. Il haïssait ce qu'il tenait entre ses serres, pour la simple raison que ce n'était pas sa création. Elle venait d'un vieux forgeron rabougri ( ensomme, une chouette ), qui lui avait donnée pour lui servir de modèle.
    ( Autant dire le pire modèle.) songea sobrement le balbuzard en haussant ses deux sourcils, las.

    - « Crâne de Corbeau. Bec amovible.
    Il l'observait sous toutes ses coutures, se pliant de plus en plus, alors que ses plumes se hérissaient. Sa voix se mua ainsi du connaisseur puis se bouscula vers la colère pure. Métal flasque, mal frappé, consistance-aucune-défenses-pauvres-offenses-même-chose-force-zéro-trop-lourd— ARGGH! Blasphème! et dans cet élan de furie, il envoya valdinguer le casque à l'autre bout de la pièce. Mais il n'allait pas en rester là.

    Brusquement, il ouvrit ses ailes qu'il battit fortement, non pour s'envoler, mais pour balayer jusqu'à la moindre poussière ce que cette armure avait laissée sur lui.
    - Disgrâce! » il glatit, strident.
    Puis, il quitta le sol dans un vol soudain, se jetant sur le casque pour le tordre dans un crissement effroyable. Il zébra le métal de ses serres, déchirant les signes ou les emblèmes incrustées, ou écorchant facilement les morceaux mal soudés. Ceci fait, il l'envoya de nouveau dans les airs, et fonça dessus en s'arrachant du sol. Là, il mit de nouveau tout son poids dans ses tarses pour le lancer dans le four. Il ne regagna pas le plancher des vaches tout de suite: Il piqua au contraire vers le soufflet pour attiser les flammes, qui au lieu de crépiter innocemment, se levèrent avec hâte, deux colonnes de feu rougeoyantes. Il observait sans regard le métal qui fondait et qui se déversait dans le récipient prévu à cet effet.

    Becquerel souffla fortement, massant ses tempes de ses plumes. Sans regarder les autres, il leur ordonna sur une voix brisée:

    « Abhi, Nastas, Raven, c'est votre tour de vous amuser dans le bain d'argile. »
    Il regardait amèrement le feu, non sans un œil présomptueux, tandis que le métal redouté suintait de partout, se repliant sur lui même, comme un animal effrayé qui se tassait lors d'un danger. Et ce danger, c'était Fink. Il lui cru même entendre le gémissement effaré de cette même bête, relents odieux qui s'échappa du four. Le forgeron fixait son regard sur le feu, accroupi, le dos voûté, sans bouger.


Dernière édition par Fink le Mar 12 Juil - 21:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeJeu 28 Avr - 2:19

    Le regard que lui adressa Fink le transperça comme une lance et le fit frémir. De gêne? De honte? De colère? Probablement un peu de tout ça à la fois. Le désaccord du forgeron l’embarrassait, comme s’il avait souhaité lui plaire. Sa propre servitude le rabaissait, du moins, sous le regard du féroce rapace. Mais surtout, le mépris de ce dernier le hérissait : car enfin, qui était-il pour le juger, lui qui ne faisait que son devoir, que ce qu’on lui avait confié?
    L’aigle pêcheur le sermonna sous forme de sarcasme, il le railla avec dédain, et Kludd comprit qu’il avait perdu le peu d’estime qu’il avait pu lui inspirer jusqu’à présent. Un pincement aigu au creux de son poitrail le mit encore plus mal à l’aise, et surtout, de mauvaise humeur. Lentement, ses plumes se gonflèrent, ses pupilles s’élargirent, emplirent ses yeux, en cachant l’ambre. Il toisa méchamment Fink alors que ce dernier s’agitait et tempêtait au sujet du casque désigné, celui qu’il devrait fabriquer pour toutes les chouettes présentes. Le jeune Tyto l’observa en silence pendant un moment, il l’observa alors que l’aigle s’énervait dans le vide, se fâchait sans viser personne, sinon le casque lui-même. Il se demanda vaguement pourquoi l’oiseau ne se contentait pas de défouler sa colère sur eux : après tout, il ne devait allégeance à personne … La réflexion de Kludd l’avait menée à cette conclusion incorrecte, car c’était fait sans considérer la passion fanatique de Fink pour son précieux travail – pour son art. Aussi se fourvoyait-il sur les raisons de sa colère. Et, ce faisant, il attisa la sienne.

    Alors que Fink s’acharnait sur le casque qui devait lui servir de modèle, la jeune chouette se racla la gorge et finit par lancer, d’un ton qui avait retrouvé de sa superbe :

    « On ne te demande pas de te donner en spectacle, mais de nous fabriquer des armures. »

    Sa voix faisait tache parmi les plaintes aigues et criardes du métal malmené par les serres puissantes et parmi le silence des autres recrues, toutes plus ou moins impressionnées.

    « Cette rencontre est aussi pénible pour toi que pour nous, alors plus vite tu achèveras de prendre nos mesures, et plus vite nous partirons. »

    C’était faux, Kludd était fasciné par le forgeron. Mais jamais il n’avouerait son intérêt pour un individu qui ne lui rendrait que du mépris, du désintérêt. Il ne commettrait plus jamais cette erreur. Sa tirade terminée, il quitta son perchoir et rejoignit Nastas, Raven et Abhi près du bain d’argile. C’est non pas sans dégoût, mais à tout le moins sans faillir, qu’il déposa, dans la matière épaisse et malodorante, la forme de son faciès.
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeMar 12 Juil - 21:57

    C'est sur cet œil torve qu'il regardait le casque s'alléger. Il le regardait prendre sa forme. Quelques instants et il le repêcherait. C'est alors qu'une voix insolente fit irruption dans son mutisme:

    « On ne te demande pas de te donner en spectacle, mais de nous fabriquer des armures. »
    Le balbuzard écarquilla les yeux. Non par surprise. Mais par... dégoût. Il osa dévier légèrement sa tête vers l'arrière pour écouter la petite chouette, malgré les crissements et la cacophonie mélodieuse du métal qui envahissait l'air ambiant.
    « Cette rencontre est aussi pénible pour toi que pour nous, alors plus vite tu achèveras de prendre nos mesures, et plus vite nous partirons. »
    ( ... )
    Un silence. Cette fois, au lieu de l'ignorer, Fink se retourna vers le petit chef, pour le regarder d'un air bien éveillé.
    - Mé dé ké j'me mêles, le mousse? il tonna, plus grave. Ouvrant grandes ses ailes, il se laissa tomber du soufflet pour s'arrêter sur le bain d'argile, où il toisa Kludd.
    - T'y connais peut-être quelque chose en ferronnerie? Naw, t'y connais rion.
    Et c'est là qu'il leva sa serre, comme s'il allait donner un coup: au contraire, celle-ci se glissa simplement vers de lourdes pinces qui pendouillaient au dessus d'eux. Il les saisit pour se mettre à boiter vers le four où il prit le casque-corbeau, le leva délicatement, pour le tremper ensuite dans un bassin d'eau, tout juste à côté. Le contact chaud-froid créa une forte vapeur: l'eau se mit même à bouillir. Fink continuait.
    - Tu sais pas comment alléger le métal et comment le tailler, peut-être même qu'un casque a besoin d'être troué avant d'être rempli. Tu sais pas qu'un coup de serre peut servir à renforcer le métal, et tu sais surtout pas que le faire cuire quelques minutes avant de le laisser baigner dans l'eau le rend malléable. Tu sais pas que l'Argile est un constituant important. Tu sais pas que je dois tester les armures avec mes propr' serres pour voir si elles sont résistantes. T' sais rien de ça. Pire: tu t'en fous.
    Puis, son expression se troqua. De hautain et pernicieux il glissa vers le type peu impressionné. Comme déçu. Comme s'il s'était attendu à mieux.
    - Mah. Il haussa les épaules, se grattant le bec de ses tarses. Qui t'es pour essayer de comprendre un type que tu te fiches carrément, Kludd. Te mêles pas d'choses qui sont trop abstraites pour té. Chui ptêt' pas un guerrier ou un purin, mais sans moi, vous vous ferez trouer par d'autres chouettes.
    Il leva les yeux au ciel.
    - Zéroconnaissance¹.
    _________________________________________
    ¹ Jeu d'assonance. Fink peut dire à la fois « Zéro Connaissance (en insinuant que Kludd ne voit pas plus loin que le bout de son bec) » et « Zéro Reconnaissance » (insinuant que même s'il travaille pour les sangs purs, il n'a jamais eu le respect en retour.).
    _________________________________________
    Sur une voix plus forte, il interpella les premières recrues qu'il avait envoyé au bain d'argile.
    - Yo! Howhakan, Ciqala! L'argile sèche vite. Venez ici que j'vous en débarrasse.
    Il se permit une plaisanterie, sur un air toujours sérieux.
    - 'Voudriez pas voler avec ça, heing?

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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeJeu 14 Juil - 23:16

    L’arrogance de Fink l’horripilait. Loin de l’impressionner, les éclats du grand oiseau l’embarrassaient, non pas pour lui-même, mais car elles étaient ridicules. Ridicules et futiles, qui plus est. Le grand oiseau n’avait visiblement pas compris ce que Kludd avait tenté de lui faire passer, et c’est donc d’un ton insolent qu’il rétorqua :

    - Et jurer, et jouer ta comédie le fait ramollir plus vite, comme chanter aide à faire pousser les plantes?

    Qu’avait-il dit, déjà? Blasphème, disgrâce. Conformistes. Il aurait fallu insister pour lui faire avaler que ça, c’était le métier. Il ne voyait en cas mots qu’une belle démonstration d’absence de self-control, à moins qu’il s’agisse d’un désir inavoué d’attirer l’attention? Les plumes légèrement hérissées sous le fait de la colère, la crainte que lui inspirait le grand oiseau, envolée, Kludd ne se contenta pas de ces derniers mots.

    - J’imagine que tu t’en fou de savoir à quoi ces armures serviront. Que tu t’en fou de savoir que certains d’entre nous mourront peut-être au combat, et les raisons pour lesquelles on risquerait nos vies, on en parle même pas!

    Rancunier, il chercha à croiser le regard de l’oiseau pêcheur.

    - C’est vrai, je m’en fou de tes histoires comme tu te fou des miennes, alors prends nos mesures et contente-toi de ça, qu’on puisse partir d’ici rapidement.

    De marbre, comme à son habitude, Howhakan s’approcha de l’énorme rapace diurne, en évitant toutefois de croiser son regard, pas comme s’il redoutait de le croiser, mais plutôt comme s’il le snobait. Ciqala, quand à lui, suivit son aîné malgré la crainte que trahissaient ses traits.
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MessageSujet: Re: Arbre Shmarbre.   Arbre Shmarbre. Icon_minitimeVen 15 Juil - 0:57

    - J’imagine que tu t’en fous de savoir à quoi ces armures serviront. Que tu t’en fou de savoir que certains d’entre nous mourront peut-être au combat, et les raisons pour lesquelles on risquerait nos vies, on en parle même pas!
    Fink tourna de l’œil. C'est qu'il critiquait son art, le zouave?! Il s'enflamma aussitôt:
    - J'ferais exprès de les faire si minces pour que la moindre autre chouette puisse fracasser ta cervelle d'empoté, Kludd.
    Il exagéra une révérence.
    - Mais pardonnez-moi, mon pureté d'chez pur! Je vois bien que vous misez beaucoup sur votre gosier-ouchaipakoua, mais pas sur le tête, heing! Coucou! Y'a quelqu'un là dedans? Bah non! Elle s'est tirée! Alors on met un casque pour combler?
    En fait, il était si fâché qu'il sembla se calmer. Se refroidir. Il rigola. Ce petit nabot le faisait rire. Il avait beau être un drone raciste qui ne voyait rien de positif dans cette visite chez un forgeron, Fink parvenait à se convaincre le contraire... C'est qu'à force de vivre en ermite, on oublie comment parler aux autres.
    - Hérréé! Sans vie, sans émotion, sans colonne...
    Et en disant ça, il redressa la sienne.
    - Sans passion.
    - C’est vrai, je m’en fou de tes histoires comme tu te fous des miennes, alors prends nos mesures et contente-toi de ça, qu’on puisse partir d’ici rapidement. Le cinglé lui fit un clin d’œil, entrouvrant une de ses ailes.
    - Tu vois, c'est ça la différence entr'té et moi, l'effrayé.
    Il se racla la gorge, voyant approcher le deux autres ingrates. Comme un habitué cependant, il leur arracha l'argile déjà dure de la tête, la déposant au sol avec une extrême délicatesse.
    - Han! fit-t-il sous le coup de l'effort, faisant bien sûr de ne pas déchirer la tête du petit rapace en prime. Pour Ciquala, il eut besoin de ses deux serres. Il réussit à se tenir en équilibre sur l'oiseau, de le maintenir au sol pour limiter les blessures.
    - Oh.... HIIISSE! sa voix s'enroua à la fin alors qu'il réussit enfin à déloger le casque. Il tomba à la renverse sur le dos, subjugué par sa propre force. Il se leva en quelques coups d'ailes, glissant le casque aux côtés des autres. Il souffla fortement.
    - Prochain groupe! Vous avez entendu? Dépêchez vous de bâcler le travail: ordre de votre Claudette! ♫
    Bâcler? Peut-être. Il n'aimait pas passer beaucoup de temps sur les casques conformistes. Mais il aimait travailler le métal. Peut-être même trop le travailler. Le travailler tant qu'il ferait des armures fragiles, juste pour les mettre à leur place. Mais en même temps, c'était sur le coup de la colère: jamais il n'oserait faire ça à son Amour. Il aimait beaucoup trop ses œuvres pour les détruire de la sorte. Et il aimait beaucoup trop le métier de forgeron pour sourciller dans son propre atelier. Ainsi sa mauvaise humeur fut si virulente qu'elle se vit remplacée par de la bonne humeur, voire, de l'Humeur impeccable. Avec un peu de chance, son sourire les dégoûterait après le travail et elles se tailleront vite de là!
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