Un cycle entier !!! un satané cycle où sa traque ne s'était résumée que par des attaques de corbeaux de jour, et par des recherches infructueuses la nuit tombée. Pourtant, Ethyl ne s'avouait pas vaincu... jamais il ne s’avouerait vaincu, mais il commençait à douter du bien fonder de sa traque. Sur les ordres de Boron, il était parti en chasse d'un petit groupe de sangs purs qui patrouillait dans les environs du territoire du nord. Bien que les troupes n'y étaient pas encore présente en nombre, ces quelques chouettes de Saint-Aego avait causé trop de dégâts, des dégâts qui ne pouvaient plus durer.

Cela faisait presque 2 heures qu'Ethyl volait sans discontinuer dans un vent de face assez présent. La brise lui frappait le disque facial avec une violence toute relative, mais c'était surtout le froid qui avait raison de son opiniâtreté. En effet, le vent glacial ne l'aidait pas vraiment à réaliser une bonne traque, l'obligeant constamment à fermer sa deuxième pupille pour éviter d'avoir les yeux trop humide. Pire encore, Ethyl se sentait obliger de voler au plus bas, tentant de trouver un vent plus calme près du sol... mais se privant ainsi d'une vue bien dégagée sur l'horizon.

Pour une fois, la chance lui sourit : Ethyl vit enfin une silhouette se détacher de l’horizon, suivi de deux autres tâches blanches, comme si des étoiles se déplaçaient au loin. Toutes les conditions étaient réunit pour passer rapidement à une attaque aussi furtive que vive, mais Ethyl avait un autre plan en tête. Il se devait avant tout de trouver un plan d'attaque infaillible, un plan lui permettant de s'occuper de ses 4 chouettes en évitant le surnombre. Il fallait en effet rester réaliste : si Boron lui avait demandé de d'occuper définitivement de ce petit groupe, c'était car ils constituaient un clan de vaillants combattants qui profitaient des effets de surprise comme de leur unique et ultime avantage.

Pour une fois, cet effet de surprise allait être leur perte. Car si il y avait bien une chose pour laquelle la petite effraie noire pouvait se vanter, c'était sa spécialité pour les effets de surprise. Ethyl vira donc sur la gauche et se posa à très bonne distance des trois silhouettes. Son plumage était une parfait camouflage dans cette nuit noire où seule quelques étoiles perçaient le tapis nuageux. Ethyl ne pouvait rêver meilleures conditions, mais si sa vue ne lui faisait pas défaut, le compte n'était pas bon, un des combattant manquait à l'appel. Cette situation ne plaisait guerre à la petite effraie, car il se demandait bien si du rôle de chasseur, il n'était pas devenu le chassé. Peut-être que son plan se retournait contre lui, alors il redoubla de vigilance en surveillant au mieux ses arrières.

Le temps passa sans que le petit groupe ne dévie de son cap. Ethyl suivait toujours à bonne distance les trois chouettes, faisant de rapides vols au ras du sol avant de se poser à nouveau à l’abri des regards. Au bout d'un moment et sans même prévenir, la silhouette des sangs purs tomba des airs dans un rapide piqué et disparu sous l'horizon... quelque chose se préparait et Ethyl n'avait aucune idée de ce à quoi il devait s'attendre. Ses serres de combats étaient prête à servir, il grattait la glace sur laquelle il était posé avec insistance, tentant de se calmer le gésier pour sortir de cette situation qu'il ne contrôlait pas. Que faisait donc ces chouettes, et où était le dernier membre de la formation ?

Ethyl se devait d'en savoir plus et pris donc la direction de là où il avait vu les trois sang purs tomber derrière la crête de glace. Il craignait par dessus tout cette situation car si il était repéré avant qu'il ne les repère en retour, il pouvait dire adieu à sa mission. La petite chouette volait donc aussi silencieusement qu'elle le pouvait, réalisant des battements amples lui permettant d'être à l'affût du moindre petit bruit au sol. Il frôlait de ses plumes le sol gelé, le froid y était encore plus harassant mais la situation ne laissait guère le choix à la petite chouette. Ethyl entendit enfin un bruit suspect, celui du chuintement d'une chouette. Ce cri faisait penser à un signal ! quelque chose se passait et le petit gardien compris rapidement à quoi il avait à faire dès qu'il dépassa la crête.

Ethyl se trouva face à une scène qu'il était loin d'imaginer : du haut de son sommet de glace, il arrivait parfaitement à distinguer 4 chouettes armés jusqu'au bout des serres encerclant une petite effraie.

"Et de quatre" se dit-il intérieurement, un sourire au coin du bec.

C'était des conditions presque rêvées : Ethyl avait l'avantage décisif de se trouver à plusieurs dizaines de mètres à l'aplomb de ses cibles sans s'être fait repérer. Mieux encore, la chouette qui se trouvait au milieu de groupe de sang pur les distrayait pendant qu'il préparait son attaque. Il pouvait ainsi piquer sur ses victimes, son plumage aux couleurs noires comme le charbon lui permettant de passer inaperçu. Qui était cette pauvre chouette blanche ? Ethyl n'en savait fichtrement rien et pour tout dire, il n'était pas du tout curieux de le savoir. Selon lui, elle jouait parfaitement son rôle de victime des sangs purs et permettait que le les quatre effraies en armure restent sans bouger à la même place. Le petit guerrier était très heureux de la situation et savourait déjà sa victoire avant même d'avoir donné l'assaut. Ce genre d'attaque surprise, il en était devenu le spécialiste et ne se faisait donc aucune illusion sur le déroulement de sa mission. Il attendit pourtant calmement de trouver le moment opportun pour mettre à mort la chouette de son choix, au moment qu'il estimait le plus inattendu.

Les secondes passèrent sans qu'Ethyl ne bouge un sil. Il connaissait suffisamment ses ennemis pour savoir qu'une fois le leader écarté de la liste des combattants, les sous-fifres en armure allaient partir sans demander leur reste. Il attendit donc de voir qui allait prendre le devant de la situation et attaquer l'effraie sans défense.

Soudain, il vit une des chouettes se rapprocher de sa future victime avec un petit sourire au bec. C'était le moment de montrer ce qu'attaque surprise voulait dire et sans plus attendre, il fonça droit vers les groupe en contrebas. Au fur et à mesure de sa descente, il plia ses ailes pour les ramener plus près de son corps. Il piquait maintenant à une vitesse incroyable, tête en avant et ce n'est qu'au dernier moment qu'avec un coup d'aile vif de ses rectrices, il se cabra comme si il allait atterrir. La manoeuvre fit un très léger claquement dans le vent que les sangs purs ne manquèrent pas de remarquer. Mais malheureusement pour eux, ce petit bruit signifiait qu'il était déjà trop tard pour réagir. Le chef du clan eu juste le temps de lever la tête au ciel pour apercevoir les serres de combat d'Ethyl s'approchant dangereusement de sa tête sans qu'il ne puisse réagir.

Le choc entre les deux chouettes fut d'une violence inouï et une son de métal raisonna comme un coup de tonnerre sur tout le glacier. Sans même avoir eu le temps de se débattre, le chef du petit groupe de sang pur gisait sans vie dans les serres de la petite effraie. Ethyl l'avait frappé à la tête avec une telle violence que son casque s'était détaché à l'impact. Un petit filet de sang coula de son bec en faisant comprendre aux autres chouettes qui assistait à la scène que le leader n'était plus, qu'un instant avait suffit pour que tout bascule.

Où était le respect des règles d'attaque dans ce geste ? Ethyl ne portait pour tout dire que peu d'attention à cette stupide "courtoisie" des champs de bataille... comme si combattre pour sa vie devait se faire avec calme et raison. Donner la mort était un geste froid et il n'avais jamais été question de le faire avec avec respect.

A peine sonné par l'impact et se tenant toujours sur sa première victime, Ethyl leva la tête en direction des autres sang purs. Ils semblaient terrifiés et n'avaient même pas eu le courage, encore moins l'audace, de bouger la moindre plume. Leurs yeux écarquillés étaient rivés sur la petite chouette qui s'était invitée à leur guet-apens et traduisait une peur qui mis en confiance Ethyl bien plus qu'il ne l'était auparavant. Il était à nouveau prêt à en découdre avec ces mous du croupion et leur surnombre ne le dérangeait pas le moins du monde.

"Alors, à qui le tour ?" dit-il avec ton mélangeant un air diabolique et narquois.

Ses paroles suffirent à ce que ses adversaires prennent la fuite sans demander leur reste. Ethyl les fixa du regard alors qu'ils décolèrent tous les trois au bruit des cliquetis de leur propre serres de combat. Une fois qu'ils avaient disparue à l'horizon, la petite chouette au plumage noire se tourna vers l'effraie en la regardant avec un regard noir. Elle pouvait s'estimer heureuse qu'il n'ait pas attendu quelques secondes de plus avant d'attaquer, car elle n'aurait pas été de ce monde pour assister à la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux.

Puis il pointa son regard sur l'effraie qu'il venait de tuer, entamant le rituel qu'il considérait comme sa signature sans même prêter attention à la chouette qu'il venait de sauver.


[Info : J'espère que tu as vu Avatar... car j'ai écrit la fin de mon RP en pensant à la scène où Neitiri sauve Jake des espèces de chiens à 6 pattes au début du film. A ce moment du film, elle le sauve et continue à s'occuper de ses affaires sans lui porter attention.

Comme je t'avais dit... c'était pas une petite réponse :)]

Moonye n'avait pas vu l'ombre noire qui approchait à une vitesse exorbitante. Les Sang- Pur non plus. tant mieux. Ils étaient si concentré sur leur victime, et leur victime tellement concentré sur sa mort, qu'aucun d'eux n'avait rien entendu. Pourtant, si, il était là. Il avait fondu sur le leader du groupe, qui se trouvait être justement 15-3, ou bien Sofre, d'après le prénom que ses "amis" lui avaient donné. Manque de chance pour lui, le puissant coup de bec l'avait tué. Son masque été parti volé plus loin, mais l'impact l'avait à moitié explosé, provoquant un bruit tonitruant. Cela rappelait à la petite Effraie lorsque Lal avait joué à la course avec elle trop près de l'appartement de Miss Plonk, et qu'elles avaient brisé, sans le faire exprès, bien entendu, un des précieux mobiliers de verres teintées - Comment appelait- elle ça déjà ? Ah oui, une joyauterie. La harfang avait crié, beaucoup crié. Tout l'arbre s'en était rendu compte. Si bien que la voix de Miss Plonk s'était brisée, elle avait failli ne pas pouvoir chanter. Eh bien, le bruit du masque de métal, c'était un peu près cela, puissance 10. De quoi percés les tympans de ceux qui étaient les plus proche.

Si les trois autres chouettes effraies étaient en train de voler, elles auraient plus qu'immédiatement piqué dans les orties. Cependant, elles étaient sur le point de fuir, malgré leurs tétanisations. Moonye, quant à elle, ne savait pas quoi faire. Rester au partir... ? Elle se retrouva dans un cruel dilemme. Partir serait la solution de la sécurité. Toutefois, si cette chouette, un Tyto Alba noir, avait tué le Sang- Pur, soit c'était un solitaire, soit c'était un gardien qu'elle n'avait encore jamais rencontré. Au tel cas, si elle avait un minimum de chance ce jour-là, elle ne serait pas tuée. D'autre part, elle était trop épuisée pour avoir la force de rentrée au Grand Arbre avant une petite heure de repos. Donc, il valait mieux resté encore un petit peu ici avant de prendre la route. Celle- ci était donc l'option pratique. C'est Daisy qui lui avait appris à faire plusieurs options différentes pour avoir le gésier net, et choisir celle qui semblait la plus avantageuse dans un cas comme celui- ci. Et la chouette rayée avait été de bon conseil.

"~ Alors, à qui le tour ? "

Une voix narquoise sortit Moonye de ses pensées. Elle se dit que la seconde fois en une journée, c'était trop. Elle était trop songeuse. On lui disait tout le temps. Elle entendit le cliquetis des serres de combats des Sang- Pur lorsque ceux- ci décollèrent pour prendre la poudre d’escampette. Il n'avait fallu que des paroles pour les faire fuir. Avec le peu de chance qu'ils avaient, ils se feraient tués pour avoir lâchement abandonnés un combat. La petite Tyto le savait, Bec d'Acier détestait par-dessus tous les faibles, qu’ils soient Hiboux des marais, Nyctale boréal, Chevêche d'Athéna ou même Effraie des clochers. Et pour cause, elle avait vécu dans l'orphelinat pendant quatre longues lunes de sa vie. Pour rien, au grand Glaucis, absolument rien elle ne voulait revenir dans cette pension. Plutôt s'arracher le gésier !

Lorsque le petit Tyto Alba couleur de charbon se retourna vers elle, Moonye sentit ses veines se glacer. Il lui lançait un regard noir, et elle ne comprit pas pourquoi. Qu'ai- je fais, encore ? Elle se le demandait. Finalement, il détourna le regard, pour fixer 15-3, qui gisait au sol raide mort. Le sang ruisselait toujours lentement mais sûrement de son crâne. Il était tout aussi effrayant mort que vif. Elle en frémit. Finalement, l'Effraie noire s'approcha du corps sans vie et s'arracha une de ses plumes, pour la placer dans le bec du mort. La petite Tyto ne comprit pas pourquoi il avait fait ça. Elle avait un jour lu dans un livre que certains solitaires laissaient leurs plumes à certaines personnes pour délivrer des messages. Peut- être était- ce un avertissement pour les Sang- Pur, ou une menace ? La seule chose qu'elle savait, c'était qu'il ne faisait pas attention à elle. Pourquoi ? Une nouvelle question se bousculait maintenant dans son gésier, à côté de centaine d'autres. Et le pire, c'est qu'elle ne savait pas comment le remercier. Elle ne savait pas pourquoi. Dans un léger élan de courage - Si on peut appeler cela du courage...-, elle murmura :

"~ Merci..."

Voilà, c'était déjà un début pour Moonye. Combattre sa peur. Elle sentit ses ailes peser contre elle. Elle les étendit légèrement, pour les dégourdir. Elle se rendit alors compte qu'il lui manquait quelques rémiges. Les quatre Sang Pur avaient dû lui arracher et elle, tétanisée par sa peur, s'était laissée faire. Elle grimaça aussi en découvrant à une carré de sang sur le bout de ses ailes. Un vent glacial souffla alors dans ses ailes. Elle aurait aimé se laisser porter par le vent, mais elle n'en avait pas la force. Même pas l'espoir. Elle fit gonfler alors son duvet pour garder sa chaleur corporel à une température convenable et attendit la réaction de l'autre chouette.

Ethyl était toujours en train de savourer sa victoire sans bavure, éclatante pour tout dire, quand une voix douce et faible le sorti de sa petite séance d'autographe comme il aimait tant les décrire.

"Merci"

Ce mot choqua profondément la petite effraie au plus profond de son gésier. Il arrêta son rituel net et se retourna à nouveau vers la chouette dont il venait de sauver la vie. Jamais il se aurai cru entendre un tel mot, si court et pourtant si puissant. Le méritait-il ? Lui qui avait passé sa vie à tuer ceux qu'il ne pouvait pas voir, ne passant ces nuits qu'à haïr son entourage. Sans avoir le courage de dire un mot en réponse, il se retourna lentement pour se trouver face à face avec l'effraie blanche qui le fixait du regard. Avec ses grands yeux écarquillés, il observait sans bouger cette petite inconnue. Son regard lui disait quelque chose mais il ne savait pas où il l'avait déjà croisé. Sans doute était-elle une habitante de l'arbre, il y avait tellement d'inconnus pour lui qu'il ne pouvait en être sûr. Et de toute façon, que faisait-elle toute seule au beau milieu des territoires du nord ?

Ethyl ne trouvait simplement pas les mots pour lui répondre. C'était un grand choc pour lui mais il devait se rendre à l'évidence : pour la première fois de toute sa misérable existence, il venait de sauver une vie. Il ne se sentait pourtant pas l'âme d'un sauveur, encore moins celle d'un héro. C'était comme si il avait fait son travail sans penser aux conséquences et que l'effet lui échappait totalement. Trop de questions lui passaient maintenant par la tête pour qu'il puisse donner une réponse claire à l'effraie qui le regardait. Jamais il n'aurai cru être touché par une telle sensation, mais il avait peur de lui, peur de ce qu'il était devenu l'espace d'un instant.

« Je... je... »

Les mots se mélangeaient dans sa tête à une vitesse incroyable. C'était comme si on venait de lui apprendre qu'il méritait par moment le respect des autres. Il travaillait pour le grand arbre comme meurtrier car cela lui plaisait, mais jamais il ne le faisait pour rendre service. On lui permettait de tuer et torturer sans ménagement et il ne se faisait pas prier pour ça. Mais que pouvait-il dire quand son propre plaisir prenait une telle importance aux yeux d'une autre chouette ?

Puis, presque instinctivement, comme un plante carnivore si innocente et pourtant si meurtrière. Il se referma sur lui même, comme un lâche incapable de faire face aux conséquences de son acte. Ethyl n'était que l'ombre de lui même, il ne pouvait sortir du cercle vicieux dans lequel il était entrée à son arrivée à l'arbre. Pour lui, il ne gagnerai le respect qu'en rendant les meilleurs services à sa famille adoptive, même si il devait faire le plus grand mal autour de lui. La violence qu'il usait était sa plus grande force, son unique atout qu'il n'avait jamais eu. Les remerciements de cette effraie venaient de mettre à mal ses grandes certitudes, le bouleversant comme jamais il l'avait été depuis le jour où son frère était venu le voir, un sourire au bec, pour le tuer.

« Tu ne devrais pas être là, seule à trainer dans un coin aussi dangereux. Rentres chez toi, ça vaudrait mieux pour toi »

Puis, sans ajouter un mot, il se retourna à nouveau vers le cadavre du sang pur. Quel crétin faisait-il aux yeux de la pauvre effraie qui venait d'échapper à la mort. Elle venait de lui offrir le tout premier acte de gentillesse qu'il n'ai jamais reçu de toute sa vie et dans un état de choc, il s'était protéger en là rejetant. Il n'était qu'un raté, qu'un morceau d'effraie incapable de faire face à la réalité. De la fièreté qu'il avait l'habitude de ressentir, il ne restait que de la honte.

Aussitôt et sans en ajouter d'avantage, il préféra quitter la place du combat, pour cacher la honte qu'il vivait actuellement. Il n'eut même pas le courage de dire au revoir à cette inconnue dont il avait bouleversé la vie à tout jamais. Sans se retourner, il pris un envol aux battements incertains.

[désolé pour cette séance de paraphrase paragraphes après paragraphes, mais j'ai tenté au mieux de décrire le tourment qu'il était en train de vivre. Je te laisse le rattraper :D
Mais si ça continuait, il allait finir par pleurer :D]

Lorsque l'autre chouette sembla dire quelque chose que du moins Moonye n'entendit pas, trop absorbée à recompter ses rémiges pour estimer la difficulté du vol, elle tourna la tête vers lui et le fixa. Elle espérait ne pas avoir raté des paroles trop importantes. Elle avait du mal à le regarder dans les yeux, consciente elle-même de sa faute. Si cette Effraie n’avait pas été là, à l’heure qu’il était, elle serait déjà morte, gisant aux serres des soldats de 15-3 qui chuinteraient cruellement en la regardant. Elle se rendit alors compte que c'était une faute absolument impardonnable. Qu'allait- elle faire devant les membres du Parlements lorsque ceux- ci lui demanderont pourquoi elle était là ? Elle pensait à la mine déçue d'Arald, qui avait tout fait pour l'aider, et à son ryb, qui tournerait la tête, dépité, n’osant pas regarder son élève. Elle baissa alors les yeux, gênée. Autant gênée qu’humiliée, à vrai dire. Elle se fit encore plus petite, si bien qu’elle faisait moins de la taille d’une chevêche elfe comme ça. Elle se pelota sur ses pattes de manière à tenir ses serres au chaud dans on plumage et rabattit ses ailes contre elle- même. Elle regarda ses plumes quelque peu tachés de sang, dû à sa petite "perte", ou plutôt arrachage de rémiges primaires. Il lui manquait trois rémiges primaires sur son aile gauche ainsi qu'une secondaire, et deux sur sa droite ainsi que trois secondaires. Autant ne pas parler de son peigne, car elle allait être aussi bruyante qu’un corbeau au décollage.Elle allait avoir beaucoup de mal à voler.

"~ Tu ne devrais pas être là, seule à trainer dans un coin aussi dangereux. Rentres chez toi, ça vaudrait mieux pour toi. "

Moonye manqua presque de sursauter en entendant la voix de l'autre Tyto Alba. Elle devrait arrêter de s’immerger tout le temps dans ses pensées comme cela, on lui disait toujours. Elle était d’un naturel lunatique, rien n’était plus sûr. Mais de là à oublier presque la présence de quelqu’un d’autre à quelques queues de renard d’elle ! Elle s’en voulut encore une fois. Peu fière, elle fixait ses serres. Elle se dit que c’était beau, le sol, quand on était gênée. Néanmoins, elle se redressa lorsqu’elle aperçut l’Effraie noire qui était déjà partie pour s’envoler. Elle secouait alors ses ailes pour remettre ses plumes en places lorsqu’elle vit le sang couler goutte à goutte sur le sol. A, ça c’était sa chance ! C’était comme marqué un écriteau « Moonye est passée par là. », en moins pire, et plus discret, puisqu’ils ne pouvaient pas reconnaître son sang. Du moins, ça prouverait au Sang- Pur que leur soldat ne s’est pas fait lyncher par les corbeaux. La petite Tyto se dit qu’elle n’était pas bien douée. C’était une idiote. Elle manqua de soupirer lorsqu’un vent frais se leva. Elle devait vite partir, contre sinon, elle se prendrait le vent dans le visage. Et l’autre chouette repartait. Elle devait essayer de le rattraper. Elle voulait connaître cette personne qui lui a sauvé la vie.

N’ayant pas de perchoir, Moonye battit frénétiquement ses ailes, jusqu’à prendre un petit mètre d’altitude. Le vol, quoi qu’un peu difficile et bruyant, faute de quelques rémiges et de peigne. Elle fixa une dernière fois le cadavre du Sang- Pur en se disant que de toute manière, les corbeaux, de naturels charognards, allaient se charger de sa dépouille. La neige lui rappela de partir au plus vite, sans fléchir. Elle essaya de prendre un peu de vitesse pour essayer de rattraper cette chouette noire qui allait beaucoup plus rapidement qu’elle. Si elle le perdait de vue, elle serait fichue. Elle connaissait à peine le chemin. Ah, elle était fière, en arrivant ici ! Maintenant, c’était la honte qui emplissait son gésier. Voyant l’autre Tyto s’éloigné rapidement, trop rapidement, elle lâcha un faible hululement, espérant que celui- ci l’entende.

"~ Attends moi ! S'il te plaît ! "

[Voilà, j'espère que ça ira. J'essayerais de modifier d'ici une dizaine de minute sur le PC portable pour rajouter quelques paragraphes et corriger mes fautes. ]

Encore tout tourmenté par ce qui venait de se dérouler, Ethyl tentait de quitter le lieu du combat d'un vol assuré. Mais il compris bien vite qu'il n'était pas fait pour la situation qu'il venait de vivre. Comment un unique mot avait-il pu lui faire perdre tous ses moyens ? C'était toujours les mêmes questions qui lui traversaient l'esprit, un perpétuel questionnement qui le rendait de plus en plus incertain de ce qu'il était vraiment. Perdu dans ses pensées, il n'entendit pas que la chouette qu'il venait de sauver tentait par tous les moyens de le rattraper.

"~ Attends moi ! S'il te plaît ! "

Ce hululement, presque aussi faible qu'une plainte, le fit sursauter. Il semblait que la toute jeune effraie usait de toute ses forces pour récupérer de son retard. Etait-elle perdue ? Ou simplement craintive de se retrouver à nouveau seule face à cette bande de lâches ? Ce n'était pas ce qui le préoccupait réellement. Non, Ethyl tentait désespérément d'oublier ce qui lui avait causé le plus grand tors. Aussi, il voulu accélérer son allure, ne pouvant tenir une seconde de plus les hululement de cette pauvre chouette. Malgré cette pulsion que seul un lâche pouvait ressentir, il ne pu s'exécuter. Et c'est presque sans réfléchir qu'il pris donc une courbe serrée, comme s'il avait fixé la pointe de son aile droite dans l'air. Il se trouva en l'espace d'un instant face à cette inconnue qui le tourmentait tant, attendant une nouvelle réaction de sa part.

A la vue de son état, Ethyl eu un pincement au cœur. Comment pouvait-il être aussi cruel : abandonner une chouette presque incapable de voler correctement, perdant du sang à chacun de ses battements d'aile. Le combat qu'il avait stoppé net avait tout de même eu un effet pervers, et il se senti honteux d'avoir laissé faire ça alors qu'il aurai simplement pu l'éviter. Se servir d'une chouette comme d'un banal appât était digne d'un sang pur, et même si il ne valait pas plus que ses ennemis, il aurai pu pour une fois faire preuve d'un peut d'héroïsme.

Bien que son esprit demeurait tourmenté, l'expression de son visage resta froide, presque effrayante. Ce n'était pas qu'il en voulait à sa poursuivante, mais qu'il n'avait jamais connu d'autre façon de s'exprimer face aux autres. Pour certains, c'était un manque de respect, mais pour lui, c'était un acte naturel.

« Que me veux-tu ? Et avant tout, qui es-tu? »

Et comme si son ton presque méprisant ne suffisait pas, il ajouta :

« Tu n'as vraiment rien à faire ici... c'était quoi ton but ? Te faire tuer ? Si tu étais gardienne, tu aurai déjà reçu ton lot de réprimandes. »

Quelle serre !!! (1) le voilà qui jouait le rôle de protecteur ! Lui qui était juste capable de s'occuper de lui même, évitant toute vie en société. Mais après tout, il n'avait pas tout à fait tord, se dit-il intérieurement. Personne ne devrait jamais plus mourir sous les serres des sangs purs, et c'était un peu le combat qu'il menait une fois la nuit tombée. Au plus profond de son gésier, il voulait remercier cette effraie pour avoir vu du bon en lui, mais sa fièreté de meurtrier solitaire l'en empêchait.


(1) à traduire par : quel pied !!!

Lorsque l'Effraie noire se tourna vers elle, la fixant avec des yeux froids, Moonye baissa la tête sans pour autant perdre sa trajectoire des yeux. Elle se sentit immédiatement coupable, encore et toujours de cette faute. Elle avait encore du mal à définir pourquoi elle avait fait ça. Et en plus, elle pensait faire un acte de bravoure en venant ici pour chasser ce soldat des Sang- Pur ! Elle se dit alors que sa maturité et son sens du gésier lui faisaient défaut. Elle allait encore avoir besoin d’une ou deux lunes avant d’arriver à un niveau où elle réfléchirait avant d’agir, et non l’inverse. La Tyto lâcha un faible soupir qui, fort heureusement, ne se répercuta pas dans les échos du blizzard. Ou bien si, mais son vol plus que bruyant l’empêchait d’entendre autre chose, déjà que dans sa tête, elle semblait entendre une mouette à sa place, tellement son peigne lui faisait défaut.

"~ Que me veux-tu ? Et avant tout, qui es-tu? "

Moonye releva la tête lorsque l’autre Tyto lui demanda cela d’un ton… Bon, pas méprisant, du moins pas pour elle, mais plutôt froid. Elle si dit que si il était un gardien du grand arbre, ce n’était certainement pas le plus amical. Ne lui laissant le temps de répondre, l’autre chouette reprit :

"~ Tu n'as vraiment rien à faire ici... c'était quoi ton but ? Te faire tuer ? Si tu étais gardienne, tu aurais déjà reçu ton lot de réprimandes. "

Incapable de répondre, elle baissa le regard, pour éviter ses yeux qui la fixait. Si il lui manquait des plumes, elle avait encore toute sa tête : Même en essayant d’être gentille, elle ne se ferait pas pardonner si vite pour une telle faute. Malgré tout, elle ne comprenait pas un point : Pourquoi ce Tyto, qui venait de le sauver, si montrait si froid avec elle ? C’était un léger détail qui lui échappait. Mais elle n’en fit rien, se disant que c’était simplement parce- qu’elle n’avait pas à s’aventurer dans ce lieu si éloigné de chez elle. Mais après qu’est- ce qu’elle devait lui répondre ?

Ne sachant que faire pour tenter de ne pas passer par la conversation, faute de mots voulant sortir de son bec, Moonye se mit à fixer le sol, de manière à essayer de connaître un minimum le chemin, si un jour elle devait revenir ici pour une quel qu’autre raison, mais elle espérait jamais celle- ci. Ici, il n’y avait pas de terre, seulement une très épaisse couche de glace à perte de vue. Comme s’y retrouver, au tel cas ? La Tyto se dit que le gardien – Car c’en était certainement un - qui venait de la sauver devait venir ici souvent, pour connaître si bien le chemin. Elle doutait que ce soit grâce aux constellations qu’il s’y retrouvait, car le ciel était couvert.

[Désolée, hier, je me suis bel et bien endormie sur le clavier, et donc, plus de batterie, j'ai dû tout reprendre à zéro. ]

Presque aussi naturellement qu'il lui avait offert des réprimandes, Ethyl ne pu offrir qu'un léger sourire à la tristesse de Moonye. Qu'aurait-il ressenti dans la situation de la petite effraie aux plumes nouvelles ? Car si il devait bien apprendre une chose avec le temps, c'était de voir le monde à travers les yeux d'un autre... à penser autrement que pour lui seul. Il était certain qu'elle n'avait pas encore appris à connaitre le monde qui l'entourait, et une telle aventure ne pouvait que lui faire du bien. Quel exemple lui offrait-il ? Celui que les gardiens n'étaient pas doués pour les rencontres ? Il ne pouvait le nier que c'était son cas... et c'était un de ses trait de caractère qui contrastait le plus avec sa situation de gardien. Car aussi fidèle à sa position de protecteur de l'arbre, son caractère associable reprenait toujours le dessus.

Alors pour cette fois seulement, il allait prouver qu'il n'était pas seulement ce que les autres pensaient de lui. Car au plus profond de son gésier, il rêvait de faire connaissance avec cette chouette : elle lui paraissait amicale, et idéaliste. Idéaliste... oui... un peu comme lui, ou plutôt son opposé. Car si Moonye semblait voir le monde d'un air joyeux... comme si le mal n'existait pas... c'était tout le contraire pour Ethyl : ce dernier voyant les pires traits du caractère de ceux dont il croisait la route.

D'une voix calme, pour tenter de montrer qu'il n'était pas qu'une chouette froide, il ajouta simplement :

"Quel est ton nom ? Et qui es-tu pour te retrouver seule dans une contrée aussi pauvre qu'ici ?"

Oui, ces deux questions suffiraient pour faire connaissance, et aussi bêtes et mal dites qu'elles étaient, il en était satisfait. Ethyl trouvait déjà tellement difficile de faire le premier pas dans le rituel des présentations qu'il se demanda même si il avait vraiment réussit à faire sortir ces paroles de son bec. Il ne voyait aucun mal à donner son nom en retour mais sa timidité face aux autres l'en empêchait... une timidité qu'il traduisait presque comme une peur d'entrer dans une quelconque relation.

Il attendit donc calmement que Moonye lui réponde.



[VRAIMENT désolé pour le manque d'inspi... mais il faut dire qu'il n'avait pas grand chose à se mettre sous la dent :) La réponse est courte et les phrases sont assez déstructurées donc si tu as un problème de compréhension... n'hésites pas :) ]

"~ Je... Je m'appelle Moonye, et j’apprends à devenir une gardienne. J'avais vu cette chouette Effraie, qui volait autour de l'Arbre, et, bêtement, pour le défendre, j'ai voulu le faire fuir, mais il s'est échappé... Je l'ai suivi du Grand Arbre jusque là, je... Je ne savais pas que c'était un traquenard. Et encore moins que ce Tyto était un soldat de 15-3. "

Ethyl écouta attentivement les explications de Moonye sans dire un mot. De la tristesse l'envahissait sans qu'il ne puisse rien contre. C'était une émotion dont il détestait être la victime... une faiblesse qu'il avait appris à ne pas écouter le jour même où son frère était venu pour le tuer. Moonye semblait être de trop bonne volonté et c'est ce qui avait causé sa perte. Ethyl savait trop bien que les gardiens lui avaient appris le dont de soit... ce qu'elle avait sans aucun doute pris beaucoup trop au pied de la lettre.

"C'était le matricule de Sofre, avant qu'il ne devienne un soldat. Je pense qu'il voulait me piéger depuis le début, on ne s'aime pas vraiment naturellement, parce- que c'est ses parents qui m'ont amené à Saint- Aegolius. Et moi, comme une imbécile, j'ai suivi son appât... "

Si il semblait que Sofre avait des comptes à régler avec ses anciennes connaissance, et bien il n'allait plus mettre quiconque dans l’embarras. Ethyl n'avait pas été informé de pourquoi les gardiens lui avait demandé de tuer ce groupe de soldats et pour tout dire, il ne s'était même pas posé la question. L'effraie aux plumes meurtries lui décrivait un sang pur tel que Saint Aego avait de pire et il compris rapidement pourquoi on lui avait demandé de l'éliminer. La mission était maintenant terminé et plus jamais il pourrait lever une serre sur Moonye, mais la petite effraie aux plumes de charbon compris que rien ne pourrait effacer les atrocités qu'il avait pu faire.

Que pouvait-il répondre à la tristesse de Moonye ? C'était comme si il ressentait sa détresse sans être capable de la calmer. Jamais il n'avait vécu ce genre d'aventure, une mission d'un nouveau genre : finir avec une chouette à protéger. Il était prêt à l'aider mais les seuls sentiments qu'il connaissait l'en empêchait. Son gésier regorgeait de sadisme, de froideur et d'égoïsme, laissant bien peu de place à des sentiments plus nobles.

Puis il vit Moonye le regarder droit dans les yeux. Qu'allait-elle lui dire de nouveaux ? Etait-il en mesure de supporter la peur et la tristesse qui l'envahissait ? « Crotte de raton !! » se dit-il intérieurement « Je ne crains pas de combattre une bataillon entier de sang pur et me voilà à trembler comme une feuille face à l'innocence en personne ». A ses yeux, Moonye avait bien plus de valeur qu'il n'en avait lui : ses paroles étaient emplie de vérité comme si elle apprenait de ses erreur avec la sagesse d'une reine. Alors oui, il avait des raisons d'avoir peur, car le jugement qu'elle porterai sur lui risquait de lui faire comprendre à quel point il se trompait sur ce qu'était vraiment la sagesse d'un gardien.

"~ Enfin, je parles beaucoup sur moi, mais toi, qui es- tu... ? Est- ce que tu es un gardien ? "

A sa grande surprise, elle préféra en savoir plus plutôt que de décrire ce qu'elle voyait en lui. Il n'eut pas le courage de répondre, par peur de la décevoir. Oui il était gardien, mais c'était un gardien comme aucun autre : froid et associable... loin des espérances pour tout dire. Alors il préféra éviter la conversation comme si souvent auparavant, trouvant à dire sur les sujets sans intérêt.

« Les gardiens sont nobles et courageux, héroïques et sage à la fois, des valeurs qui ne me correspondent pas. Donc si tu vois les gardiens tels qu'ils te sont contés dans les livres, alors non, je ne suis pas un gardien. Par contre, tu as de la chance car je peux t'amener au grand arbre. »

Il évita ainsi de lui donner son nom qui était trop souvent liée à la réputation qu'il avait.

"~ Pour moi, un gardien n'est pas forcément comme ceux qui sont racontés dans les livres. Pour preuves, à part tes paroles, je ne sais même pas comment on l'est décrit, dans les légendes, les mythes autant que dans les livres. "

Et bien, se dit Ethyl, il vaut mieux pour toi que tu ne saches pas ce qu'est un gardien tel que tout le monde le voit en arrivant au grand arbre... Une guerre contre le mal n'a jamais été gagné par la bonté ou même l'honneur. Le respect des adversaires n'avait jusqu'à maintenant causé que des tors à toute chouette qui osait en user. Comment respecter des chouettes qui considèrent l'autre comme un outil... au mieux une arme, au pire un esclave... mais dans tous les cas une victime. Ne l'avait-elle pas vu de ses propres yeux il y a quelques minutes ? Ce genre de combat devrait là marquer au fer rouge pour l'éternité, et sa fois envers les inconnus devrait s'effacer par la même occasion. Pourtant, Ethyl n'osa donner un mot en réponse à cette vision bien utopique du monde qui entourait cette très jeune chouette. Elle pouvait s'estimer heureuse d'être en vie et devrait apprendre de ses erreurs au lieu de mettre les gardiens sur un piédestal.

« Pour moi, être un gardien, c'est oeuvrer au service du bien comme son gésier ou son coeur l'indique, et surtout, suivre ses rêves. Je ne sais pas si toi tu es vraiment un gardien ou non, mais tout ce que je peux dire, c'est que tu n'es pas dans la faction du mal, peu importe ton camp. C'est aussi pour ça que je te fais confiance. Merci...»

Trop choqué pour remercier en retour la petite effraie par la parole, Ethyl ne trouva comme réponse que ce qu'il savait faire : des reproches à n'en plus finir.

« Vois-tu... le monde est plus compliqué qu'il n'y parait... et les gardiens ne sont pas tous des valeureux guerriers qui œuvrent pour le bien. Je suis moi même un gardien mais je ne me ferai moi-même pas confiance, c'est dire. Tuer un ennemi comme je l'ai fait, aucun gardien ne te l'apprendra. Toi qui semble rêver de partir à l'aventure pour faire le bien, es-tu prête à massacrer comme tu m'as vu le faire ? »

Ethyl attendit une réponse de la jeune effraie, une réponse qui se fit attendre, mais le merci et la confiance qu'elle lui avait hululé raisonna encore dans son gésier. Elle avait l'air de faire tout ses efforts pour montrer que malgré l'attaque, elle était de taille à affronter les pires épreuves de la vie. Son état désastreux du moment, les rémiges en sang, lui rappela une bien triste épreuve qu'il avait vécu il y a longtemps, une épreuve qu'il avait fait vœux d'oublier mais qui continuait de le hanter.

Ethyl s'arracha donc une de ses rémiges d'un geste sec du bec. Quelques gouttes de sang restèrent sur la pointe de la plume, mais la douleur laissa la petite effraie noire de marbre. Puis il pris la plume de sa serre et là présenta à Moonye.

« Prends là... elle te protégeras des corbeaux en cas d'attaque. »

C'était un bien modeste présent, mais cette plume lui permettrait à l'avenir de tenir tête aux corvidés qui sévissaient dans les régions environnant l'arbre. Quel mou du croupion aurait le culot d'attaquer une chouette portant la marque du tueur noir. Une telle attaque finissait toujours par une représailles d'Ethyl, décapitation ou torture selon le temps qu'il avait, c'était de toute façon une bien mauvaise idée de tenter l’impossible. Il avait très rarement offert sa protection, jamais à un inconnu pour tout dire. Mais il savait que cette petite plume aurait l'effet escompté : elle la protégerait telle un ange gardien, comme si il était toujours présent... elle en valait la peine après tout. La noblesse était la qualité qui lui manquait par dessus tout et la petite effraie aux couleurs de charbon voyait donc son acte comme un moyen de se racheter.

Après tout, il se devait d'accepter l'inévitable... Moonye allait faire le bien en combattant par le bien. Son seul moyen de l'aider n'était donc pas de la faire changer mais de l'aider... comme le ferai un gardien.

Ethyl n'avait jamais eu très fière allure, ses rémiges manquantes et sa vilaine blessure à la base de son aile. Cette apparence peu reluisante était en accord avec le mythe du tueur mécanique et lui avait jusqu'alors toujours profité. Comment, avec ce tableau si laid à regarder, pouvait-elle encore lui faire confiance ?

Bien que le temps n'était pas aux grands élans de générosité, Ethyl senti qu'il y avait un petit quelque chose qui vivait en Moonye, une espérance d'un monde meilleur que lui aussi avait eu, il y a bien longtemps. Ne s'était-il pas porté volontaire comme soldat chez les gardiens pour cette raison ? Ou l'avait-il fait pour assouvir une soif de vengeance envers un monde qui ne l'a jamais gâté ? De ces questions qui trottaient depuis si longtemps dans son corps, au plus profond de son gésier, il n'avait jamais trouvé de réponse. Après tout, ne fallait-il pas être sans âme pour tuer de sang froid quiconque se plaçant sur sa route ? Etait-il une machine à tuer ou un incompris qui trouvait son unique satisfaction dans les services rendus au grand arbre ?

Puis un autre merci se fit entendre, comme une brise qui entra dans son esprit et apaisa son gésier submergé par les interrogations. Ce petit mot qu'on ne lui avait presque jamais offert, ce petit mot aux allures de grand salvateur, il le prenait avec un enthousiasme nouveau. Il prouvait à lui seul que Moonye avait elle aussi quelque chose à lui offrir, que la petite effraie noire était un être comme les autres, capable de donner, mais aussi de recevoir.

« Tu n'as pas à me remercier... car tu n'as pas été la seule qui a été sauvée par cette attaque. » lui dit-il avec un sourire nouveau.

Face à cette jeune chouette si vive et pleine d'espérances, Ethyl croyait voir en elle l'enfance qu'il n'avait jamais eu, un passé volé sans qu'il ne puisse rien faire pour le récupérer. Il avait toujours eu de grands regrets, des actes manqués comme seul le destin en avait la clef. Mais pour une fois, il pouvait se racheter, offrir ce qu'il n'avait jamais eu, car personne ne méritait de voir le malheur comme lui l'avait vécu. Alors d'un coup d'aile léger, la petite effraie se mis aux côtés de Moonye, serrant ses serres de combat comme un ultime geste de confiance et de bien être, et ajouta :

« Rentrons chez nous »