Dream

♣ CHAPITRE 5 - UNE ALLIANCE IMPROBABLE

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 Dream

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Dream _
MessageSujet: Dream   Dream Icon_minitimeMer 19 Déc - 22:49

    Dans le firmament étoilé, Chelinka battit encore uen fois des ailes. Une de ses jolies plumes dorées se perdit de son aile, et vint s'envoler au loin, porté par la douce brise de l'Automne, dites la Pluie Rose au Grand Arbre. L'effraie dorée imagina les longs rameax du Grand Arbre, les longues baies roses en formes de larmes, dans les branches vert émeraude resplendissant dans le crépuscule. Oh, oui, ça, c'était la belle vie.
    Mais actuellement, la belle vie de Chelinka était loin, loin derrière elle. Mais c'était l'horrible vie de Saint- Aegolius qu'elle vivait. La vie où tout était noir, blanc et gris. Mais, elle essayait de ne pas y songer. C'était réouvrir une plaie qui mettait trop longtemps à ce refermer et qui est trop douloureuse pour l'oublier. C'était remuer un couteau dans une plaie insoignable. Mais le simple fait de venir ici, à la forêt du Pays du Soleil d'Argent, lui mettait un baume à son coeur ensanglanté.

    Nyra et Bec d'Acier, alias "Ses Puretés" - Quel ramassis de sottises ! -, lui avait confié la mission de retrouver un soldat qui avait fuit. C'était un hibou strié, qui répondait au nom d'Acturus. C'était un haut gradé, apparemment. Oh, Chelinka ne s'emmêlait pas vraiment des grades chez les Sangs- Purs. De simples faits qu'elle était d'abord une gardienne, mais également une espionne pour les sangs purs... Donc, ça ne la concernait pas.
    Bref. Le seul bémol à cette mission, c'est que Chelinka avait un coéquipier. C'était dommage pour elle ! L'effraie dorée avait tellement désiré retourner au grand arbre... Mais son coéquipier allait l'en empêché, hormis si c'était Omyra... Car, seule Omyra connaissait la vérité. Qu'elle était une gardienne inflitrée. Mais, elle avait confiance en son amie... La Tyto Aurantia se doutait qu'elle n'allait pas parler. Du moins, elle l'espérait.

    La branche oscilla quand Chelinka se posa avec sa grâce naturelle dessus. Malgré qu'elle soit légère et bien taillée, elle ne pouvait pas s'empêcher de songer que son équipement de combat était bien trop lourd et bien trop bruyant pour une mission discrète comme celle ci. Elle fixa sa plume , qui s'envolait et lui, et esquissa un sourire en fixant la belle forêt du Pays du Soleil d'Argent, qui portait bien son nom. Elle songea qu'il y a longtemps, un forgeron solitaire, la soeur de Miss Plonk, la chanteuse du Grand Arbre, avait vécu sur la frontière ici, entre la lande et la forêt.
    La nuit s'avançait doucement, trop doucement. Chelinka pensa avec amertume qu'elle aurait pu faire plusieurs aller - retour au grand arbre en revenant ici. L'effraie dorée regardait les étoiles filées dans le ciel, la lune s'éclipsait doucement vers l'est. L'envie de dormir un petit peu - Ses journées étant si chargées qu'elle pouvait à peine dormir - lui prit soudainement le gésier. Elle fixa le tronc, et remarqua une petite faille dans le tronc. Elle s'y engouffra, et enfouie la tête sous son aile, et se lança bercer par le sommeil qui lui tendait ses ailes.
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Altahyr
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Dream _
MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeJeu 20 Déc - 23:56

C’était en fin d’après-midi. Le soleil commençait à teinter l’horizon de rouge, sa course vers la fin de la journée était presque à son paroxysme. Le température, pourtant douce pour la saison, se révélait traitresse, à l’aube de l’hiver. Les nuits s’allongeaient de plus en plus, au plus grand bonheur des animaux nocturnes, et en particulier des chouettes. Leur fenêtre de sortie s’élargissait, et elles pouvaient sortir dans la pénombre plus longtemps.
Quelque peu nostalgique, Soarin’ regarda l’astre de jour se noyer dans l’ombre, une pointe de tristesse enserrant son gésier. Ce spectacle ne le lassait jamais, et il était toujours aussi ému de voir un pareil phénomène. Cela l’aidait à supporter son quotidien, fait de barbarie, de violence et de combat. Un moment paisible et tranquille, que le jeune mâle chérissait tout particulièrement.

Un bruissement d’aile se fit entendre. Soarin’ ne cilla pas d’une plume, sachant déjà à qui il avait affaire. Nyhrr, son alter-ego, son comparse de tous les jours, quelque part sa chouette de main sur le terrain, mais son ami avant tout. Un petit mâle fort et agile, trapu mais efficace. Soarin’ reconnaitrait son vol entre mille. Fixant toujours le soleil, il demanda :
- Quel bon vent t’amène ici, Nyhrr ?
- Nos Puretés aimeraient s’entretenir avec tous les hauts gradés de l’armée, dans leur grotte royale.
Surpris, Soarin’ se retourna, et lui fit face à son ami :
- Vraiment ? Tous les hauts gradés ?
- Seulement ceux de l’armée personnelle du Grand Tyto. Le squad d’espions ne sera pas au rendez vous, car il est déjà en mission.
- Oh. Je vois. Merci de m’avoir prévenu. Je m’y rends tout de suite, dans ce cas.

Le jeune mâle argenté hocha la tête en guise de salut, et s’envola en direction de la grotte du couple Royal. En chemin il s’imagina comment il aurait réagit si les trois espionnes, ou le trio de Saint Aego, comme on aimait les appeler, avaient également été conviées à cette réunion. Cela faisait longtemps qu’il ne les avait pas vu, en plus. Mais avoir de tels postes n’était pas sans grandes respectabilités, et elles devaient tout de même répondre aux devoirs que leur imposaient les Sang-Purs.
Lorsqu’il se posa, les autres capitaines, commandants, et lieutenants étaient déjà, pour la plupart, postés à l’entrée de la grotte, qu’un garde protégeait nerveusement. Kludd arriva à sa suite, ainsi que d’autres chouettes qu’il ne reconnu pas tout de suite. Quand ils furent tous là, le soldat les autorisa à rentrer dans l’antre du Grand Couple. Ils se posèrent en ligne, bien en face du promontoire où se trouvait le légendaire Bec d’Acier. Soarin’ se fit tout petit. Il n’était pas spécialement bien placé dans la stricte hiérarchie des Sang-Purs, mais avait tout de même une excellente place. Mais il était surtout reconnu pour sa capacité à mener à bien les missions, et pour son talent d’architecte. En effet, le jeune mâle était ingénieur en bâtimentet en stratégie.

Et il en était fier. Cette capacité, doublée d’un charisme incroyable, l’avait distingué des autres soldats, et l’avait aidé à sortir de la masse et à gravir les échelons, montant rapidement en grade.
- Bonsoir à vous.
La voix rauque et métallique de Bec d’Acier rompu le silence. Tous l’écoutèrent avec attention
- Nous avons perdu une bataille contre les gardiens. Mais, nous somme forts. Nous somme Purs. Le métal est solide, et nous nous relevons. Je suis pressé par le temps, aussi je serai bref. Je vous ai tous convoqués ici ce soir, car vous partez tous en mission.

Comment ?
Soarin’ cligna des yeux. Ils allaient tous partir en même temps ? Mais, en faisant cela, ils prenaient un très gros risque, puis que me Grand Tyto. envoyait ses meilleurs atouts, son élite, en dehors des canyons, laissant le reste de l’armée sans dirigeant de section et sans protection valable.Bec d’Acier continua d’exposer ses ordres.
- La plupart d’entre vous rester ici, car bon nombre des missions attribuées sont internes à la vie de l’armée. Cependant, trois d’entre vous iront sur le terrain. J’appelle donc Clue, Soarin’, et Morwyn à avancer vers moi.
Il cru rêver. So cru réellement à une mauvaise blague. Mais ce n’était pas du tout le genre de la maison. Il s’avança, à l’instar des deux autres.
- Vous allez effectuer une mission en binôme. Vos partenaires de voyage sont déjà à l’extérieur, convoqués et prévenus depuis quelques heures. Cette mesure est prise par précaution. Ils savent déjà tout de vos objectifs, et vous renseigneront une fois que vous les aurez rejoints.

Le jeune mâle réfléchissait à toute vitesse, analysant la situation, pour le moins peu commune. Qu’est-ce que le couple Royal, et en particulier le Grand Tyto, avait derrière la tête ? Ce dernier donna quelques détails supplémentaires, avant d’appeler Clue pour lui donner le point de rendez vous auquel il devait immédiatement se rendre. Le lieutenant, une effraie… se prosterna respectueusement, avant de s’envoler et de sortir de la grotte. Bec d’Acier se tourna ensuite vers Soarin’.

Il se cambra pour paraître plus grand et assuré qu’il ne l’était réellement. Il cru voir le Grand Tyto sourire sous son masque.
- Soarin’, toi… tu sortiras des canyons par le Nord. Et tu te rendras au promontoire situé à la lisière du Pays Du Soleil d'argent. Ton coéquipier t’attend déjà. Pars maintenant, et ne parle de cette mission à personne.
- Très bien, votre Pureté.

Soarin’ s’inclina, avant de reculer de quelques pas, et de se retourner pour s’envoler. Quitter les canyons ne fut qu’une affaire de quelques minutes. Le soleil était toujours présent, et, tout en volant en direction du point de rendez-vous indiqué, le jeune mâle sentit les derniers rayons de l’astre chauffer le bout de ses rémiges.

__________________________________


Il faisait presque nuit lorsqu'il arriva au promontoire d'Argent, un simple rocher qui devenait d'un gris métallique surréaliste à la lumière de la lune, d'où son nom. Avec une subtile allusion au Pays du Soleil d'Argent de surcroît. Soarin chercha son prétendu coéquipier des yeux.
- Y'a-t-il quelqu'un ?

Rien. Le silence. Soarin se demanda un bref instant s'il n'était pas arrivé malheur à son compagnon de mission, lorsqu'il décida de s'élever dans les airs pour trianguler d'éventuels bruits qui dénonceraient la présence de qui que ce soit. Il fini par entendre une faible respiration, régulière et paisible.

Le jeune mâle se rapprocha sans bruit de l'arbre dont les racines poussaient près du rocher du promontoire, et aperçu un creux. Il y rentra, sans un bruit, prêt à réveiller en sursaut celui qui le faisait attendre et mettait la mission en péril. Mais lorsqu'il vit l’identité de la chouette, il se stoppa net dans tout mouvement.

Chelinka.
C'était Chelinka sa partenaire de mission. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? En chemin, il n'avait cessé d'essayer de deviner l'identité de son coéquipier. Et pas un seul instant il eut imaginé que ce soit cette femelle dorée.

Incapable de tout mouvement, et saisit d'une profonde tendresse, il observa quelques minutes l’effraie qui dormait, les traits relâchés et paisible. Ce moment semblait durer une éternité. Pour lui, il ne dura que quelque secondes.
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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeVen 21 Déc - 21:31

    Chelinka vaquait dans ses rêves calmes, paisibles mais tout aussi étrange. Au dessus des nuages, dans le crépuscule, elle volait. C'était un rêve comme les autres pour elle. Pour l'effraie dorée, c'était un songe qui signifiait son besoin de s'échapper de la réalité, de la vérité et des mensonges, de Saint- Aegolius et du Grand Arbre. Bien sûr, elle n'était pas philosophe. Un rêve est un rêve, point. Mais donner une signification à sa pensée était un de ses passes- temps favoris, et elle avait prit l'habitude de le faire.
    Le silence pesant, tout comme le vent, berçait le sommeil léger de Chelinka. Ce sommeil où, uniquement, elle rêvait qu'elle volait. Rien de plus, mais cela suffisait pour faire palpiter son coeur. Un rêve simple, comme elle avait l'habitude d'en faire, mais si unique... Mais ses rares instants de rêverie lui suffisaient à s'échapper de la vie, c'était une chose qu'elle adorait, surtout en ses temps durs. Un sentiment de chaleur envahit la jeune femelle, et elle sourit.

    ~~~


    Chelinka se réveilla après de moins d'une heure de sommeil. Elle se leva, et étira ses ailes. Elle remarqua alors la présence de Soarin. Son regard croisa celui du beau mâle. ... J'ai dû faire une gaffe... , songea-t-elle en tournant la tête. La jeune femelle esquissa un sourire. Un sourire sincère, franc. Oh, elle se doutait que tenter de le charmer ne servirait à rien. Après tout... ils étaient un peu près pareils... Séduire pour mieux blesser.
    Un instant, Chelinka se demanda depuis combien de temps Soarin' était entré de le creux. Elle rougit un instant, ce qui contrasta bien sur son disque facial blanc de neige. Elle écarta alors cette question de son esprit, et se reprit. ce n'était pas le moment de perdre ses moyens ! Pourtant, la situation lui semblait gênante, elle qui avait l'habitude de dormir seule. Elle ne put s'empêcher plus longtemps de rougir. Elle tenta de se ressaisir rapidement, secouant la tête, et en rompant le silence, déclara d'un voix qu'elle voulut calme et assurée :

    "~ Euh... Salut... 'Fin bon, on est là pour la mission. Bref. Bec d'Acier nous demande de retrouver l'ancien haut- gradé qui à déserter, Acturus. Tu le reconnaîtras facilement, c'est un hibou strié, comme tous les autres. Certains disent avoir trouver ses traces ici. Il semblerait qu'il soit parti... " Chelinka hésita une seconde, mais se résigna à mentir à Soarin'. De toute manière, il verrait bien si elle lui disait la vérité ou non. ".. Vers le Grand Arbre de Ga'Hoole. "

    Voilà. Elle avait hésité à le dire. Mais Chelinka savait que mentir plutôt que de dire la vérité trahirait plus rapidement et plus sûrement. Et, en plus, elle avait confiance en Soarin. Ce n'était pas le type de soldat qui répandait la rumeur, ou qui répétait au premier venu ce qu'il avait entendu. Mais ce n'était tout de même pas le genre de l'effraie dorée de dire ça comme ça. D'accord, elle appréciait bien Soarin... C'était un rare mâle qui ne faisait pas tout pour la séduire. Mais elle n'avait jamais osé le dire ainsi, même pas à Omyra. Alors, pourquoi le déclarait- elle à lui ?
    Cette phrase pourtant si anodine chamboula les idées de Chelinka. Elle eut un peu de mal à s'en remettre. Et elle n'osa même pas regarder Soarin en face. Elle n'avait pas peur qu'il découvre que ce soit une infiltrée, non. Elle avait peur de ce qu'elle venait de dire, de ce qu'elle n'avait pas révélé auparavant. Peut- être que c'était juste que Soarin lui inspirait confiance. Chelinka espérait ça. Elle avait peur de faire trop confiance à quelqu'un. Mais, faute de moyen, elle se tut, et son sourire mourut sur son bec.
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Altahyr
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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeVen 21 Déc - 22:34

Un étrange sentiment de flottement. Comme s’il se sentait tout léger. Comme libre. Libre comme jamais il n’avait été. Soarin, dans son passé, n’a jamais été réellement libre, et ne savait pas comment c’était que d’être dépourvu un instant de loi, de supérieurs et d’obligation. Il était là, seul avec Chelinka qui dormait paisiblement, comme si sa quiétude rayonnait dans tout le creux qu’ils occupaient. Cet étrange sentiment le désarçonna, et il fut un instant tout perdu, comme sans repère.




- Allez, mon Père, laissez-moi aller jouer dehors !
- Je t’ai déjà dit non, Soarin.
- Mais… mais pourquoi ? J’ai fini mes exercices de traduction en hoolien des extraits krakéens que vous m’aviez donné à faire, comme vous avez demandé. Et j’ai même avancé dans le devoir de mathématiques.
- Lequel ?
- Celui sur la mécanique et la physique ?
- As-tu commencé celui sur les pressions atmosphériques ?
- Non, mais…
- Et ton livre sur la quantique ? Où en es-tu ?
- Au chapitre trois. Mais…
- Il n’y a pas de mais qui tienne, petit. Travail, régularité et rigueur, sont les mots maitres, et la clé du savoir. Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?

Le petit oisillon fixa le frère glauciscain dans les yeux, le transperçant de ses prunelles violettes. Il n’avait pas encore atteint sa taille adulte, mais la plupart de son duvet était tombé, et de belles plumes argentées avaient l’avaient recouvert, pourvues de reflets et de tâches dorée qui lui donnaient fière allure. Il réfléchi un instant, regardant la neige tomber dehors. Puis, d’une voix pleine d’envie et de rêve, il répondit :
- Je voudrais apprendre à voler.
.…




Soarin revint péniblement à l’instant présent. Clignant des yeux, il sembla un instant troublé par cette réminiscence de son enfance, régie par le code strict des frères des Pays du Nord. Il frissonna, tentant de chasser ces tristes souvenirs de sa mémoire.

C’est cet instant là que Chelinka sembla se réveillée. Elle sembla un instant aussi perdue que lui, et le jeune lieutenant se demanda un instant s’il fallait qu’il sorte du creux pour laisser un peu d’intimité à la jeune femelle dorée. Cette dernière le regarda dans les yeux, avant de détourner la tête.
Machinalement, Soarin pivota la tête sur le côté, intrigué. Elle… elle était en train de rougir, là ? Inconsciemment, le jeune mâle eut un sourire en coin. Chelinka, elle, sembla chercher ses mots. Il redressa la tête lorsqu’elle se tourna une nouvelle fois vers lui, et haussa un sourcil, l’encourageant à parler.

Elle déballa d’une seule traite :
"~ Euh... Salut... 'Fin bon, on est là pour la mission. Bref. Bec d'Acier nous demande de retrouver l'ancien haut- gradé qui à déserter, Acturus. Tu le reconnaîtras facilement, c'est un hibou strié, comme tous les autres. Certains disent avoir trouvé ses traces ici. Il semblerait qu'il soit parti... Vers le Grand Arbre de Ga'Hoole. "

Soarin perçut la réticence dans la voix de Chelinka. Avait-elle hésité à lui dire la vérité ? A lui parler de l’Arbre, cet endroit légendaire où habitaient les gardiens ? Le jeune mâle ne releva pas, et fit comme si de rien n’était, alors qu’il nota cette information dans un coin de sa tête.

Quelque part, elle avait choisi la carte de l’honnêteté, et Soarin savait le reconnaître. Il eut un petit sourire avenant, à l’instar de Chelinka. Puis un silence gêné s’installa, et leur sourire s’effacèrent. Le jeune mâle reprit contenance, avant d’inspirer un bon coup, et lança un dernier regard sur le ciel où désormais le soleil n’avait plus sa place, déjà entièrement fondu dans l’horizon. Pui il se tourna à nouveau vers sa partenaire de mission, puisque ce c’était ce pourquoi elle était ici, au lieu de rendez-vous, et décida de briser le silence, devenu trop pesant :
- Très bien. Sais-tu s’il faut le ramener vivant ?

Il fit jouer les articulations de sa serre gauche pour la détendre, avant d’ajouter, soudain un peu moins professionnel :
- Tu veux dormir encore un peu, ou qu’on commence les recherches tout de suite ?
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Dream _
MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeMer 2 Jan - 13:49

    Le silence gêné dura, encore et encore, si bien que Chelinka eut la peur innocente qu’il allait jamais ce dissiper. Bien sûr, c’était assez bête quand on y réfléchissait, mais après tout, vu ce qui se produisait ces derniers temps dans le monde des chouettes et des hiboux, tout semblant vraisemblablement possible désormais. Donc après tout, qu’un silence ne se lève et ne quitte jamais ce creux, comme une personne vivante qui habiterait ici, pourquoi pas…
    Le monde commençait à perturber Chelinka au point que désormais, elle commençait presque à approuver la suprématie des Tyto. Oui, ils étaient tous égaux, etcetera, mais après tout, les Tytonidés étaient l’espèce la plus répandue dans les Royaumes du Sud, alors, les Sang- Purs n’avaient - ils pas raisons… ? La belle effraie dorée en venait à douter de tout cela. La vérité et le mensonge s’emmêlaient et se bousculaient dans sa tête.

    « ~ Très bien. Sais-tu s’il faut le ramener vivant ? »

    Sortie de sa léthargie, Chelinka faillit sursauter quand Soarin lui demanda ceci. Elle fouilla dans ses pensées et se rendit compte qu’il n’avait pas aborder ce sujet- ci. Mais elle se doutait également que le Grand Tyto désirerait le faire souffrir le plus possible, et si il résistait bien, il le reprendrait dans son armée. Donc la possibilité de le tuer était donc à éviter. « Dommage, » songea-t-elle « j’aurais pas été contre une petite bataille ». En se rendant compte de la monstruosité de ses pensées, elle secoua imperceptiblement la tête. L’effraie dorée commençait vraiment à devenir une sang pure. Alors qu’elle allait répondre, Soarin lui demanda avec une douceur non- professionnel déconcertante :

    « ~ Tu veux dormir encore un peu, ou qu’on commence les recherches tout de suite ?  »

    Pour vivre avec eux, Chelinka connaissait par cœur les méthodes rustres, brutales et même qualifier barbares par les gardiens. Mais la question de Soarin ne semblait pas masqué un quelconque arrière- fond de méchanceté, mais plutôt d’une gentillesse qui déconcerta l’effraie dorée. Un moment, elle se sentit gênée, avec le fait qu’elle avait dormi alors qu’elle devait être en mission, et également du fait que le beau Sang- Pur l’ai vu dormir paisiblement. Pourquoi ? Elle éloigna rapidement cette idée de son esprit.
    Lorsqu’elle voulut répondre, Chelinka sentit les mots mourir sur sa langue. Ce n’était pas dans sa nature de balbutier, et ce fut quelque chose qui la surpris encore plus. Heureusement, elle avait murmuré ce qu’elle voulait le début de sa phrase, si bien qu’elle doutait que Soarin l’ai entendu. Elle se reprit vivement, cherchant ses paroles une seconde, et chassa alors le silence qui régnait de nouveau.

    « ~ Non… Non merci, il vaudrait mieux commencer les recherches maintenant.  » Trouvant soudain ses paroles un peu rustre, elle rajouta alors, avec un peu plus de douceur. «  Mais merci de me l’avoir demandé, ça me touche…  »

    Se rendant alors compte brutalement qu’elle n’avait pas répondu à la précédente question - Savoir si ils devaient ramener Arcturus vivant ou non -, Chelinka reprit ses esprits rapidement et une fois de plus - Ou de trop ? -. Reprendre brusquement de la plume de l’oiseau était chose plus que courante chez elle, du fait que l’effraie dorée oubliait souvent de répondre aux quand il y en avait une autre qui se succédait.
    Encore une fois, Chelinka chercha ses mots pendant une petite minute. Elle ne voulait pas encore que sa phrase meurt sur sa langue avant qu’elle n’eut le temps de dire ‘Ouf’, et elle ne voulait pas non plus dire quelque chose de travers. Donc choisir consciencieusement ses mots lui semblait une chose approprié à la situation, malgré que ce ne soit pas dans sa nature de faire preuve de tant de tact. Peut- être que c’était la perspective d’avoir enfin une nouvelle mission importante, à moins que ce ne soit la présence de Soarin… Non, elle se faisait des idées.

    « ~ Bec d’Acier n’a pas précisé si on devait le ramener mort ou vif, mais je penses qu’il vaudrait mieux éviter de le ramener trop mal au point, car il voudra certainement le torturer… Et si il est devenu Gardien, le faire parler.  »

    Encore une fois, Chelinka avait hésité à parler de la dernière possibilité, mais sa langue se déliait peu à peu. Elle esquissa un fin sourire, et attendit la réaction de son partenaire de mission.

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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeSam 5 Jan - 19:55

    Soarin fut content que Chelinka brise enfin le silence qui s’était installé. La voix de la jeune femelle était toute faible, comme pas assurée.
    ~ Non… Non merci, il vaudrait mieux commencer les recherches maintenant. Mais merci de me l’avoir demandé, ça me touche…

    Soarin eu un petit sourire en coin, le genre de sourire qu’il essayait de cacher tant bien que mal, et qui finalement étirait un seul coté de son bec… Le genre de sourire que les femelles trouvaient craquant, et qu’il se servait souvent pour les charmer… Sauf là, où, curieusement, c’était un sourire authentique, sans arrière pensée, ou volonté de se montrer mignon pour séduire Chelinka. Il appréciait énormément la compagnie de la femelle, et ne souhaitait pas la gâcher par un simulacre d’idylle. Non, pour lui, c’était comme si l’amitié et la complicité qui semblait se créer entre elle et lui était le plus beau des trésors.

    Curieuse sensation.

    Il avait envie d’enjoliver cette relation, de la rendre plus belle et plus forte, de la faire atteindre un paroxysme qui la rendrait invincible et indestructible. Comme si l’amitié de Chelinka était la plus précieuse chose au monde. Cette sensation de bienêtre, et d’agir sans charme ni volonté de manipuler l’autre, cette volonté de vrai et d’authenticité, jamais Soarin n’avait vécu cela auparavant. C’était si agréable. En compagnie de Chelinka, il arrêtait de faire semblant. Pour la première fois depuis toujours, il agissait librement.
    Mieux, il était lui.

    Pendant qu’il essayait de définir au mieux ce qu’il vivait, Chelinka semblait elle aussi en pleine réflexion. Finalement, elle prit la parole, d’une voix plus douce et plus sûre que la fois précédente.
    ~ Bec d’Acier n’a pas précisé si on devait le ramener mort ou vif, mais je pense qu’il vaudrait mieux éviter de le ramener trop mal au point, car il voudra certainement le torturer… Et s’il est devenu Gardien, le faire parler.
    ~ Très bien. Nous devrions partir maintenant, dans ce cas. Essayer de l’intercepter avant qu’il ne puisse atteindre les gardiens. Il faudrait commencer les recherches dans une zone précise. As-tu une idée ?

    Il sauta sur une branche juste à l’entrée du creux où ils se trouvaient, avant de se retourner vers Chelinka. Son regard s’attarda un instant sur son plumage doré, avant de remonter sur ses yeux. Son regard alla de l’un à l’autre, quelque peu décontenancé. Sa surprise passée, il fit :
    ~ Oh. Je n’avais jamais remarqué que tu avais les yeux vairons. C’est… C’est troublant… Mais joli.

    Les deux prunelles de la femelle se posèrent sur lui. Encore une fois, son regard fit la navette entre la prunelle rouge sombre et la prunelle dorée. Puis Soarin eut l’idée de fixer celui de gauche, pour avoir un regard stable. Il lui fit un maigre sourire d’excuse.


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Dream _
MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeJeu 24 Jan - 18:53

    Le sourire sur le coin du bec de Soarin fit bondir le cœur de Chelinka dans sa poitrine. Elle sentait presque son gésier faire des sauts énergétiques au niveau de son ventre. Un flot de sentiments purs l’envahit soudain, si familier et inconnu à la fois, ainsi qu’une étrange chaleur, accompagnée d’un sentiment de bien-être intense. La femelle dorée était sûre d’avoir déjà ressenti toutes ses sensations un jour, il y a si longtemps en année chouette qu’elle ne s’en souvenait même plus. C’était peu après son intégration chez les Sangs –Purs… Mais quand exactement ?
    Fouillant dans ses souvenirs enfouis au plus profond de son esprit et y étant ancré à jamais, Chelinka en vint même à en chercher dans son passé le plus lointain… Même à l’époque où elle vivait au Grand Arbre. Dans ce monde rose bonbon où tous souriait, où son enfance était belle et facilement qualifiable de pur, là où elle était élevée dans du coton. Cette enfance pourtant si solitaire, sans proche, ni ami ni famille.

    « Au fin fond du brouillard, une voix enchantant résonne… »

    Chelinka ouvrit les yeux sur un monde sombre. Le bec entrouvert, elle haletait légèrement. Son cœur palpitait fort dans sa poitrine. Son gésier faisait des bonds, proche de son estomac, le retournant presque. Une sensation de nausée l’envahissait par moment. Son duvet ébouriffé, ses quelques rares plumes hérissés et hirsutes, les yeux écarquillés, elle observa les alentours. Rien. Il n’y avait personne. Seulement là, la petite femelle couverte de duvet doré s’autorisa à respirer. Son petit corps tremblait, et elle était prise de spasmes. Elle jeta un coup d’yeux hors du creux. Rien. Les couloirs étaient déserts.
    Ce n’était qu’un cauchemar… Un simple cauchemar…
    Pourtant… Il semblait si réaliste.

    « Viens, viens, jusqu’à ce que tu sois profondément enfoncé dans la forêt. »

    La voix l’appelait. Cette belle voix chantante et cristalline qui la berçait durant son cauchemar, qui reprenait chaque jour durant. Chaque jour durant depuis une lune, alors que ses premières plumes pointaient, cette mélopée reprenait, et son cauchemar en même temps. Et comme chaque jour, peu avant l’ombrée, Chelinka sortait de son creux, nerveuse, et jetait un regard dehors, vers la forêt d’Ambala… Là d’où provenait cette voix. Là où ses deux jolies chouettes aux plumes entièrement dorées et aux yeux bleus vivaient et chantaient, et où elles l’appelaient.
    Cette mélopée si étrange…

    « Vite, vite, tu ne te rapprocheras que si tu es plus rapide. »

    Oh, grand Glaucis, Chelinka aurait bien voulu se débarrasser de ses cauchemars si envoûtants et terrifiants. Malheureusement, malgré ses efforts pour éloigner ses mauvais rêves, rien ne marchait. De l’infusion au graine de pavots de Cordon- Bleu jusqu’à la lecture, rien ne chassait ses songes enchanteurs. Ce monde de chant, où, un rayon de miel en forme de bâton pouvait être une baguette magique. Mais, malgré toute la ferveur qu’avait la petite boule de duvet à chasser ses cauchemars, et malgré tous ses essais vains, rien ne marchait.

    « Viens, viens, n’est- ce pas amusant ? »

    Mélancolique et songeuse, Chelinka osa jeter un autre regard dehors. La forêt l’appelait, accompagné de ses deux chouettes couleurs or. Son envie de s’élancer par- delà l’océan de Hoolemere était forte, puissante, et invincible. Malheureusement, la petite femelle était loin d’avoir toutes ses plumes, et de loin la puissante suffisante pour faire le trajet aller- retour du Grand Arbre jusqu’à Ambala, et vice- versa. Mais elle avait hâte d’apprendre enfin à voler pour les rejoindre, et s’enfoncer dans la forêt, jusqu’à atteindre cette voix envoûtante qui chantait tous les soirs depuis une lune.

    Le chant résonnait toujours dans le creux de Chelinka. La mélodie, bien qu’enjouée, était oppressante, si bien que la nuit elle-même semblait terrifiante. Le ciel, piqueté d’étoile, était marqué par l’absence de la blafarde lune. La même lune qui devait être là toutes les nuits, celle qui éclairait habituellement de ses si beaux rayons blancs- argentés et éclatants le Grand Arbre et l’océan qui se dressait en face. Chaque soir habituellement, la femelle couverte de duvet voyait ce magnifique spectacle. Et ce soir-là, alors que la mélopée résonnait dans le creux, l’absence de ce phénomène aussi surprenant que naturel était plus que pesant.
    Le cœur de Chelinka faisait des bonds. La peur lui tordait les entrailles. Son instinct lui criait de ne pas écouter ses paroles. Mais comment les ignorer ? Elles étaient si belles, si douces, que résister était impossible. Rêveuse, Chelinka regardait le ciel, comme chaque fois, ignorant sa crainte et son instinct, en souhaitant plus que tout se rendre au plus profond, au fin fond de cette forêt, dans cet ancien habitat d’Autre, un manoir. Ce désir était indestructible. L’envie de pouvoir enfin s’envoler était plus intense jour après jour. Et elle se promit que, dès que toutes ses plumes auraient pointé, elle s’envolerait enfin pour rejoindre les deux chouettes couleurs or.

    Et, tenant à cœur toutes ses promesses, et le chant résonnant toujours dans le creux de ses rêves chaque soir, en oubliant sa peur, et à chaque fois en oubliant que c’était un cauchemar, Chelinka s’envola et se rendit à Ambala pour la première fois de sa courte vie.
    C’est ainsi qu’elle eut gâché son enfance.


    Le voile qui avait gagné les yeux de Chelinka glissa soudainement hors de ses jolies prunelles. Elle jeta discrètement quelques coups d’yeux effarés autour d’elle. Combien de temps avait duré ce brusque retour dans le passé ? Quelques secondes, une minute ? Point longtemps en tout cas, vu que les étoiles n’avait guère eut le temps de changer de place. Chaque constellation était à leur place. En revanche, la femelle dorée était sûre que Soarin avait parlé. La voix du mâle résonna dans son cœur, si distinctement qu’elle n’aurait su déduire si c’était un écho ou s’il venait juste de parler.

    « ~ Très bien. Nous devrions partir maintenant, dans ce cas. Essayer de l’intercepter avant qu’il ne puisse atteindre les gardiens. Il faudrait commencer les recherches dans une zone précise. As-tu une idée ? »

    Chelinka se pinça discrètement, pendant une fraction de seconde, moment si éphémère qu’il en fut invisible, la mandibule inférieure. Elle remarqua seulement à cet instant que Soarin c’était rapproché de la sortie - Et aussi de l’entrée... - du creux. Il lui jeta un regard, puis s’attarda une minute à la détailler… Elle décida de faire de même.
    Le plumage du mâle était blanc sur son poitrail, son disque facial et ses pattes, mais en revanche, son dos était d’un joli argenté, constellé de reflet et de mouchetures dorés. Ses yeux, hors du commun, étaient couleur d’améthyste. Il faisait bien une tête de plus que Chelinka. Soarin était sans conteste le plus beau mâle de Saint – Ægolius… Bien que la femelle dorée n’en avait même pas croisé de plus beau au Grand Arbre.

    En se surprenant à penser ça, Chelinka manqua de sursauter – Ce qui aurait été plutôt visible… Vu que Soarin la détaillait. Son cœur s’emporta de nouveau, se remit à palpiter fort. Chaque battement était amplifié par cent, autant en vitesse qu’en intensité. La jolie femelle dorée s’efforça de soutenir le regard du beau mâle sans ciller… Et remarqua qu’il avait plongé ses yeux dans les prunelles vairons des siennes. Elle fit un sourire léger et gênée, et murmura :

    « ~ Déconcertant, n’est-ce pas ? »

    Soarin aussi esquissa un fin sourire, d’excuse semble-t-il, et décida de fixer l’œil gauche de Chelinka – Le plus facile à fixer, étant donné que c’était celui couleur ambre, qui se fondait le plus avec son plumage.

    « ~ Oh. Je n’avais jamais remarqué que tu avais les yeux vairons. C’est… C’est troublant… Mais joli. »

    J’ai l’habitude… ’ Voulu murmurer Chelinka. Pourtant, aucun son ne sortit de son bec. ‘ Non… Pas encore… ’ C’était une situation qui déplaisait beaucoup à la femelle effraie. Depuis que Soarin était arrivé dans le creux, elle avait un comportement étrange. Elle-même le ressentait. Elle était frustrée, mais enveloppé dans un voile de bien- être tellement fort, tellement intense qu’elle n’arrivait pas à se concentrer. C’était plus fort qu’elle… Un sentiment étrange et nouveau – Du moins, presque nouveau…- émergeait de son esprit. Elle se sentait bien. Son cœur palpitait si vite que les pulsations étaient incontrôlables. Drôle de sensation.
    A son tour, ayant perdu un peu d’avance, perdue dans sa rêverie, Chelinka s’avança vers l’entrée du creux, au côté de Soarin. Leurs plumes se frôlèrent une légère seconde éphémère. Elle en eut du mal à en retenir un frisson. Les yeux de la femelle se levèrent vers le ciel. La lune commençait à décliner doucement. La nuit allait bientôt faire place au jour, l’ombre à la lumière, la nuitée à l’aube. Le spectacle de ce lever de soleil promettait d’être éblouissant.

    « ~ On doit se rendre à la grande clairière au sud de la forêt, là où se trouvent les murailles de pierres bâties par les autres. On dit qu’Arcturus aurait été aperçu par-là, et nous ne devons négliger aucune piste. Ensuite, selon les dire des témoins, on poursuivra notre route sur le chemin qu’il a emprunté. Là, nous aurons une chance de le coincer. »

    Pour couronner ses paroles, Chelinka fit un mince sourire, timide. Être timide était chose peu commune chez elle, mais esquisser un sourire franc, tout ce qui vient droit du cœur… Et exprimer ainsi ses sentiments en toute sincérité, sans mentir ni se cacher ou devoir jouer encore et toujours la comédie, était quelque chose qui plaisait à la femelle.
    Ce petit quelque chose plaisait d’autant plus à la femelle que la compagnie du jeune mâle. Chelinka et Soarin n’avait guère le temps de se croiser à Saint- Ægolius, et encore moi de parler ensemble… Et en tête à tête. Seuls. Être en sa compagnie suffisait à faire palpiter le cœur de Chelinka et à faire bondir son gésier. Elle avait besoin de cogiter sur tout cela.

    « ~ Soarin… Deux effraies particulières comme nous ne passerons jamais inaperçu. Je propose donc qu’on se sépare, et qu’on se retrouve aux murailles, disons, quand le soleil atteindra son zénith ? Ce sera plus discret, il ne voudrait mieux pas que des furets se rendent compte que des Sangs- Purs rôdent. »

    Chelinka avait un peu peur que le mâle croit qu’elle cherchait à s’éloigner de lui… Chose qui n’était pas fausse, mais elle avait sérieusement besoin de réfléchir sur la situation présente. Désormais, l’amitié qu’elle espérait voir naître entre elle et Soarin était plus importante que tout, même que sa mission. Et même du fait qu’elle soit une gardienne qui devient une Sang Pure au fur et à mesure du temps.
    Malgré tout, Chelinka avait besoin de solitude. A l’orphelinat autant qu’au Grand Arbre, elle avait toujours été très solitaire, jouant juste avec les sentiments si malléables des autres mâles de Saint- Ægo, ou parfois passant du temps avec Omyra ou Saphyra, ses meilleures amies, ou Ginger et Uklah pour les missions. Elle n’avait pas d’autre proche, pas d’attache, pas de famille. Mais avec Soarin… Tout était si différent. Elle avait réellement envie de rester avec lui, pour autant de temps qu’il le souhaiterait.
    Pour elle, tout fut toujours différent.

    « Chelinka ? Ca ne va pas ? »

    Ladite Chelinka en question se leva en sursaut. Face à elle, un de ses rares amis : Nox, une chouette effraie ombrée avec qui elle partageait le creux depuis son adhésion au Squad de Ga’Hoologie. Plutôt commune, le mâle était tout de même légèrement plus grand que les effraies basiques, et dépassait Chelinka de quelques bons centimètres. Un disque facial blanc, contrastant avec le noir de son plumage, les yeux foncés avec une pointe de bleu sombre.
    Pour rassurer son ami, Chelinka esquissa un bref sourire, qui ne dura que un bref laps de temps, et hocha légèrement la tête. Si elle ouvrait le bec, Nox allait se rendre compte qu’elle tremblait plus que jamais, un peu plus que chaque soir mais un peu moins que la nuit suivante, et que sa voix était rongée par l’angoisse. C’était trahir le fait qu’elle avait cauchemardé.

    Cela faisait deux lunes jours pour jours que ses cauchemars l’a rongeait de l’intérieur. La première fois, Chelinka les avait racontés à Nox, ainsi que la seconde, et la troisième. Mais la femelle avait cessé, car elle voyait bien qu’il était mort d’inquiétude pour elle. Et c’était quelque chose qu’elle ne souhaitait pas.
    Chelinka et Nox étaient inséparables. Même une sœur et son frère était moins collé l’un a l’autre que ces deux-là. Ils passaient un maximum de temps ensemble, et ils avaient l’occasion de jacasser à loisirs lorsqu’ils n’étaient pas en cours car ils avaient la même ryb et le même emploi du temps. Depuis qu’on les avait placé ensemble dans le même creux, ils étaient bien plus proches que quiconque.

    « Non… Ne t’en fais pas. Ca va. »

    Chelinka avait énormément de mal à mentir à son ami. Il n’y avait rien que les deux pouvaient se cacher. ‘De toute façon, vu mon comportement, je suis sûre qu’il se doute que les cauchemars continuent’. Par manque de sommeil, les jolies prunelles de l’effraie dorée avait ternies, au point que de n’être plus que des galets rubis et ambre sombres. Le plumage de la femelle, naguère si bien lustrée, était entremêlé, un véritable champ de bataille.
    Malgré ses paroles rassurantes, Chelinka allait au plus mal. Elle tenait à peine debout, ses pattes ne la portait plus. Ses ailes étaient engourdies et faibles. Elle avait peine à parler, et, de la belle femelle, il ne restait qu’un petit tas de plume. Heureusement que Nox lui avait obtenu une dispense de cours ! Malgré tout, et malheureusement pour elle, passer ses nuits à se morfondre n’était ni bon pour le moral ni bon pour la santé.

    « C’est encore tes cauchemars. »

    Nox avait craché ses mots avec tant de froideur et de haine que Chelinka en tomba de son perchoir. L’effraie ombrée murmura un vague « Excuses-moi. », et vint aider sa camarade à se relever. La honte déformait le beau visage blanc de la femelle. Des larmes, amères et âcres, perlaient le coin de ses yeux. Elle allait réellement de plus en plus mal.
    Malgré tout, elle s’efforça de se relever. Elle hocha la tête. Chelinka était morte de honte, mais elle savait quelque chose : Elle était sûre que mentir à Nox l’enfoncerait encore plus dans sa solitude et ses cauchemars. C’était prévisible. C’était grâce à lui que la femelle tenait. Il était un peu son frère, elle était un peu sa sœur. Alors, accablée de honte, dépitée, elle hocha la tête.

    « Chelinka… je m’inquiètes vraiment pour toi. Il FAUT que tu fasses quelque chose. Ca ne peut plus durer, tes journées d’insomnies à cause de ses foutus cauchemars. Y en a marre à la fin ! »

    N’ayant guère souvent vu Nox dans un état pareil, Chelinka baissa la tête, honteuse et confuse. Ses pattes tremblaient et flageolaient, si bien qu’elle manqua de retomber. Elle se força à s’asseoir pour conserver son équilibre, chose qui allait être guère facile. Les larmes amères coulaient le long de son visage blanc, sous ses yeux vairons. Malgré ses nuits d’insomnies, la femelle n’avait jamais été dans cet état.
    Lui-même honteux, Nox esquissa un maigre sourire d’excuse, et vint lisser quelques plumes de Chelinka. Ce n’était pas dans son habitude de s’emporter, mais ses colères pouvaient se révéler très forte, mais heureusement que très peu fréquente. Et il n’était pas du genre à ne pas s’excuser une fois sa colère passée et son ressentiment tombé. Et avec Chelinka… Sa fureur mourrait toute seule quand il la voyait si triste.

    « Chelinka… Tu es comme ma sœur. Je veux prendre soin de toi, et que tu ailles pour le mieux. Si je peux faire ça, alors, si je meurs tôt, je serais heureux d’avoir accompli quelque chose de bien en ce bas- monde. »

    C’est à ce moment que Chelinka comprit. En plus d’être un peu comme son frère, Nox était aussi comme son ange gardien. Il était là pour veiller sur elle… C’était chose courante que Glaucis envoie des serviteurs pour aider des chouettes à revenir dans le droit chemin. Mais malheureusement, la femelle avait vu, que quand c’était le cas, ces anges tombés du ciel ne vivaient guère longtemps… Elle devrait se séparer de Nox. A cette pensée, son cœur se serra.
    Chelinka n’avait jamais perdu de proche. Et Nox lui-même le disait : Il allait bientôt mourir pour la protéger. En face d’elle, elle avait la preuve que ces anges existaient. Ils étaient tout ce qu’ils y avaient de plus beau sur terre. C’était au gardien de faire comme si ils en étaient, et d’aider les faibles. « Hoole devait être un ange gardien alors. Peut-être que dans l’ancien temps, ils vivaient plus longtemps. »

    « Je ne pourrais pas toujours être là pour toi, Chelinka. Mais je le sais. Un jour, tu trouveras quelqu’un pour veiller sur toi, pendant toute ta vie. Je te le promets. »

    Nox plongea ses yeux foncés, ornés de bleu, dans les prunelles vairons de Chelinka. Il vit son propre reflet, cerclés de lumières. La femelle effraie ne distingua qu’une jolie couleur mauve- violette, avec l’éclat de l’améthyste. C’était comme une sorte de vision, qui venait de la plonger en transe. Une mince silhouette se détachait de l’éclat mauve. Mais qui était-ce… ? Une réponse à laquelle elle n’aurait su répondre.
    Ne parvenant plus à soutenir le regard de Nox, Chelinka baissa les yeux. L’éclat améthyste qui avait envahi le creux disparu comme un scrome dans de la brume. L’effraie ombrée baissa à son tour ses yeux. Il savait qu’il faisait de la peine à celle qu’il considérait comme sa sœur, mais il n’avait pas le choix : Plus tôt il lui apprendrait la vérité, mieux ce serait pour lui, mais aussi pour elle.

    « Je suis si désolé… »


    Les paroles de feu Nox résonnèrent dans l’esprit de Chelinka. Encore une fois, son esprit l’avait ramené dans le passé. Un passé flou, douloureux. Elle lança un regard vers le ciel. Les astres n’avaient pas bougé. Son bref retour dans le passé n’aura guère duré. Mais combien de temps encore tous ces ‘flahs-backs’ allaient- ils continuer ? Une nouvelle question qui demeurerait sans réponse naquit dans l’esprit de la femelle.
    Le cœur de Chelinka s’emballa de nouveau en regardant Soarin. L’éclat de ses yeux étaient le même que celui dans le regard de Nox. Elle comprit soudainement l’étrange sentiment qui l’habitait depuis qu’il était arrivé dans le creux, alors qu’ils devaient juste faire une mission, comme habituellement.
    Ce sentiment, elle l’avait déjà ressenti avec quelqu’un. Gartor.
    Elle avait eu le coup de foudre pour Soarin.

    Non…
    Pour l’avoir déjà connu, Chelinka savait que l’amour, en plus d’apporter le bonheur, apportait de la peine, des déceptions et des larmes. Oh, combien de nuits avait- elle pleurer son amour perdu ? Combien de nuit avait –elle jurer qu’elle ne retomberait jamais amoureuse ? Et là, son cœur battait pour Soarin.
    Mais surtout… Elle était une gardienne. Une gardienne infiltrée chez les Sangs- Purs, et qui doutait désormais de la cause de sa faction, mais une gardienne quand même. C’était un amour impossible. Et de plus, Chelinka n’était même pas sûre que ses sentiments soit réciproque. Mais comment s’en assurer… ? Et elle n’allait pas de nouveau survivre à un chagrin de cœur su grand, si fort.

    Malgré tout, Chelinka ne pourrait pas vivre comme cela, en croisant par hasard Soarin tous les jours ou presque, sans être certaine de ces sentiments, à lui. Mais en fait, elle avait peur. Son gésier balançait entre l’amour et la peur. Et… Comment le dire à Soarin ? Malgré qu’ils aient parlé une fois ou deux, ils n’avaient jamais tenus de véritable conversation… Alors là… ‘J’ai besoin de réfléchir… Mais surtout de savoir ce que lui pense.’

    « ~ Je me mets en chemin, Soarin... On se retrouve à midi à la clairière en bordure des murailles, à la frontière du Pays du Soleil d’Argent et de la Forêt des Ombres. »

    Sans un mot de plus, mais avec un petit sourire, Chelinka jeta un regard à son partenaire de mission et s’envola. Une de ses belles plumes dorées, qui voguait depuis toute la nuit, portée par le vent, vint retrouver son chemin à son tour, et se posa dans le creux, à côté de Soarin. Bien sûr, la femelle dorée ne le savait pas. Elle était trop occupée à cogiter sur la situation qu’elle vivait à présent.
    Non… je ne peux pas aimer quelqu’un d’autre… L’amour ne cause que de la souffrance… Mais pourtant… Je suis si attachée à Soarin… Je… Je ne sais pas…

    « ~ Je ne sais plus ! »

    Les mots de la femelle dorée se perdirent dans la nuit noire. Elle n’était désormais plus sûre de rien. Comment découvrir les sentiments de Soarin ? C’était une question, qui, elle demeurerait éternellement sans réponse. Tout se bousculait dans son esprit à cent à l’heure. Le flot de sentiment qu’elle avait ressenti peu avant de s’envoler refaisait de nouveau surface. Mais cette fois- ci, il était impossible de les contourner, de les éviter et même de les ignorer. Sans le savoir, Soarin allait tourmenter secrètement Chelinka. Mais il était impossible pour elle de lui en vouloir.
    Car elle l’aimait.






Trois mille cinq cent quatre vingt huit mots si on compte les balises pour dix pages !!! C'est un nouveau record ! :D
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Altahyr
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Qui es-tu ?
Race: Tyto abla
Santé:
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Rang: Lieutenant des Sang Purs ( et assassin à mi-temps)

Dream _
MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeSam 2 Fév - 10:59

    Pourquoi avait-il dit une chose pareille ?
    Intérieurement, le jeune tyto argenté soupira, frustré, et en colère contre lui-même. Voilà qu’il recommençait. Etait-il à ce point devenu séducteur et manipulateur, pour qu’il continue, même malgré lui, à flatter les jeunes femelles qu’il rencontrait sur son passage ? Mais quel crétin il était !

    Pourtant, il sentait, au fond de lui, que ce qu’il venait de dire était sincère. Qu’il ne l’avait pas dit pour faire plaisir, ou pour se montrer comme quelqu’un de bien et de gentil. Non, il avait dit cette phrase tout naturellement, et surtout avec franchise. C’était bien la première fois que Soarin faisait un compliment sincère à la gente féminine, telle qu’elle soit. Et, mine de rien, cela le dérangerait beaucoup.

    Il secoua la tête. Si. Cela lui était déjà arrivé, au paravent. Une seule fois. Une unique fois il avait été honnête avec elle. Etait-ce à cause de son charisme, tout aussi écrasant que le sien, qu’il avait cédé sur ses principes ?
    La seule femelle qui n’avait jamais réussi le faire sortir de cette facticité n’était pas moins la célèbre Nyra. C’était elle qui l’avait fait sortir de sa grotte du royaume de Tyto, et de sa solitude. L’ablabesse de Saint Ægolius avait eut vent de ses prouesses techniques, et avait envoyé deux soldats lui présenter une convocation.

    Curieux, le jeune ingénieur s’était rendu dans les canyons pour voir de quoi il en retournait. Et c’est là qu’il fit la connaissance de la grande Nyra. La première femelle dont le charisme rivalisait avec le sien.
    - Jeune chouette… Es-tu donc ce fameux inventeur de la forêt de Tyto ?
    - Oui madame, avait alors répondu Soarin, attendant la suite. Je suis plutôt ce qu’on appelle un ingénieur.
    - Et quelle est précisément ta spécialité, jeune tyto ?

    Soarin avait alors raclé le sol de sa patte droite, comme il le faisait souvent lorsqu’il cherchait ses mots ou lorsqu’il était concentré. Quelques secondes de silence régnèrent dans la grotte royale dans laquelle Nyra avait invité le mâle aux yeux violets.
    - Alors ? Le pressa-t-elle.
    - Hé bien… commença Soarin.

    Il ne savait pas, à l’époque, si les Sang-Pur s’intéressaient aux Autres, ni comment ils réagiraient en présence de quelqu’un comme lui. Finalement, il s’était lancé, assumant ses passions et ses passe-temps.
    - Je suis plutôt spécialisé dans les stratégies appliquées, et les architectures complexes. Mais je suis également un chercheur, et j’étudie la culture des Autres, afin d’adapter certains de leur concepts et quelques aspects de leur technologie à notre monde.

    Nyra avait haussé un sourcil, sans rien ajouter toute fois. Soarin se souvenait parfaitement ce sentiment qui lui avait enserré le gésier, un mélange de déception et de peur, ténue mais prenante et bien présente en lui. Il était en train de perdre d’attention et la considération de Nyra, et il détestait cela.
    - J’ai quelques prédispositions pour la cartographie et les techniques de combat. Je sais lire et parler Hoolien aussi bien que le Krakéen. Je connais parfaitement les royaumes du Nord et leur culture, et j’ai de bonnes connaissances en navigation et en repérage des lieux.

    L’ablabesse supérieure l’avait alors considéré d’un œil nouveau :
    - Continues.
    - J’ai des contacts dans de nombreux royaumes, aussi bien au sud qu’au nord.

    Nyra s’était alors approchée de lui, et avait fait jouer son charme. Soarin n’était pas dupe, lui aussi excellant dans l’art de la manipulation par le charme. Ce fut à son tour d’hausser un sourcil, montrant clairement à la grande femelle blanche que son petit tour de passe-passe ne lui servirait à rien contre lui.
    L’épouse du Grand Tyto eut alors un petit sourire en coin, quoique quelque peu frustrée. Soarin s’était également autorisé un petit sourire. Il était certes leur invité, mais il n’avait eut en aucun cas un règlement d’attitude à signer ou accepter avant d’entrer. Il n’était au compte de personne, et s’en accommodait parfaitement. Du moins, il n’avait pas à se faire pénaliser par son comportement et son possible manque de respect des règles, car il n’était tout simplement pas l’un des leurs.
    - J’invente, aussi. De nouvelles techniques de combats, de nouvelles armes, ou des stratagèmes de sécurité, des instruments de mesures… Mon champ d’action est vaste.
    - Je vois ça…

    Nyra lui avait tourné le dos, et contemplait l’étage inférieur des canyons. Une brèche dans la roche, large de deux fois la taille d’une chouette, laissait passer énormément de lumière et, dans ce cas présent, laissait les rayons du soleil naissant peindre les murs d’une couleur écarlate, cette belle teinte orange sanguine qui caractérisent les roches des canyons, et qui donnait un beau reflet beige, subtile mais bien présent, aux plumes blanches et argentées des tytos présents dans la grotte.
    Soarin soupira. C’était bien la première fois qu’il déballait ainsi sur CV à quelqu’un. Il profita du moment de silence pour observer un peu son environnement. D’immenses grottes de pierres, des plateformes d’envol, des salles d’entrainement, ou encore d’armement… Les Sang-Purs avaient investi la quasi-totalité des canyons de Saint Ægolius. C’était… A la fois impressionnant, mais également effrayant. Les Sang-Purs étaient puissants, et nombreux, c’était indéniable.

    Alors que Soarin étudiait une pierre particulièrement intéressante, Nyra s’était retournée, encore toute pensive.
    - Hé bien, jeune tyto... Il semblerait que tu pourrais beaucoup apporter à notre grande famille que sont les Sang-Purs.

    Ah ? Avait faillit répondre le concerné. Mais il abstenu, gardant la tête relativement basse, le regard rivé sur celui de Nyra. La femelle avait poursuivit :
    - Que dirais-tu de nous rejoindre ? Nous sommes forts, et puissants. Nous offrons le pouvoir, et un objectif à atteindre. Qu’en dirais-tu ?

    Que j’ai déjà un objectif à atteindre serait un bon début, non ?
    Soarin sourit de sa propre provocation. Mais lorsqu’il ouvrit le bec, une toute autre réponse en était sorti, plus convenable et diplomate que sa pensée précédente.
    - J’en suis réellement très honorée, madame. Cependant, je tiens vraiment à ma vie de solitaire, et à mon creux à Tyto. Je ne me sens pas prêt à les quitter pour vivre ici… pour l’instant, du moins.

    Nyra avait parue déçue, à ce moment là. Le jeune mâle s’en souvenait encore.
    Déçue, et quelques peu exaspérée. Quoi ? Elle n’allait pas croire qu’il allait accepter tout de suite, là, d’un coup, juste pour ses beaux yeux, tout de même ! Ce genre de décision ne se faisait pas à la légère, et Soarin avait vraiment envie d’y réfléchir sérieusement, plutôt que de balancer une réponse hâtive qu’il risquerait de regretter un jour ou l’autre.

    Le silence de la grande femelle n’était que le moment de calme avant la tempête. Mais Nyra était intelligente, et elle savait que les menaces et la colère, tout comme le charme, n’avaient aucun effet sur le jeune ingénieur. Pour cause, Soarin en avait vu d’autre. Il s’était endurcit au fil des mois, n’ayant pas eu une enfance heureuse. Riche, instruite et dirigée, oui. Mais sans aucune trace d’affections. Le jeune mâle avait ainsi essuyé bon nombre de punitions, et était désormais immunisé contre les menaces, les excès de colère, ou encore la torture. Quant au charisme, qualité qu’il avait eut naturellement, il était suffisamment à l’aise dans ce domaine pour en connaître toutes les ficelles.

    Nyra, donc, avait poursuivit d’une voix douce :
    - Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. Veux-tu donc te désigner comme cible à abattre de notre faction ? Gâcher un tel talent serait dommage, mais nous ne pouvons pas nous permettre de le laisser tomber aux pattes des gardiens.

    Soarin avait ricané.
    - Et cela te fait rire ?

    Soarin avait vrillé son regard améthyste dans les yeux turquoise de la grande femelle blanche. Il remarqua une légère hétérochromie centrale dans ses yeux, se traduisant par un changement de couleur de l’iris en bordure de la pupille. Dans le cas de Nyra, ses pupilles étaient cerclées d’un fin anneau d’or pur.
    Le jeune mâle eut un rictus dédaigneux.
    - Jamais je ne ferai parti des gardiens, ni même les aiderai. Jamais. Si j’ai un camp à choisir, ce sera la vôtre.

    Nyra parût interloquée, presque surprise, même.
    - Nous avons un ennemi commun. Fit-elle simplement.

    Sa phrase sonnait plus comme une affirmation que comme une question. Un doux gout de résignation et de constat venait faire sonner les derniers mots. C’était plus comme si Nyra avait pensé à voix haute. Soarin venait, en même qu’elle, de réaliser à quel points les Sangs-Purs et lui étaient proches, mine de rien.
    - En effet, avait-il ajouté d’une voix basse et sonore.
    - Alors, pourquoi hésiter plus longtemps ?

    Il avait répondu du tac au tac :
    - Parce que je suis un solitaire par nature. Je suis un scientifique, un ingénieur. Pas un soldat ou un tueur. Je ne sais à peine me battre.
    - Mais tu disais que tu maîtrisais des techniques de combat, non ?
    - J’en invente. Mais je n’ai pas l’étoffe d’un guerrier.
    - Tu en invente, vraiment ?
    - Je n’ai tué qu’une seule fois dans ma vie un de mes congénères. Je ne verse jamais de sang quand je tue. J’utilise toute sorte de technique d’attaques et de défense, qui se rapproche de certaines façons de ce battre des Autres, pour parvenir à mes fins.
    - Tu n’égorges pas, ni n’empales ?

    Nyra semblait incapable de s’imaginer comment une chouette pouvait en tuer une autre sans que le sang coule. Soarin, intérieurement, s’amusait de la situation.
    - J’aime les morts propres. Chacun d’entre nous a une vie, des attaches, des envies et des buts. La vie est quelque chose de sacrée, même si certains esprits la pervertissent. C’est quelque chose de pur et de merveilleux. Je pense qu’ôter la vie de quelqu’un, la faire disparaitre de sa propre serre, mérite une certaine grâce et une certaine harmonie. La vie doit se finir comme elle a commencé : en douceur, propre et intacte.

    Nyra avait plissé un œil, guère convaincue.
    - C’est ma vision des choses, c’est tout.
    - Tu ne dois pas être très efficace en combat.
    - Détrompez-vous. Je suis plutôt violent. Mais pas sanguinaire. Il y a une nuance, tout de même.
    - Vraiment ?
    - Faites-moi combattre contre l’un de vos soldats, et vous verrez.

    L’ablabesse avait réfléchit pendant un bref instant, comme tentée par l’idée. Mais elle s’était ravisée.
    - Pas pour le moment. Sanguinaire au non, tu restes un atout de taille. Que puis-je te proposer pour que tu nous rejoignes ?

    Et là, Soarin eut l’illumination. Il voulait certes rester solitaire et indépendant, mais était très tenté d’essayer un peu la vie en faction. Surtout que celle-ci n’était pas si mal. Et le lieu l’avait véritablement charmé. Oui, Soarin adorait la pierre. Plus que les creux dans les arbres, il adorait ceux en roches. Solides, protecteurs, et plus isolants et malléables. Et le vrai plus, on pouvait dessiner dessus. Les écorces, elles, s’usaient trop vite, alors que seule la pierre demeurait intacte au fil des siècles.

    Le jeune mâle avait donc répondu :
    - Je suis un ingénieur et un inventeur indépendant.
    - Oui, je le sais, ça. L’avait coupé Nyra, exaspérée.
    - Mais laissez-moi finir. Dans ce type de métier, il arrive très souvent que nous cherchions des employeurs. Quelqu’un qui nous embauche pour nous donner du travail et des commandes précises.
    - Et tu voudrais qu’on te prenne comme… employé ?
    - C’est cela.

    Nyra claqua du bec, de nouveau pensive. Soarin avait attendu sa réponse avec une certaine excitation, qu’il avait grand peine à dissimuler. Finalement, la voix de la Reine blanche avait fini par retentir dans la grotte, d’un ton sans appel. Les deux soldats présents à l’entrée de la grotte tressaillirent, à l’instar du jeune ingénieur solitaire. Il eut un instant la tentation de se faire tout petit, mais résista, il y en allait de sa superbe, après tout. Et Soarin ne plaisantait pas avec ce sujet.
    - Moi, je vais poser des conditions.

    Elle s’était tournée vers lui, le regard perçant, résolue à ne pas se laisser avoir par lui. Nyra, sublime, avait alors poursuivit, une fois sûre de l’attention du jeune mâle.
    - Premièrement, tu seras soldat à mi-temps. Tu auras un entrainement approprié.
    - Très bien.
    - Bien. Deuxièmement, j’attendrais de toi une loyauté de tout instant. Si tu trouves une taupe, tu auras le droit de la tuer, ou de la ma rapporter.
    - Surtout si c’est un gardien, avait sourit Soarin, l’air mauvais.

    A son tour, Nyra avait sourit, voyant la hargne du jeune mâle envers leurs ennemis. Elle poursuivit :
    - Excellent. Troisièmement, je tolèrerai tes techniques de combat pour le moins douteuses. Mais si elles s’avèrent efficaces, je veux que tu les transmettes aux recrues désireuses de les apprendre.

    Il avait cligné des yeux, relativement surpris.
    - Là, j’en serais plus qu’honoré.
    - Pas de serre de combat, j’imagine ?
    - Non, je me bats à serres nues. Même si je suis bien plus fort à l’arrière du front, à élaborer des stratégies et de pièges.
    - Quatrièmement, tu ne seras pas notre employé à proprement parlé, mais plutôt notre furet. Tu pourras revenir à ton domicile à Tyto trois à quatre fois maximum par lunes. Pas plus. Et je veux que ton activité reste secrète ; les autres recrues ne devront pas avoir que tu n’es pas un soldat à part entière, mais juste un allié… Pour le moment, en tout cas.

    Là, Soarin se souvenait parfaitement avoir hésité. Nyra avait clairement laissé entendre qu’une fois dans l’armée, on finissait par tomber sous leur doctrine et adhérer complètement à leur idéaux, et finalement devenir l’un d’entre eux pour de bon. C’était cette finalité qui inquiétait le jeune mâle aux yeux violets, même encore aujourd’hui. S’il n’avait pas accepté purement et simplement de devenir un simple soldat, à double rôle certes, mais un soldat tout de même- il aurait perdu son libre arbitre. Chose qu’il conservait comme primordiale dans son gésier. Il chérissait son indépendance et sa subjectivité comme une mère veillait sur ses poussins.

    Sa plus grande peur, lorsqu’il avait accepté de faire parti des Sang-Purs, était de succomber à leur doctrine, et de défendre leurs idéaux. Il ne partageait pas leur point de vue, mais avait ses raisons de les aider, puisqu’ils voulaient se venger des gardiens, tout comme lui. Un ennemi commun, ça aidait.


    Il avait finalement accepté, bien que très hésitant :
    - Hé bien… Très bien.

    Contente, Nyra avait poursuivit :
    - Bien, très bien. Pour couvrir tes fortes responsabilités au sein de l’armée, je te nommerai Lieutenant. Tu seras évidemment rétrogradé si tu ne te montres pas à la hauteur de nos attentes.
    - Evidement.

    L’ablabesse des canyons de Saint Ægolius avait alors conclu
    - Enfin, tu devras m’appeler ‘‘Votre Pureté’’. Il en va de même pour mon époux, le Grand Tyto, général de cette armée.
    - Très bien… votre Pureté.
    - Excellent. Ginger n’était pas disponible, car en mission avec Chelinka, ce sera Omyra qui sera chargée de t’expliquer le déroulement et l’organisation de notre faction. Tu verras avec elle les grades et les rôles de l’armée, et elle te fera visiter. Elle doit également te montrer ton futur creux de lieutenant, dans la partie supérieure des dortoirs, réservée aux lieutenants, autres gardés et soldats d’élite, située, juste à côté du creux royal. Si tu as des questions, c’est à elle qui faudra les poser.


    Elle avait attendu sa confirmation pour poursuivre.
    - Entendu.
    - Bien. Tu commenceras ton entraînement demain.
    - Merci.


    Et c’était ainsi que Soarin, pour la première fois de sa vie, s’était laissé convaincre par une femelle. La première… mais la seule fois, aussi. Jamais plus il s’était laissé embobiné par quelque femelle que ce soit, ni même de mâles. Nyra n’avait pas réussit à réitérer son exploit depuis, et Soarin était encore vierge du conditionnement idéologique imposé par les Sang-Purs.

    Mais dire la vérité dans un compliment, c’était bien la première fois qu’il le faisait. C’était étrange, et excitant, comme sentiment. Son gésier se tortilla, comme si des petits papillons aux ailes délicates le chatouillaient de l’intérieur. A moins que ce soit dans son estomac ? Le jeune mâle ne savait pas situer précisément cette étrange réaction, et n’en avait pas vraiment envie d’y porter grand intérêt.

    Il regarda à nouveau cette jeune femelle qui se tenait devant lui. Il était devenu proche d’elle si rapidement que c’en était déconcertant. Tout allait si vite… Soarin regarda un instant les plumes dorées de Chelinka. Elle était gentille, et sympathique. Et jolie. Très, très jolie. Elle n’avait pas volé sa réputation de femelle la plus belle des canyons. Même Nyra ne lui arrivait pas à la serre. Et c’était dire.
    Soarin poussa un léger soupir. Autant Chelinka était belle, autant elle semblait inaccessible et lointaine. Il aurait pourtant tant aimé pouvoir mieux la connaître. Etre plus proche d’elle, et même devenir un ami, qui sait ? Le jeune mâle voulait en savoir plus sur cette mystérieuse jeune femelle. Elle l’intriguait autant qu’elle le déconcertait.

    La jeune femelle dorée s’approcha de lui, tout d’un coup. Lentement, comme si elle n’était pas sûre de ses mouvements, ou qu’elle voulait réellement prendre son temps, elle s’avança près du jeune mâle, pour se hisser sur la bordure de l’entrée du creux. Elle était arrivée à sa hauteur sans un bruit. La soudaine promiscuité de cette dernière fit tressaillir Soarin. Il sentit leurs douces plumes de ventre se frôler comme dans un rêve. Un bref instant, un seul, les petites plumes dorées du poitrail de Chelinka se mêlèrent aux siennes, argentées, de son ventre. Il frémit. La femelle regarda la lune au dehors, mais Soarin jurerait l’avoir senti frissonner. Bien malgré lui, le jeune ingénieur esquissa un petit sourire charmeur. Raaaah, ses mauvaises habitudes qui revenaient !
    Pourtant, ce n’était pas un sourire de chasseur ou de prédateur. C’était un sourire vrai et sincère, naturellement charismatique, à l’instar de l’heureux propriétaire.

    Chelinka fit un petit sourire timide elle aussi, lorsqu’elle prit la parole :
    ~ On doit se rendre à la grande clairière au sud de la forêt, là où se trouvent les murailles de pierres bâties par les autres. On dit qu’Arcturus aurait été aperçu par-là, et nous ne devons négliger aucune piste. Ensuite, selon les dire des témoins, on poursuivra notre route sur le chemin qu’il a emprunté. Là, nous aurons une chance de le coincer.

    Ah. Mais pourquoi était-elle aussi informée sur leur mission commune, alors que lui, ne savait rien du tout ? Soarin soupira de frustration, quelque peu énervé du manque de confiance que lui accordait Nyra.
    Avant même qu’il eut le temps de répondre quoique ce soit, ou de même envisager quelque réponse construite, avec verbe, sujet, complément, pour en faire quelque chose qui ait un sens précis, le bec ouvert, la jeune femelle lui coupa inconsciemment la parole. Elle ajouta d’une voix qui semblait plus faible et moins assurée :
    ~ Soarin… Deux effraies particulières comme nous ne passeront jamais inaperçues. Je propose donc qu’on se sépare, et qu’on se retrouve aux murailles, disons, quand le soleil atteindra son zénith ? Ce sera plus discret, il ne voudrait mieux pas que des furets se rendent compte que des Sangs- Purs rôdent.

    Ah. C’était drôle comme cette réflexion lui revenait souvent, ce soir. N’était-il plus capable de penser autre chose, au nom de Glaucis ?
    Le jeune mâle regarda sa partenaire de mission d’un air incrédule. Scié sur place, il était incapable de dire quoi que ce soit. Sous ces arguments sensés faire mouche, se cachait-il quelque chose d’autre ? Pourquoi le mâle argenté avait-il l’impression que Chelinka cherchait à tout prix à être seule, comme pour l’éviter ? Aurait-il fait quelque chose qui lui avait déplu, ou qui lui avait donné envie de fuir ?

    Elle se prépara à s’envoler. Il devrait peut-être essayer de la retenir, pour gagner encore quelques précieuses secondes en sa compagnie pour essayer de la comprendre.
    ~ Je me mets en chemin, Soarin... On se retrouve à midi à la clairière en bordure des murailles, à la frontière du Pays du Soleil d’Argent et de la Forêt des Ombres.

    Et elle parti, sans un regard en arrière.

    Peut-être Soarin était-il paranoïaque. Oui, surement. D’un autre côté, le comportement de l’effraie dorée l’intriguait, de même que son revirement soudain. Elle avait plutôt montré de la sympathie à son égard au paravent, non ?
    De nouveau, le jeune mâle aux yeux violets soupira, frustré. Il y avait beaucoup de choses qu’il ne comprenait pas ce soir-là, tant des faits que des réactions des autres, et en particulier de Chelinka. Inconsciemment, la femelle voulait sans doute remettre les points sur les i. Oui, c’était sûrement cela. Elle voulait lui montrer qu’ils étaient tout de même en mission, et que celle-ci primait sur tout le reste. Avait-elle interprété ses sourires et ses compliments comme des techniques de drague ? Croyait-elle qu’elle lui plaisait, et que, gênée, elle voulait lui montrer qu’ils n’étaient que partenaires de mission, rien de plus ?

    Soarin haussa les épaules. Après tout, qu’elle croit ce qu’elle voulait. Quoique, si cela se révélait être un obstacle sur le chemin de l’amitié et de la complicité, ça deviendrait un problème. Soarin devait agir plus comme un ami et un frère. Il ne s’était jamais comporté comme cela, mais il voulait bien essayer, tenter le coup pour faire plaisir à Chelinka, et surtout pour ne pas perdre une amitié possible avec la belle femelle.

    Pensif, l’ingénieur en stratégies appliquées ne savait justement pas quoi faire. Partir tout de suite semblait être une bonne idée, cependant. Au moment où il allait s’envoler lui aussi, le jeune mâle argenté vit une plume choir à côté de lui, juste à côté de ses serres guêtrées –Oui, Soarin ne portait jamais de serres de combats, et préférait des guètes en cuir noir (c’était plus souple, ergonomique, et pratique). Le jeune mâle demeura un instant, comme muré dans une léthargie profonde. Une nouvelle brise, fine et chaude, fit vibrer la plume. Il se décida enfin à la prendre. Délicatement, avec une infinie douceur, Soarin la saisit avec deux serres, et la porta près de son visage pour l’étudier de plus près. C’était, assurément, une plume d’effraie. Une magnifique rémige dorée, en excellent état. Le jeune ingénieur qu’il était la fit tourner en jouant des articulations de ses pattes, pour l’examiner sous tous les angles possibles, visiblement très intrigué.

    Une plume ayant appartenu à une femelle… Chelinka.

    Soarin sourit. Il n’y avait qu’elle pour avoir une couleur pareille. Il regarda cette simple plume d’or comme s’il s’agissait d’un précieux trésor, une trouvaille inédite. Il ne pouvait décemment pas la laisser ici. Une idée folle lui traversa l’esprit. Enfin non, pas folle, mais plutôt très peu professionnelle. Pesant un instant le pour et le contre de cette illumination, Soarin inclina légèrement la tête sur le côté, regardant la lune sans vraiment la voir.
    Après tout, s’il se dépêchait un peu…

    Résolu, Soarin accrocha la plume de Chelinka parmi ses propres rémiges, et s’envola en direction de la forêt de Tyto. Il volait sous le vent, poussé par l’arrière, et filait comme une étoile. Avec des battements d’ailes énergiques, il poussait sur ses muscles puissants pour se donner toujours plus de vitesse. Ses points de forces, saillants, déployaient une énergie assez impressionnante. Le jeune mâle était résolu à aller vite, et de se dépêcher d’atteindre sa destination.

    Il avait volé à tire d’aile pendant une petite dizaine de minutes déjà, lorsqu’il put enfin voir le long ruban sombre qui, zébrant le royaume de la forêt de Tyto, serpentait entre les arbres. Le fleuve de Hoole, ce cours d’eau légendaire à l’eau pure qui se jetait dans la mer d’Hoolemere, l’océan des gardiens, était en vue.

    Il ne lui fallu pas longtemps pour retrouver sa chère cascade, qui abritait son précieux creux caché derrière des chutes d’eau. Le jeune tyto se posa sur la pierre humide, alors que des éclats d’eau, transformés en écume par la force des courant, lui mouillait les plumes de son poitrail. Avec prudence, il longea la paroi rocheuse, pour se retrouver pris en sandwich entre la muraille de pierre et l’immense trompe d’eau. Voir la cascade à l’envers était quelque chose de fort, que Soarin appréciait beaucoup.

    Son chemin tortueux et étroit débucha sur sa grotte, quelques mètres plus loin. Si les trois côtés de son habitation étaient faits de roche et de lichen par endroit, le dernier pan de mur était fait d’eau, été comme hiver. Le fleuve d’Hoole ne gelait en effet jamais, même par les plus fraiches températures d’hiver, cela d’abord par sa température plutôt élevée pour un cours d’eau (le fleuve provenait en effet d’une source chaude, beaucoup plus au Sud de la forêt de Tyto), mais également de la forte pression et du courant puissant qui empêchait l’eau de stagner et d’être ainsi plus sujette à la solidification.
    En d’autres termes, Soarin était isolé du vent et des intempéries, des incendies et même des bandits et autres pilleurs de creux. Plus, l’épais voile d’eau lui assurait toute la luminosité dont il avait besoin, car orienté plein est. Enfin, la chute, de part son déferlement perpétuel, et son fracas incessant, lui assurait une insonorité parfaite lorsqu’il travaillait.

    Mine de rien, la grotte n’était pas humide. Seul le premier mètre proche de la chute d’eau était très légèrement mouillé, en particulier lors des moments de crue du fleuve. Mais jamais le jeune ingénieur n’eut à déplore le moindre dégât : sa grotte étant très légèrement en pente, l’eau ne stagnait jamais, lui garantissant une protection contre les inondations.

    Le reste de la grotte était confortablement aménagé. D’une superficie de presque 5m², elle était spacieuse et confortable. Un vrai nid douillet. Soarin voulu s’y attarder plus longtemps, mais le temps lui manquait, justement. Il soupira, regrettant de ne pouvoir venir plus souvent ici. Son creux, sa maison, ton atelier… Mais c’était surtout sa terre d’asile, et son jardin secret. Les deux seuls Sang-Purs qui connaissaient l’emplacement de sa grotte étaient morts depuis longtemps. Un mal nécessaire, si le jeune mâle souhaitait conserver son chez nid douillet. Il ne voulait pas prendre le risque de se faire piller par les Sang-Purs, qui pourraient profiter d’une telle disparation de savoir et de patrimoine inédit. Ils pourraient l’utiliser pour accroitre d’avantage leurs connaissances et leurs ressources. Ou bien, encore, ils pourraient l’utiliser comme moyen de pression sur lui.
    Non, ça, Soarin ne le supporterai pas. C’était quelqu’un de très protecteur envers les choses qu’il aimait et, en fin de compte, quelqu’un de plutôt possessif.

    Soupirant de lassitude, le jeune mâle argenté aux prunelles violettes s’avança vers son bureau de travail. Ouvrant délicatement son aile droite, il délogea la plume dorée de la jeune femelle. Un exemplaire magnifique, d’une teinte et d’une qualité rare. Soarin adorait littéralement les belles plumes. Celle-ci ne faisait pas exception à la règle. L’effraie argentée et dorée alluma sa lampe à huile, copie des vestiges laissés par la culture des Autres. Il examina la plume à la lumière de la flamme, un instant rêveur.
    Il soupira derechef, frustré de devoir repartir tout de suite. Il rangea sa plume d’or dans un de ses tiroirs supérieurs, où une bonne dizaine de plumes de toutes les tailles et de toutes les couleurs étaient déjà stockées. Un jour, lorsqu’il aurait le temps, il les accrochera peut-être au dessus de son nid, cette fameuse mappemonde cassée qu’il avait aménagé avec du duvet et de la mousse.

    Puis, résigné, Soarin jeta un dernier coup d’œil circulaire à son creux, balayant une nouvelle fois d’un regard circulaire son si précieux temple dédié à la culture et de la connaissance. Le jeune mâle ferma un instant les yeux. Il respira un grand coup, comme pour s’imprégner de l’essence même de la pièce, puis sorti.

    Quelques secondes plus tard, on l’entendit à peine battre des ailes en direction de son point de rendez-vous, ces fameuses ruines où Chelinka l’attendrait sûrement. Situées plus au sud, Ces ruines étaient les derniers vestiges des fondations d’une immense demeure des Autres, probablement un château, ou ce qu’Ils appelaient une ferme.

    Soarin connaissait que très peu cet endroit. Il n’y avait été qu’une, peut-être deux fois dans sa vie, pour y récolter quelques livres supplémentaires pour sa propre collection, mais avait également glané quelques instruments de mesure au passage, qu’il avait par la suite étudié minutieusement.
    Bien que le jeune mâle ne soit pas un excellent compteur (il se débrouillait certes, mais il était loin d’être très bon), c’était un fervent lecteur. Au cours de ses divers voyages à travers les écrits, il avait cependant acquit une certaine dextérité de déchiffrage, et parvenait – non sans mal, certes – à comprendre certaines langues des Autres. Il avait en effet compris depuis de nombreuses lunes que les Autres avaient été non pas un seul et unique peuple, mais une multitude de cultures hétéroclites qui se partageaient le monde à leur époque. Plus de trois cent langues étaient alors parlées –un bouquin sur la linguistique et la diversité des peuples en parlait, d’ailleurs. Cependant, parmi les ouvrages encore lisibles, seuls une dizaine de langues avaient été retrouvées. A l’époque de cette découverte, Soarin venait justement de quitter les Royaumes du Nord et l’affreux couvant des frères Glauscisains, ses geôliers de toujours. Il avait traversé de nombreux pays pour se retrouver dans la forêt du Soleil d’Argent, à la lisière du Royaume des Landes.

    Perdu, un soir, Soarin avait alors rencontré toute une équipe de scientifiques spécialisés en restitution de patrimoines et en linguistiques. Curieux, et surtout très paumé et désorienté, il avait alors proposé de se joindre à la petite équipe. En le comptant lui, ils étaient douze. La majorité d’entre eux étaient des chouettes rayées. Mais il y avait également deux petits duc à Moustache, un moyen duc accompagné de son assistant personnel encore en formation, un grand duc plutôt vif mais encombrant, une chouette de l’Oural (la seule femelle du groupe, avec une autre femelle, une chouette des terriers) et une effraie des prairies.

    Ils s’étaient établis dans un château presque encore entier, dans un lieu tenu tellement secret qu’aujourd’hui, le jeune ingénieur serait bien incapable de retrouver sa piste.

    Ils avaient isolé dans une immense bibliothèque de nombreux livres, qu’ils avaient alors tenté de classer par langues. Les souvenirs de Soarin sur ces longs mois de travail fastidieux restaient encore encrés dans sa mémoire. En particulier ce fameux jour où, enfin, lui aussi avait découvert, ou plutôt redécouvert une autre langue que parlaient les Autres autrefois.

    Ses collèges s’étaient jusqu’à lors exclusivement penchés sur l’écriture occidentale des Autres, un style qui s’écrivait de gauche à droite, et où les lignes s’empilaient de haut en bas. Ils avaient, tout comme eux, un système d’alphabet, le leur comprenant 26 lettres simples représentées par des symboles différents. A ces vingt-six caractères venaient s’ajouter les lettres dites complexes, à savoir des lettes simples déjà présentes dans l’alphabet de base, mais complexifiées par d’autres symbole, généralement de simples traits, que les Autres nommaient ‘‘accent’’, et qui modifiaient la prononciation d’un mot.

    Leurs plus grandes découvertes furent des livres de conjugaisons et de grammaire des Autres, qui expliquaient vraiment bien le fonctionnement de leur syntaxe. Ils avaient pu, ainsi, reconstituer presque entièrement des langues telles que l’Anglais, l’Espagnol, l’Italien ou le Français, bien que cette dernière était une des plus difficiles à traduire. Mais l’avantage qu’avaient ces langues en commun consistait en leur similarité. Elles utilisaient toutes le même alphabet.
    A celles-ci virent s’ajouter des langues partiellement traduites ou comprises, telles que des langues antiques des Autres : le Grec et le Latin.

    Des langues comme l’Allemand posèrent problème. Encore plus complexes que le Français, elles utilisaient des déclinaisons, rendant la traduction extrêmement ardue. Rien que pour l’Allemand, justement, il avait fallu cinq chouettes.

    Soarin était resté en retrait pendant les premiers jours. Il avait cependant rapidement cédé à la curiosité et s’était finalement joint à la petite troupe. Il avait participé à la traduction Anglais-Hoolien de nombreux livres, et avait aidé à jeter les bases de l’Espagnol, socle dont ils se revirent par la suite comme repart pour traduire une langue similaire, le Portugais.

    Près de deux mois après ces travaux, ils firent une nouvelle découverte. Enfin, cette fois-ci, ce fut le tour de gloire de Soarin. En fouillant un peu plus loin dans la bibliothèque, le jeune mâle s’était enfoncé profondément dans les rayons des archives.
    Sa serre s’était arrêtée sur un livre à la couverture épaisse, d’un bleu sombre mais délavé par le temps. Il le sorti des rayons, et l’ouvrit sur une page au hasard. Parcouru les premières lignes des yeux. Laissa choir l’ouvrage à ses pattes. Cligna des yeux, tremblant.
    -Les… les gars ?

    Sa voix avait coassé, et un drôle de son plutôt disgracieux et ressemblant plus à celui émis par une grenouille que par une effraie remplaça son timbre habituel. Soarin ramassa le livre avec précaution. Oul, la plus jeune femelle du groupe, fut la première à arriver
    - Qu’est ce que tu as trouvé, Soarin ?demanda la chouette de l’Oural.
    - Un livre…
    -Ça, je m’en doute. Elle sourit.

    Soarin,, confus, n’osa pas croiser son regard. Il n’était pas encore aussi assuré et manipulateur que maintenant. Non, à cette époque, il était plus le jeune mâle timide, simple honnête et curieux de tout, encore inconscient de son propre charme et de ses atouts physiques. Il n’avait pas encore vécu le Cauchemar. Ce qui l’avait radicalement changé, pour faire de lui ce qu’il était désormais.

    Il fixa finalement ses yeux améthyste dans ceux, dorés, de la jeune Oul. Cette dernière, à peine plus jeune que lui, était plus petite que le jeune mâle de quelques centimètres. Elle essaya de soutenir son regard un instant, mais détourna le regard, pour poser ses yeux sur l’ouvrage que tenait Soarin. Celui-ci répondit finalement.
    - Je crois que j’ai trouvé une nouvelle langue des Autres.
    - C’est vrai ?s’écria Oul, enthousiaste.

    La jeune femelle sautilla sur place, tellement elle était excitée. Toute trace de gêne l’avait à présent quitté.
    - Une qu’on n’a pas encore recensée ?
    - Ni traduite. Son bec s’élargit en large sourire.
    - Il faut avertir les autres !

    Soarin suivi la jeune femelle, serrant sa découverte contre son torse. Sa découverte fit sensation. Le reste de l’équipe passa les jours suivants à essayer de déchiffre ce livre. C’était une écriture complètement différente du style occidental.
    Ce soir là, Soarin avait découvert le Japonais. Cependant, sa découverte fut vite éclipsée par celles d’Oul. Oh, ce n’était pas le dessein de la jeune chouette de l’Oural. Excitée par la découverte du jeune mâle, elle avait continué de fouiller dans les rayons d’archives que le jeune mâle aux yeux violet avait arpentées quelques jours plus tôt. Elle ne trouva non pas une nouvelle langue, mais deux. Ainsi, le Chinois et le Russe virent s’ajouter à leur encyclopédie des langues.

    Au bout de presque une saison, l’équipe de scientifiques avait répertorié une bonne vingtaine de langues, et en avaient entièrement traduit huit en Hoolien. L’équipe avait ensuite publié une immense encyclopédie regroupant les résultats de leurs recherches. Il y en eut cinq exemplaires, faute de moyen. Ce travail d’imprimerie leur prit toute une lune complète. L’un demeura au château, consensus de tous lors de leurs dernières réunions. Oul repartit avec un autre exemplaire. Soarin avait également réussi à en négocier un pour ses recherches et ses travaux personnels. Le dernier soir, juste avant de s’en aller, Soarin avait eut le temps de discuter avec Oul. Les deux hiboux petits ducs étaient déjà partis, à l’instar de la chouette des terriers et de l’apprenti du moyen duc, et deux chouettes rayées.
    Le jeune mâle était en train d’empaqueter sa précieuse encyclopédie dans d’épais pans de tissus blancs, étanches et épais. Oul vint vers lui.
    - Ça y est, nos recherches touchent à leur fin…

    Soarin senti la nostalgie teinter la voix de la femelle. Il soupira avant de dire d’un ton las :
    - Hé oui, tout à une finitude. Sinon, à quoi bon vivre ?

    Elle lui sourit.
    - Philosophe, hein ?
    - Lorsqu’on passe des mois entiers dans une bibliothèque… Je ne pense pas qu’il puisse en être autrement.

    Oul eut un petit rire franc, tout à fait ridicule, mais charmant, et spontané. Puis elle désigna l’ouvrage que protégeait le jeune mâle, qui s’afférait maintenant à le ficeler solidement.
    - Tu en emmènes un, finalement ?
    - Oui. Fit modestement Soarin. Je sais qu’Orthogos en a prit un lui aussi.

    Orthogos était une chouette rayée qui, de loin leur ainé, avait dirigé les recherches. C’était, en quelque sorte, leur leader et leur professeur à tous.
    - Oui. Il devait aller l’apporter pour la communauté des frères Glauciscains. Dans les pays du Nord. Ce sont des chouettes très cultivées et respectables, tu sais.
    - J’imagine. Fit sombrement Soarin.

    Il voyait très bien de quoi elle voulait parler. Pour être cultivés, ces chouettes-là l’étaient. Mais respectables… C’était une toute autre histoire. Après tout, son témoignage à part, personne ne pourrait témoigner de leur éducation stricte et sans amour ni jeu, ni dépense physique, si ce n’est que la chasse occasionnelle (et encore, seuls quelques adultes avaient le droit de sortir de la communauté pour aller chasser pour le reste du groupe).

    Soarin soupira derechef, avant de se tourner vers Oul.
    - Et toi ? Pourquoi emmènes-tu un exemplaire avec toi ? Le couvant des sœurs Glauciscaines ?
    -Non… Le Grand Arbre.

    Le jeune mâle avait faillit s’étouffer.
    - l’Arbre ? Tu veux dire… que tu es une gardienne ?
    - Oui. Depuis pas très longtemps, mais j’ai quitté mon squad il y a quelques lunes, déjà. Tu connaissais ?
    - Moi ? Très peu.

    Oul se remit à sautiller sur place, excitée comme une puce. Ses yeux dorés brillaient d’une lueur malicieuse.
    - Oh, tu voudrais venir avec moi, dis ? Je suis sûre que tu te sentirais bien là-bas !

    Soarin, soudainement farouche, plissa les yeux. Méfiant, il réfléchit un instant avant de demander, prudent :
    - Ce sont des amis aux frères Glauciscains ?
    - Oui, évidement ! Ils sont en collaboration depuis des siècles !

    Le jeune ingénieur pinça le bec.
    - Et… Les gardiens vous éduquent de la même manière qu’eux ?
    - Je pense, oui.

    Il fronça les sourcils. Jamais, au grand jamais, il ne retournerait dans un lieu semblable à la communauté des frères du Nord. Plutôt mourir que d’y retourner. Alors, si les Gardiens étaient pareils, autant demeurer libre et heureux.
    - Très peu pour moi.

    Son ton était sec. Cassant. Soarin était frustré, et surtout nerveux. Il ramassa son paquet contenant son précieux livre et tira sur deux ficelles qui coulissèrent, lui faisant des bretelles. Il se cala son livre sur le dos, et croisa les lanières sur son poitrail. Il ajusta ces dernières avec soin, afin que son chargement ne bouge pas durant le voyage. A cette époque-là, Soarin n’avait pas encore établi de creux où vivre, mais il avait cependant déjà trouvé les ruines du château de la forêt de Tyto, et s’y était établi quelques jours, avant de rejoindre cette cellule de recherche. Il s’avait où il allait aller à présent.
    - Tu pars déjà ?

    La voix de la femelle semblait peinée, réellement déçue. Le jeune mâle se retourna pour faire face à la chouette de l’Oural
    - Oul… fit-il d’une voix atone mais basse.

    Il vit la concernée frissonner, papillonnant des yeux et se tortillant, mal à l’aise.
    - Je ne viendrais pas au Grand Arbre avec toi.
    - Mais… Mais pourquoi ?

    Il soupira. Comment lui expliquer sans la blesser ? Comment tourner les phrases de telle sorte qu’elle le comprenne, et puisse connaître ses motivations ? Oul était très spontanée et démonstrative, si bien qu’on n’avait pas besoin de parler avec elle pour savoir dans quel état d’humeur elle se trouvait.
    La jeune chouette de l’Oural lui fit un petit sourire. Qui perdit peu à peu sa tristesse, étirant progressivement son petit bec. Ses plumes se gonflèrent légèrement et se mirent à onduler, imperceptiblement. Soarin cligna des yeux et fronça les sourcils.
    - Oul ? Tu… Tu froufroutes, là.

    Froufrouter, c’était l’équivalemment de ‘‘draguer’’ chez les chouettes. Cette technique visait à gonfler légèrement les plumes pour les mettre en valeur. Les chouettes tachetées étaient d’ailleurs spécialistes dans ce domaine.
    La jeune femelle minoucha, gênée.
    - Oh… Excuses-moi… Désolée…

    Elle vrilla son regard doré dans l’améthyste de ceux de Soarin. Les pupilles légèrement dilatées, ils semblaient essayer de le convaincre de venir avec elle. Le pire, c’était qu’elle ne s’en rendait même pas compte, inconsciente de ce qu’elle faisait. Soarin se rassura en se disant que c’était juste pour le persuader, pour qu’il rejoigne le Grand Arbre également. Mais ça, il en était hors de question.
    - Oul… siffla-t-il, mécontent.
    - Mais…
    - Bon, j’y vais. On se reverra peut-être un jour !

    Il lui fit un bref sourire, avant de se retourner et de s’envoler dans la nuit. Il n’avait pas entendu les gémissements de la chouette de l’Oural, se concentrant uniquement sur le futur, et sur la recherche d’un creux définitif où il pourrait s’installer. Si possible quelque chose de grand et de solide, qui lui rappellerait les bâtisses des Autres.

    Soarin sourit à la réminiscence agréablement douce qu’il venait d’avoir. Ces mois de recherches avaient été très importantes pour lui. Et grâce à cette encyclopédie, qu’il conservait toujours dans sa propre bibliothèque, il avait traduit des dizaines et des dizaines d’ouvrages.

    Son sourire se fit carnassier lorsqu’il s’arrêta sur les souvenirs qu’il avait de la jeune Oul. Qu’il avait été simplet et coincé, à cette époque là ! Désormais, il ne restait presque plus rien de ce petit mâle désorienté et peu sur de lui qu’il avait été autrefois. C’en était bel et bien fini de cette époque. Que penserait Oul maintenant, si elle le revoyait aujourd’hui ?
    Le jeune ingénieur serait curieux de le savoir. Peut-être jouerait-il un peu avec elle. Oh, pas méchamment –quoique… non, juste amicalement. Sauf qu’il avait oublié un détail. Elle, c’était une gardienne du grand Arbre. Une guerrière au service de la nuit, une de celle qui grossissait les rangs de ses ennemis. Si un jour ils devaient entrer en confrontation, sur un champ de bataille par exemple, parviendrait-il à la tuer ? Cette jeune chouette énergique, mais innocente ? Ce petit être fragile qui ne tenait pas en place ?

    Mais qu’est-ce qu’il racontait ? Il travaillait pours les Sangs-Purs, maintenant. Oul n’avait été qu’une simple collègue de travail. C’est tout. La femelle qui lui ferait ressentir quoique ce soit, celle qui parviendrait à briser sa coquille et franchir ses barrières pour réchauffer son gésier gelé n’était pas encore née !

    Soarin aimait trop sa liberté. Comme il aimait trop séduire les femelles et s’amuser d’elles pour avoir des attaches fixes. Il aimait tellement sa liberté qu’il n’avait pas renoncé à son statut de solitaire pour entrer au service des Sangs-Purs. La seule chose qu’il aimait, c’était son indépendance, qu’il choisissait avec tellement d’amour et de soin, qu’il ne voulait être autre chose que solitaire.

    Une brusque variation de température d’un courant le fit dévier légèrement vers la constellation des Serres d’Or. D’un battement d’aile énergique, Soarin se remit en position. Il fallait qu’il se re-concentre sur sa mission. Le jeune ingénieur avait décidément beaucoup de mal à rester au maximum de sa concentration, ce soir-là.

    Il pinça du bec, frustré. Il avait certes des principes, mais certains, depuis quelques jours, tombaient, s’effritant et se décomposant comme des châteaux de cartes, balayés par un simple coup d’aile bien placé. La plupart du temps, et principalement ce soir, c’était Chelinka qui était à l’origine de ces maux. Elle, qui, la première, avait eut de sa part un compliment sincère, le premier que Soarin donnait de sa vie à une femelle avec honnêteté. Oui, le jeune mâle n’en revenait toujours pas. Il avait quoi ? Deux ans et demi, presque trois, à tout casser ? Et là, en seulement quelques heures en compagnie de la belle effraie dorée, il balançait quelque chose de gentil, et qu’il pensait réellement. Il l’avait vraiment pensé, ce foutu compliment !

    Une seule phrase, bon sang ! Une seule, toute petite, insignifiante !

    C’était un gros problème, ça. Soarin se faisait une fixation sur un détail aussi petit qu’une simple phrase. Si ça ce trouve, Chelinka n’avait même relevé cette phrase. Elle ne l’a peut-être même pas entendu. Il essaya de se rassurer. La jeune femelle dorée en entendant tellement souvent, des compliments ! Comment se pourrait-il qu’elle relève celui-ci, précisément. Non, il n’y avait aucune bonne raison. Le commentaire de l’effraie argentée était passé, comme ça. Les choses spontanées le sont tellement qu’elles passent souvent au travers de l’attention des gens. Elle ne l’a pas relevé. Point. Il fallait qu’il passe à autre chose, maintenant.

    Pourtant, cette histoire lui rappelait la toute première fois où il avait vu la jeune espionne aux plumes d’or. Il venait tout juste d’arriver dans les Canyons de Saint Ægolius, et Omyra lui faisait alors la visite des creux réservés aux soldats d’élite.
    - Et là, tu vois, ce sont les dortoirs du squad d’espionnage. Il est composé de Ginger, Chelinka et de moi-même…. Tu m’écoutes ?

    Soarin se retourna vers l’effraie au plumage couleur chocolat, et s’excusa d’un petit penchement de tête, se voulant être craquant pour se faire pardonner. Omyra avait roulé des yeux, amusée. Lui était alors demeuré perplexe.

    Puis, une effraie dorée se fit apercevoir au loin. Soarin, intrigué par la couleur peu commune du plumage de cette femelle, s’était alors détourné un instant de l’espionne aux plumes sombres.
    La belle femelle dorée s’était alors posée dans son propre creux, de ceux qu’avait montré Omyra quelques instants au paravent. Visiblement, elle n’avait pas aperçu les deux autres effraies restées sur le sol. Soarin s’était tourné vers Omyra.
    - Et elle… Qui est-ce ? Avait-il demandé.
    - Chelinka.

    La concernée, s’était lissé un instant les plumes sur le rebord de son creux, avant de disparaître dans son domicile privé. Soarin avait, intérieurement, sourit. Enfin une femelle intéressante, et à la hauteur de ses attentes.


    Oh, par la suite. Il en avait vu d’autres, des jolies femelles. Il ne comptait plus ses coquètes d’un soir, tellement il en avait eut. Un numéro de charmes, quelques tendresses innocentes, pour finira avec une balade en duo, une partie de chasse, ou une soirée à discuter. Soarin ne se prenait pas pour un don Juan. Lui, en plus de raffermir son Art de la manipulation et d’affirmer sa domination par son charisme, se voyait comme l’ami des femelles. Confident d’un soir ou partenaire de chasse, il offrait plus une soirée au service des femelles. En échange de quelques informations, par exemple. Mais jamais il n’avait éprouvé quelque attirance envers elles. Oh, il avait un bon fond, et était plutôt bienveillant par nature.

    Le lendemain, il ne cassait pas les femelles, ou ne se moquait d’elles. Certaines essayaient malgré tout de le retenir, mais sans succès. Il restait toujours une bonne connaissance, gentil quoique manipulateur, et possessif. Il n’était pas macho pour un sous ; mais préférait mener la danse et dominer les histoires de couple. Pas comme un despote ou un dictateur, cependant. Plutôt comme un surprotecteur, et, comme déjà dit plus haut, un possessif.

    Un autre appel d’air le fit chuter de quelques mètres. Soarin chuinta de sa propre maladresse ; c’était bien la première fois qu’il volait aussi mal. Etait-il à ce point plongé dans ses pensées pour en oublier la conduite ?

    Le jeune mâle décida de se concentrer pleinement. Il fit un réel effort pour chasser toute pensée envahissante susceptible de le détourner une fois de plus de son objectif principal.

    Le soleil n’était pas encore à son zénith. Soarin n’avait pas prit trop de retard, malgré son petit détour par chez lui. Tout ça pour… une plume, déjà ? Oui, Soarin perdait la tête. N’empêche que, pour une simple rémige primaire, elle était bougrement belle.

    Les ruines se firent bientôt apercevoir au loin, se détachant peu à peu de l’épais horizon de verdure qu’était l’immense forêt environnante. Les arbres, serrés entre eux mais luxuriants, offraient un spectacle magnifique. Toutes ces teintes de verts s’embrasaient avec les rayons du soleil, plus éclatantes que jamais.
    « ~ C’est parce que les rayons incidents sont perpendiculaires au sol. La réfraction est alors minimale. » Murmura alors Soarin avec un sourire.

    Il ne ralentit pas son allure pour autant. Le soleil était agréable, exposant une chaleur diffuse sur l’ensemble du dos et des ailes du jeune mâle argenté. Il ferma un instant les yeux de bonheur, se délectant de la température de la douce saison qui revenait. Même si les nuits raccourcissaient, Soarin n’en avait cure. En effet, le jeune ingénieur aimait autant sortir de jour comme de nuit. Étonnamment, les corbeaux lui fichaient la paix, pour peu qu’il ne s’approchât pas trop près d’eux. Les jours, à l’instar des saisons et du temps, ne semblaient pas avoir d’emprise sur lui.
    On vous l’avait déjà dit : Soarin est quelqu’un de libre. Il a ses propres principes, et ne se laissera jamais dominé par qui que ce soit. Plutôt trouver une femelle et fonder une famille avec elle que de se soumettre à quelque chouette, aussi grande, belle, pure ou puissante soit-elle.

    Bientôt, les ruines quittèrent leur voile d’ombre, pour se jeter dans la lumière diffuse mais sauvage de l’astre du jour. Elles flamboyaient, nobles et invincibles. Tout comme pour Soarin, le temps n’avait réellement pas d’emprise sur elles, qui traversaient les siècles, riant à la barbe du temps et de la météo. Les arbres se firent plus rares, et bientôt une immense clairière s’ouvrit sous les pattes du mâle argenté.

    Il décida de se percher sur une branche d’un aulne, en lisière de la clairière. La branche, claire, était épaisse et plutôt rugueuse, mais facile à prendre en serre. Il ne risquait pas de glisser là-dessus. Il pouvait ainsi, depuis son poste d’observation, voir sans être vu. Si sa cible, cet hibou de malheur qu’était Arcturus, se présentait ici, ce dernier serait dans ses filets avant même de se rendre compte de son erreur.

    Il patienta ainsi deux ou trois longues minutes. Bien que d’un naturel plutôt patient (et encore, seulement dans ses bons jours), Soarin se lassa vite de cette attention à tout instant qu’il déployait sur la clairière. Il décida de se faire un brin de toilette. Pas superficiel pour un sou, le jeune ingénieur avait cependant longtemps étudié l’aérodynamisme, en particulier sur les vols des oiseaux. Pour lui, il en était convaincu, toutes les plumes étaient importantes, voire primordiales. En particulier des plumes de couverture et les plumes de peignes, qui, en plus d’une certaine stabilité, offrait une grande absorption des bruits, rendant le vol de la chouette complètement silencieux si les mouvements étaient bien adaptés.

    Il parti donc dans un entretien consciencieux de ses plumes, cherchant à débusquer la moindre plume morte, ou le moindre insecte pris et mêlé à ses fines plumes de couverture. Il se les lissa avec soin, commençant par le dos des ailes, pour enchaîner sur leur intérieur. Il s’occupa ensuite de son torse, secouant avec énergie son petit bec beige.

    Le jeune mâle était tout simplement heureux de passer du temps libre à ne rien faire, si ce n’est que pour lancer une ode à l’oisiveté innocente et tranquille. Il soupira. Les gens, aujourd’hui, n’avaient plus de temps libre. Tout le monde se presse, tout le monde s’affaire, tout le monde s’agite et travaille.
    Ils avaient tous perdu leur côté rêveur, celui qui s’émerveille devant la beauté de la nature, devant les merveilles de leur environnement, que le hasard et la chance présentent à leur yeux devenus aveugles, pour les en dérober l’instant d’après. Comme si plus personne ne s’intéressait au beau et à l’éphémère. Soarin essayait de garder au maximum ce qu’il appelait cette prédisposition au bonheur. Ce que d’autres appelleraient sans connaître le badinage, l’enfantillage, ou plus faux encore, l’oisiveté.

    Ce mot, au fils des siècles avaient pris une toute autre connotation que son sens premier. Les gens, aujourd’hui, confondaient l’oisiveté avec l’inactivité, vide de sens. L’oisiveté était un bien. C’est quelque chose de positif, permettant aux gens de s’ouvrir sur le monde qui les entoure. Certes, l’oisiveté possédait deux principaux écueils, deux défauts majeurs : l’ennui, et la paresse.
    Le problème était là. Plus personne ne prenait le temps de ne rien faire. Plus personne ne s’épanouissait plus. Les gens en général étaient devenus trop affairés et occupés pour se poser ne serait-ce qu’un instant, et admirer la beauté de l’éclosion d’une fleure, d’un arc en ciel qui peignerait les nuages d’une infinité de couleur flamboyantes et chaleureuses, ou encore de cette goutte d’eau qui, roulant sur l’écorce, se traçait son propre chemin.

    Soarin soupira à nouveau.
    « ~ Nous avons tous perdu notre faculté de transcender l’ennui et notre vie quotidienne. Plus personne ne s’étonne, ne se fascine pour les choses simples que nous offre la vie. C’est tellement dommage… »

    Le jeune mâle était vraiment peiné. C’est dans cette humeur quelque peu morose qu’il l’entendit. Cette voix, ressortant de ses plus vieux souvenirs. Un timbre râpeux, mais très léger et féminin. Soarin frissonna. Il se pencha pour mieux voir d’où venait le bruit, pour localiser, à long terme, la chouette qui le produisait.

    Il n’eut pas à chercher très longtemps. Bientôt, la jeune femelle à l’origine de ce chant sautilla en dehors des ruines, pour se poser sur un petit muret adjacent aux restes de la vieille bâtisse. Soarin la reconnue tout de suite, même s’il ne l’avait vue qu’une seule fois dans sa vie, et ce depuis extrêmement longtemps. La chouette de l’Oural chantait du Baudelaire. Un poète, c'est-à-dire l’équivalent des troubaplumes des Autres.
    Un des recueils qu’ils avaient traduit ensemble : les Fleurs du Mal.

    La voix de la jeune femelle se fit plus légère, lorsqu’elle enchaina sur un deuxième poème, plus rythmé et plus joyeux, au tempo rapide et irrégulier, comme le sac et le ressac de l’océan. Pour une chouette venant de la mer d’Hoolemere, il lui allait plutôt bien.
    « ~La musique, souvent, me prends comme une mer !
    Vers ma pâle étoile,
    Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
    Je mets à la voile.

    La poitrine en avant et les poumons gonflés
    Comme de la toile,
    J’escalade le dos des flots amoncelés
    Que la nuit me voile.

    Je sens vibrer en moi toutes les passions
    S’un vaisseau qui souffre ;
    Le bon vent, la tempête et ses convulsions

    Sur l’immense gouffre
    Me bercent. D’autres fois… »


    Un craquement dans les branches se fit entendre. Oul s’arrêta de chanter, en plein milieu de son vers. La jeune femelle se ramassa sur elle-même. Soarin étouffa un ricanement, voyant le courage incroyable de la petite Oul, qui avait cependant bien grandit elle aussi.

    Mais ce n’était pas par peur qu’elle avait adopté cette étrange position. Quelques secondes plus tard, elle s’était jetée sur l’auteur de la branche cassée. Elle ressorti bientôt des fourrés, avec un lapin dans la serre. Elle le mangea sans autre forme de procès, pas peu fière de sa trouvaille. Puis, tranquillement, elle s’envola pour se poser à nouveau sur le muret des ruines, fébrile mais calme.

    Soarin plissa les yeux. Qu’est-ce qu’une gardienne venait faire ici ? Toute seule, à chanter au milieu des ruines ?

    Puis, soudain, ce fut clair comme de l’eau de roche. La chouette de l’Oural attendait quelqu’un. Et pas n’importe qui. Il devait certainement s’agir du fugitif de Saint Ægolius. Arcturus.

    Soarin ne put attendre plus longtemps. C’était un peu comme si Oul l’avait trahit. Et il détestait ça. C’était la plus grande erreur de toute sa vie. Ce qui venait de gâcher un futur plein de promesses et d’avenir. Tout ça à cause d’une impulsion bête et puérile. Nyra allait le tuer.
    Pire, il allait décevoir Chelinka, et faire échouer leur mission.

    Mais si, justement, au fond de sa conscience, sans qu’il ne le sache vraiment, le jeune mâle essayait d’allonger sa mission ? De prolonger de plaisir de la traque, et de passer un peu plus de temps avec la belle effraie dorée, celle qui l’intriguait tant depuis toujours ?

    Soarin, dans un bruit, avait foncé sur la chouette de l’Oural. Il avait savamment calculé son angle d’approche, si bien qu’il arrivait au centimètre où il avait prévu d’aller. Ses serres se déplièrent, redoutables. En quelques secondes, tout fut terminé. Le piège qu’avait tendu le jeune mâle argenté s’était refermé sur Oul.
    Avec l’élan – et l’énergie cinétique, dirons-nous-, les deux chouettes furent emportées, éjectées du muret en direction du sol. Soarin tendit les ailes, les fléchissant légèrement pour reprendre de l’altitude. Sa trajectoire prit l’allure d’une parabole convexe. Alors qu’il redressait sec le cap, il se servit des dernières parcelles de vitesse qu’il avait emmagasinée lors de son assaut pour balancer le jeune femelle bicolore à terre.

    Quelques secondes plus tard, Soarin l’avait cloué au sol. Si Arcturus souhaitait conserver un guide pour l’aider à atteindre le Grand Arbre, il sera obligé de sortir de sa cachette pour venir prêter main forte à Oul. Et c’était là que tout le piège se refermait sur le hibou strié. Il sera coincé, car Soarin se jettera sur lui, pour décamper avant que la petite Oul n’ait eu le temps de comprendre quoique ce soit.

    Le jeune ingénieur était quasiment sûr que sa vieille comparse d’autre fois ne l’attaquerait pas. De toute manière, elle ne savait pas qu’il était un Sang Pur… Bien que techniquement parlant… Il n’était pas réellement l’un des leurs. Enfin, il n’allait pas chipoter pour su peu. C’était si futile.

    Le jeune mâle fit pression sur la chouette de l’Oural. Il se força à ne pas être méprisant, quoiqu’un peu menaçant tout de même. Il faisait mine de ne pas avoir reconnue qui était la jeune gardienne. Une de ses serres tenait les pattes de la femelle, alors que l’autre venait de migrer jusqu’à son cou. Soarin pencha son visage en forme de cœur au dessus de celui, bicolore, de son otage.
    ~ Qui es-tu ? fit-il d’une voix dure. Qui t’envoies ici ?

    Oul sembla perdu. Ses petites prunelles dorées, effarées, s’étaient mises à papillonner dans tous les sens, cherchant une issue possible à cette situation. Finalement, elles virent se fixer dans les yeux du jeune Sang-Pur au plumage d’argent. Les deux yeux de la chouette de l’Oural s’écarquillèrent, surpris. Elle l’avait reconnu.
    ~ Soarin ? C’est… C’est toi ?

    Il joua le jeu jusqu’au bout, essayant de gagner du temps. Arcturus devait venir vite. Maintenant serait l’idéal. Quoique. S’il pouvait penser que Soarin et Oul étaient amis, il aurait des doutes sur l’innocence de la jeune femelle. Il se sentirait alors trahit, espionné de toutes part. Et commencera obligatoirement une erreur par excès de prudence. C’était évidement, et logique. Et à ce moment là, Chelinka et lui n’auront plus qu’à le cueillir.

    Il fronça les sourcils, comme confus.
    ~ Qui es-tu ? répéta-t-il. Et comment se fait-il que tu me connaisses ?

    Oul sembla de plus en plus perdue. D’un côté, elle était vraiment soulagée de tomber sur lui. De l’autre… Elle avait comme qui dirait peur de lui. Lorsqu’elle répondit, sa voix était faible et hésitante. Comme lointaine. Soarin savait cependant où elle était : dans ces souvenirs profonds, ces réminiscences qu’ils partageaient, lorsque ensemble ils avaient travaillé à la traduction de ces fameux livres.
    ~ Oh Soarin… Comme tu as changé…
    ~ J’ai changé, moi ? fit-il jouant la surprise à son tour.

    Il était bon comédien, l’art de la manipulation oblige. Et la femelle en face de lui gobait tout. Magnifique.
    ~ Oui… Tu es tellement assuré et confiant en toi. Si sauvage et déterminé… J’adore ça…

    Là, Soarin n’eut pas à feindre la comédie pour être surprit. Il n’avait pas prévu ça du tout. Et pourtant, la jeune Oul semblait être encore plus sous son charme qu’avant !
    ~ Vraiment ? fit-il d’une voix dure mais enjouée.

    Oul cligna des yeux. Ses plumes commencèrent à se gonfler et à frétiller sous les serres du jeune mâle.
    Il fronça les sourcils, avant d’ajouter d’une voix encore plus dure :
    ~ Sauf que moi, je ne te connais pas. Qui t’a parlé de moi ?

    La femelle tomba des nues. Effarée, elle avait minouchée, et perdu deux fois sa taille. Ses yeux semblèrent se mouiller de larmes.
    ~ Mais… C’est moi, Oul…
    ~ Connais pas.
    ~ Mais si, tu sais… On faisait parti de la même expédition. Pour traduire les langues des Autres et établir une encyclopédie. Souviens-toi….

    Soarin la toisa du regard, plissant légèrement les yeux.
    ~ Où est Arcturus ?
    ~ Hein ?
    ~ Je te le répète calmement : Où. Est. Arcturus ?
    ~ Je ne te le dirai que si tu avoues que tu te souviens de moi !

    Et là, Soarin sut qu’il allait péter un plomb.



Euh… 10.222 mots, c’est un nouveau r
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Dream _
MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeMer 6 Fév - 15:06

    Il était presque midi lorsque Chelinka atteignit les abords de la forêt du Pays du Soleil d'Argent. Son gésier frémissait d'angoisse. Qu'est- ce qu'elle allait bien pouvoir dire à Soarin, après la fin de la mission ? Il faudrait qu'ils repartent chacun de leurs côtés, comme ça lui était déjà arrivé... Mais elle n'y survivrait pas. Elle ne voulait pas que son cœur se brise de nouveau. Pas encore une fois. Elle ne pourrait pas croiser Soarin, sans réagir, comme habituellement, sans pouvoir lui adresser la parole... C'était impossible... C'était comme si quelque chose se brisait de nouveau en elle.
    Et pourtant, il faudrait bien renoncer à son amour, puisque Chelinka était une gardienne, et Soarin un Sang- Pur... Une gardienne qui avait passé près de deux ans chez les Sang- Purs, mais une gardienne quand même. Bien que parfois elle regrettait son choix et sa faction. En plus de pencher pour Soarin, son coeur et son gésier faisaient la balance entre les gardiens et les Sang- Purs. Entre le bien et le mal. La lumière et l'obscurité.

    Pourtant, il faudrait renoncer à ses rêves, ses envies, son amour. Sinon, Chelinka ne pouvait pas rester dans la faction du bien, et elle ne savait pas comment réagir si elle restait définitivement une Sang- Pure... Mais, pour Soarin, serait- elle prête à quitter les gardiens de Ga'Hoole ? Après tout, c'était bien possible, mais elle allait forcément foutre sa couverture en l'air... Et vu la clémence du Grand Tyto et de Nyra ses derniers temps, avec la fuite d'Arcturus, les informations qui parvenaient aux gardiens - Par le biais de la femelle, ainsi que les recrues de plus en plus indisciplinées, elle ne donnait pas cher de son plumage.
    Un flot de questions venaient se bousculer dans son esprit alors. Mais, et Soarin, que pensait- il d'elle ? Depuis qu'il était arrivé, Chelinka enchaînait les erreurs. Il devait certainement ne pas spécialement l'apprécier maintenant. Voir même la détester. Et malheureusement, Chelinka savait que ça allait durer jusqu'à ce qu'elle lui avoue tout ce qu'elle avait sur le cœur - Ou le gésier -. Ca tournait finalement en une spirale infinie qui faisait de plus en plus souffrir la femelle dorée.

    Un brin mélancolique, Chelinka se posa dans la clairière. Là-bas, les murailles étaient visibles, elles s'élevaient, haute dans le firmament, d’un terne grise sombre sur un sublime bleu d’un ciel azuré. Il restait encore des remparts de ce qui fut un château, et les créneaux et les merlons, malgré qu’ils soient mal disposés aujourd’hui, étaient encore un peu visibles. Les murs étaient un peu effondrés par endroit, et, comme si un vent trop puissant, ou une tornade les avaient repoussés, des pierres avaient glissé peu à peu de leurs emplacements initiaux, ce qui faisaient que celle au- dessus tombaient elles aussi. Bref, c’était une bien piteuse marque du passage des Autres dans ce bas-monde.
    Dans le jour lumineux, où les oiseaux gazouillaient, la vision d’une chouette effraie dorée au zénith du soleil était presque semblable à de la folie. Oh, Chelinka n’avait pas peur des corbeaux, malgré qu’elle n’ait pas pris beaucoup d’armes avec elle : Ils étaient peut- être pas stupide, mais pas au point d’attaquer des Sangs- Purs en mission, la femelle dorée qui plus est. Car ses derniers temps, des chouettes effraies armées en plein jours, était devenue une vision fréquente. Mais qu’un chant typique des chouettes de l’Oural, s’élevait dans le ciel bleu, c’était quelque chose de très peu commun.

    Intriguée, Chelinka soupira du manque de légère pause et s’envola de nouveau, triangulant rapidement pour capter le maximum de paroles. Elles étaient malheureusement trop basses pour être entendues de ci loin, mais la mélodie était magnifique. En esquissant un fin sourire, la femelle effraie ferma un instant les yeux et savoura l’instant. Quand une note se fut soudain plus claire. Puis une autre, et encore une autre. Elle approchait.

    Jusque-là, elle avait seulement longé les remparts, mais le chant venait de l’intérieur de l’ancienne bâtisse des Autres. Chelinka replia légèrement ses ailes et piqua vers le sol. La végétation était assez dense. Elle étendait ses ailes pour amortir sa chute lorsqu’elle se rendit compte que la musique avait soudain cessé, et que le silence tait plus que pesant. Pourtant, elle entendait toujours des voix, qui semblaient discuter. L’une lui était familière. C’était celle de Soarin… L’effraie retint son souffle. Par contre, l’autre lui disait rien, ou vaguement quelque chose. Non, elle n’avait jamais connu de chouette de l’Oural.
    En marchant, elle continua de trianguler, et se dirigea enfin dans la bonne direction. Les voix de Soarin et de l’inconnue étaient de plus en plus fortes. Chelinka ouvrit légèrement ses ailes et fit quelques amples mais silencieux battements. Elle parvint à un petit creux, dans un arbre, pas loin. Parfait. Elle y pénétra, et triangula de nouveau. De son observatoire, elle pouvait clairement entendre tout ce que les deux apparemment ‘connaissances’ disaient.

    « ~ J’ai changé, moi ?
    ~ Oui… Tu es tellement assuré et confiant en toi. Si sauvage et déterminé… J’adore ça…
    ~ Vraiment ? »

    Chelinka retint son souffle. Elle se rendit soudain compte du comportement étrange de la femelle chouette de l’Oural. Elle se rapprocha du bord du creux. Mais… Froufroutait- elle… ? Chelinka sentit soudain une certaine jalousie remonter dans sa gorge. Soarin lui plaisait, ça crevait les yeux. Elle minoucha, de peur autant que de jalousie. S’en suivit une suite de dialogue qu’elle ne voulut pas écouter. Mais si elle n’intervenait pas, elle allait continuer à souffrir. Alors, elle les laissa parler jusqu’à ce que le silence s’installe de nouveau.
    Un coup de chance lui permit de pouvoir arriver en discrétion. Ou plutôt un coup de vent... Car Il soufflait pile dans le dos de la femelle dorée, et assez doucement de plus. Elle déplia largement ses ailes, décolla alors, et vint se poser derrière Soarin. Chelinka se força à ne pas minoucher et fit un pas. Elle murmura :

    « ~ Soarin… Tu l’as connais ? »

    Sa voix était plus timide qu’elle l’aurait voulu. Mais aussi plus douce. Aucune chance de faire peur à la chouette de l’Oural de cette manière. Chelinka ravala encore sa jalousie et s’avança. Chose qu’elle n’aurait jamais dû faire, puisqu’un éclat doré parcourut soudain les yeux de l’’amie ‘ de Soarin. Ladite amie fixa la femelle dorée, dans les yeux, et lâcha soudain :

    « ~ En tout cas, moi, je t’ai déjà vu. »

    Au début, Chelinka ne comprit pas le sens des paroles de la femelle. Puis, soudain, tout lui sembla plus clair. C’était Oul, une jeune gardienne qui travaillait au Grand Arbre. C’était une gardienne. Et elle avait donc forcément vu à l’île de Hoole… Entre autre, l’effraie dorée venait de laisser s’envoler sa couverture. Aucuns doutes qu’elle le révèlera immédiatement à Soarin.

    « [color=grey]~ Au Grand Arbre. » Rajouta Oul en voyant que la femelle dorée ne répondait pas. ‘Et voilà, forcément, c’est pas discret… Moi qui hésitais entre les Sangs- Purs et les Gardiens… Mon choix est vite fait, sauf si Soarin rapporte ça aussi à Bec d’Acier… ’. « Et pas que en espionne pour les Sang- Purs, mais aussi en gardienne ! »

    Chelinka minoucha. Elle était morte. Apparemment, Oul tenait plus à son amour pour Soarin qu’à sa propre vie. En un éclair, la femelle dorée vint lui taillader une aile. Même si cela ne mettrait pas longtemps à guérir, la douleur était aussi forte que si elle avait buté contre l’os. De fines larmes, à mi-chemin entre la rage et le désespoir, vinrent perler son disque facial. L’attaquer de la sorte au lieu de juste répliquer était signer son arrêt de mort. Elle n’avait même plus la force de tuer la chouette de l’Oural… Même si elle l’aurait bien voulu.
    De désespoir, elle fondit en larmes. C’était fini, elle avait perdu. Oul semblait presque fière d’elle. Chelinka n’osa même pas regarder Soarin dans les yeux. Elle avait eu plus de douleur que ce qu’elle venait de faire à celle qui était désormais son ennemie…Si elle survivait. La femelle dorée sentit son cœur défaillir. Bien qu’elle savait que ce moment allait sans doute être éphémère, elle vint se pelotonner contre Soarin.

    « ~ Soarin… je… je suis si désolée… »
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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeSam 16 Fév - 14:16


    Et là, Soarin sut qu’il allait péter un plomb.

    Envie de meurtre qui s’accentua lorsque Chelinka déboula. Le gésier de Soarin fit un bond. De surprise, dans doute ? Oui, ça devait être ça. Malgré tout, le jeune mâle était plus qu’heureux de revoir sa partenaire de mission. Cependant, le contexte actuel, et la position dans laquelle il se trouvait étaient plutôt en sa défaveur. En effet, le soldat aux yeux améthyste était littéralement jonché sur la petite Oul, la dominant de toute sa taille. Il avait voulu qu’elle se sente toute petite, si minuscule et insignifiante qu’elle aurait pu lui livrer tout ce qu’il lui demanderait, y compris le traitre échappé de Saint Ægolius.

    L’effraie dorée eut un regard mauvais. Soarin prit son temps, décontracté, pour descendre de la chouette de l’Oural, qui avait été clouée au sol sous son poids de mâle. L’attitude de Chelinka laissa le jeune ingénieur quelque peu perplexe. Elle se tourna vers lui, et fit, avec une grande surprise, teinté d’incompréhension :
    « ~ Soarin… Tu la connais ? »

    Sa voix était douce, mais hésitante, et tranchait avec la mine sombre qu’elle avait arboré quelques instants plus tôt. Le jeune mâle se tourna progressivement vers elle, oubliant sa vieille amie qui peinait encore à se relever. Il avait fait abstraction de la gardienne avec une facilité déconcertante. Chelinka s’avança vers lui. Il allait lui répondre, lorsqu’une voix dans son dos se fit entendre.
    « ~ En tout cas, moi, je t’ai déjà vu. »

    Il pivota sur ses talons instantanément, surpris. Soarin fronça les sourcils. Disait-elle cela dans le but d’attirer son attention ? Il en doutait : des accents de vérité perçaient les paroles de la jeune chouette de l’Oural.
    « ~ Vraiment ? » Murmura-t-il.
    « ~ Au Grand Arbre. »

    Là, tout fut très compliqué. Plein d’action se passèrent en simultané. Soarin avait reculé de quelques pas, sous le choc. Il ne comprenait pas –non, ne voulait pas comprendre- ce que venait de balancer Oul. Chelinka, au Grand Arbre ? Chez les gardiens ? Mais cela impliquait des tonnes de conséquences ! La jeune femelle serait donc une traîtresse, une gardienne infiltrée ? Qui aurait trompé le couple royal, mais aussi ses amies comme Ginger et Omyra et même… Lui ?

    Un goût âpre lui coula dans la gorge. Vite remplacé par un gout de rouille et de sel. Soarin s’était pincé la langue à sang, ne voulant pas exploser. Il voulait rester calme et maître de lui-même. Mais si la femelle dorée était une espionne, elle était donc ennemie aux Sangs-Purs. Elle était son ennemie. Pire, il allait falloir la livrer au couple royal, sous peine de devenir son complice au sein de l’armée.
    Hé, mais que lui prenait-il de dire des choses pareilles ? Soarin avait était trahit par Chelinka. Soit. Cela faisait mal, et le jeune mâle se demanda s’il pourrait un jour lui faire à nouveau confiance. Mais elle restait l’une de ses amies. Et puis, il n’était même pas un Sang-Pur, lui non plus. Il fallait qu’il arrête de se sentir aussi loyal envers Nyra. Il était en train de se laisser aller, et ça n’allait pas du tout.

    Mais Oul continua :
    « Et pas que en espionne pour les Sang- Purs, mais aussi en gardienne ! »

    Chelinka sembla rétrécir de deux tailles. Puis fondit sur Oul avant de lui infliger une longe blessure sanguinolente. Soarin n’intervint même pas. Désinvolte et distant, il haussa simplement les épaules lorsque le regard de la chouette de l’Oural se porta sur lui.
    Chelinka tourna elle aussi son regard vers lui. Les prunelles brillantes de larmes de honte, de tristesse et de rage. Il fronça les sourcils.

    L’effraie dorée vint se pelotonner contre le duvet argenté du jeune mâle, avant d’éclater en sanglots, et de dire, d’une voix étouffée :
    « ~ Soarin… je… je suis si désolée… »

    Ce fut comme si le jeune ingénieur venait de recevoir une décharge électrique. Il s’écarta brusquement de celle qui considérait comme son amie, même si ce terme était finalement trompeur. Après tout, il ne la connaissait vraiment que depuis quelques heures.
    Alors pourquoi toute cette tristesse en lui ?

    Soarin posa son regard vers Oul. Cette dernière faisait toujours coucou au sol, dans les vapes. Elle ne lui serait plus utile. Pourtant, il la connaissait depuis plusieurs années, et avait partagé tellement de moment avec elle. Alors pourquoi ne ressentait-il que de la peine pour elle ?


    « ~ Chelinka. » fit-il simplement en se retournant vers la concernée.
    Il la jugea d’un air distant et perplexe. Le pire, c’était qu’il ne savait pas quelle conduite adopter. La colère ? La résignation ? La joie de savoir qu’elle non plus, n’était pas entrée dans ce système annihilant des Sang-Purs ?


    « ~ Aurais-tu l’amabilité de m’expliquer un peu ce qu’il se passe ? »
    Il souleva un sourcil, soulignant son désarroi. Non, c’était à elle d’agir. C’était à Chelinka de s’expliquer, et non à lui de chercher à comprendre. Le jeune mâle posa son regard brûlant sur la femelle dorée, alors que le goût de son sang s’était fait toujours plus présent dans sa gorge. A présent, Soarin luttait. Il luttait pour ne pas pleurer également, pour ne pas s’enfuir et abandonner ces deux gardiennes. Il luttait pour rester lui-même, même s’il ne savait plus qui il était.
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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeDim 17 Fév - 21:19

    Tout avait si bien commencé... Un si beau rêve...
    Alors pourquoi ça c'était transformé en cauchemar ?!

    Oul avait tout gâché. Tout. Pourquoi avait-il fallut qu'elle parle ?! Pourquoi, à cause d'un fabuleux coup du hasard, ils avaient dû rencontrer la Chouette de l'Oural, juste pour une simple mission, juste pour retrouvé un soldat qui avait déserté ? Ces derniers temps, la malchance était tombée sur Chelinka. Et maintenant, avec Soarin, elle avait eu un bref espoir que cette succession de malheur qui a pris sa source depuis déjà si longtemps cesse enfin... mais non, une gardienne était intervenue pour la mettre dans une mauvaise situation. Ah ! Qu'elle avait de la chance, l'effraie dorée, depuis que Gartor était parti.
    Gartor ! Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vu que Chelinka avait perdu espoir d'un jour le revoir. Elle s'était promis de ne jamais cesser d'espérer qu'il reviendrait. Mais vite, cette promesse c'était mué en un vague souvenir. Et elle avait cessé de croire qu'il reviendrait. Qu'elle avait été naïve ! Elle se sentait maline maintenant. Surtout que maintenant, avec Oul, elle ne pouvait ni rester chez les gardiens car ils apprendraient qu'elle aime un Sang Pur, et si elle restait avec lui, tout Saint - Aego aurait vent qu'elle était une ancienne gardienne... Non pas qu'elle doutait de Soarin. Mais elle était à peu près sûre que Oul trouverait un Sang- pur à interpeller pour lui apprendre ça. Elle était dans une sacré impasse.

    Quitte à tout perdre, autant que Soarin sache la vérité. Chelinka ne pouvait plus continuer à lui mentir. Non, elle devait être forte. Qu'importe qu'il sache la vérité maintenant ou plus tard, de toute manière, elle aurait été forcé de lui dire que c'était une gardienne... Enfin, une ancienne gardienne. Tout du moins, elle se serait sentit forcée de lui dire la vérité.
    Mais après tout, n'avait- elle simplement pas le droit de l'aimer ? Cette question tourmentait Chelinka. Mais, pour l'instant, il fallait qu'elle s'explique. Mais pas devant Oul. Elle n'avait pas besoin de savoir que l'effraie dorée avait trahi les gardiens, car malheureusement, la petite Chouette de l'Oural était beaucoup trop bavarde. Après ce qu'elle avait révélé, elle était capable de la faire partir à coup de serre dans le croupion. Mais elle savait que ça ne saurait pas nécessaire. La Tyto jeta froidement à Oul :

    "~ Pars. Voyant qu'elle ne réagissait pas, elle rajouta : Tout de suite !"

    Le léger bruissement d'aile lui indiqua qu'elle venait de s'envoler. Chelinka reprit doucement sa respiration. Elle tremblait presque à l'idée de devoir tout expliquer à Soarin. Elle attendit quelques secondes, fixant le ciel en attendant que la petite tâche brune s'éloigne Jusqu'à ce que celle- ci ne les entende plus. La femelle effraie avait du mal à tenir debout. Pourtant, elle devait tenir. Elle devait le dire à Soarin. Peut- être qu'après, il ne la dénoncerait pas, mais c'était un espoir bien mince. Elle reprit encore sa respiration, et entama ce qui fut son histoire, bien douloureuse à raconter. Mais le point de non- retour était atteint. Elle devait dire la vérité.

    "~ Soarin, c'est assez long à expliquer. Je sais que tu veux certainement que j'ailles à l'essentiel, mais c'est plus dur que ça n'y parait. Je dois aussi tout te raconter selon ce que je me souviens, sinon, je ne penses pas que tu comprendras tout.
    Malgré ce qu'on dit au Grand Arbre, que tout le monde est égaux et que personne ne mérite de mourir, en étant poussin, ce n'est pas exactement pareil. J'ai souvent subi les discrimination dû à la couleur de mon plumage ou de mes yeux. J'étais souvent seule, et je n'avais qu'une seule personne qui me défendait. Nox. C'était une effraie ombrée, qui ne méritait pas de mourir. Et, malheureusement, il est mort. A cause des gardiens. Il était déjà plus âgé que moi, d'une demi année. Il avait donc un an quand j'avais six lunes, et on l'a accusé d'être un espion pour les Sang- Pur. On était en période de guerre... Ils ont décidé de le tuer.
    A partir de cette période, j'ai commencé à m'éloigner des gardiens. J’enchaînais les missions pour m'éloigner du Grand Arbre. Puis, en désespoir de cause, j'ai proposé au Parlement de partir chez les Sang- Pure en temps qu'espionne. J'ai eu la chance que Ginger me choisisse pour devenir une espionne, avec déjà le duo Omyra et elle. Je me suis un peu lié d'amitié avec certaine personne, comme Saphyra, et Omyra également. Je revenais régulièrement au Grand Arbre, mais j'ai peu à peu laissé les gardiens de côté.
    Chelinka hésita quelques secondes à raconter ce qui s'était passé avec Gartor. Non... Après tout, elle ne mentirait pas à Soarin, elle omettrait juste ce détail.
    Depuis peu, je suis indécise, hésitante. je ne sais même plus si je suis une gardienne ou une Sang- pure. D'une certaine manière, je me sens mal de trahir mes amis lentement mais sûrement. Omyra, Saphyra, Ginger... Et maintenant... Toi. Après tout, je n'ai même plus d'attaches au Grand Arbre. Ni amis, ni famille, ni même confiance. Je me sens mieux à ma place ici que là bas.
    "

    Voilà, Chelinka avait vidé son sac. Bien que mal à l'aise, elle se sentait mieux d'avoir pu dire la vérité, rien que la vérité à quelqu'un. Surtout si c'était Soarin. Mais une question se posait : Qu'allait-il faire ? Quoi que la mâle ferait, l'effraie dorée serait obligé d'obéir sans discuter, même si il la livrait au couple royal. Elle devait désormais assumer. Presque comme un défi, mais cependant hésitante, elle lança :

    "~ Et maintenant que tu connais la vérité Soarin, que vas -tu faire ? "
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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeMer 20 Fév - 23:44

Chelinka regarda partout autour d’elle, comme paniquée. Ses yeux vairons se posèrent enfin sur un point fixe. Sans réfléchir, presque instinctivement, Soarin suivit son regard. Oul. Le jeune ingénieur aux yeux améthyste frissonna.
"~ Pars. Tout de suite !"

L’ordre qu’avait donné l’espionne dorée fut sec, et sans hésitation. Oul la regarda, peinée et blessée, avant de s’envoler comme elle pouvait. Un instant, l’espace d’un seul, Soarin eut presque pitié pour elle. Mais le goût métallique qui emplissait sa gorge lui rappela la traitrise de Chelinka. Il se tourna vers la concernée, haussant un sourcil interrogateur. Il voulait des réponses, et tout de suite.

Chelinka baissa la tête un instant, comme si elle cherchait ses mots. Puis, les yeux brillants d’émotions, elle lâcha un long monologue.
~ Soarin, c'est assez long à expliquer. Je sais que tu veux certainement que j'ailles à l'essentiel, mais c'est plus dur que ça n'y parait. Je dois aussi tout te raconter selon ce que je me souviens, sinon, je ne penses pas que tu comprendras tout.
Malgré ce qu'on dit au Grand Arbre, que tout le monde est égaux et que personne ne mérite de mourir, en étant poussin, ce n'est pas exactement pareil. J'ai souvent subi les discrimination dû à la couleur de mon plumage ou de mes yeux. J'étais souvent seule, et je n'avais qu'une seule personne qui me défendait. Nox. C'était une effraie ombrée, qui ne méritait pas de mourir. Et, malheureusement, il est mort. A cause des gardiens. Il était déjà plus âgé que moi, d'une demi année. Il avait donc un an quand j'avais six lunes, et on l'a accusé d'être un espion pour les Sang- Pur. On était en période de guerre... Ils ont décidé de le tuer.
A partir de cette période, j'ai commencé à m'éloigner des gardiens. J’enchaînais les missions pour m'éloigner du Grand Arbre. Puis, en désespoir de cause, j'ai proposé au Parlement de partir chez les Sang- Pure en temps qu'espionne. J'ai eu la chance que Ginger me choisisse pour devenir une espionne, avec déjà le duo Omyra et elle. Je me suis un peu lié d'amitié avec certaine personne, comme Saphyra, et Omyra également. Je revenais régulièrement au Grand Arbre, mais j'ai peu à peu laissé les gardiens de côté. Depuis peu, je suis indécise, hésitante. je ne sais même plus si je suis une gardienne ou une Sang- pure. D'une certaine manière, je me sens mal de trahir mes amis lentement mais sûrement. Omyra, Saphyra, Ginger... Et maintenant... Toi. Après tout, je n'ai même plus d'attaches au Grand Arbre. Ni amis, ni famille, ni même confiance. Je me sens mieux à ma place ici que là bas.


.
..

Silence

..
.

Soarin médita un instant sur tout ce que venait de dire Chelinka. Son histoire, déballée d’une traite, comme ça. Il fronça les sourcils, se refusant de se perdre dans les méandres des souvenirs de la femelle dorée, ou de se faire distraire par quelques réminiscences ainsi exposées au grand jour.

Chelinka pencha de nouveau la tête, et, d’une voix basse, elle demanda :
"~ Et maintenant que tu connais la vérité Soarin, que vas-tu faire ? "

Commencer par cracher tout ce sang qui s’accumule dans mon bec
siffla intérieurement Soarin.
Il profita du fait que sa partenaire de mission ait toujours la tête baissée pour cracher un petit flot de sang. Il claqua du bec, et dit, d’une voix pâteuse :
- Tu m’as menti.

Elle lui avait menti. Il n’avait pas dit « nous », terme qui englobait tous les Sang-Purs et l’armée de Bec d’Acier. Pour la simple raison qu’il ne se considérait pas comme étant l’un de leur sbire. Or, c’était clairement stipulé dans son contrat d’embauche : Il n’était que leur employé. Par leur pion, leur soldat. Il restait indépendant.


Il ferma un instant les yeux. S’efforça de ne pas se laisser aller aux larmes amères. Le regret de l’avoir connu. D’avoir été aussi proche d’elle aussi vite. De lui avoir fait confiance tout de suite. De l’avoir traité comme son égal. Il bascula la tête en arrière un instant encore.

Puis, ses yeux brillant d’incompréhension, il se tourna finalement vers Chelinka.
- Pourquoi….

Il pinça à nouveau le bec. Il était frustré. Cette situation le dépassait complètement. De même que son comportement. Pourquoi agissait-il ainsi ? Il ne connaissait vraiment cette femelle que de puis quelques heures ?
Le jeune mâle argenté soupira.
- Pourquoi est-ce que je réagis comme ça ? Aussi fort que si c’était l’une de mes plus proches connaissances qui me trahissait ?

Puis, dans un élan presque hystérique, il se mit à rire. Un rire nerveux, mais presque franc, avec des sonorités de soulagement.
- Et pourquoi je réagis comme ça, alors que moi-même, je ne suis pas un Sang-Pur non plus ?


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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeDim 7 Avr - 19:04

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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeSam 27 Avr - 23:18

    Après avoir parlé, Chelinka baissa la tête, honteuse. Elle ne sentait plus la force qu’elle avait au début de la mission. C’est à peine si elle avait assez d’énergie pour s’envoler. Pourtant, c’était bien la première chose qu’elle voulait faire : s’envoler, le plus haut possible, frôler les nuages… Se vider la tête, et être seule. Comment, il y a encore quelques minutes, elle ne souhaitait qu’être avec Soarin, et que maintenant, elle tenait à être seule ? C’était une question que la jeune effraie dorée ne pouvait malheureusement qu’éluder.

    « ~ Tu m’as menti. » Fis finalement Soarin.

    La voix de Soarin sortit Chelinka de sa léthargie. Mais comment aurait- elle put lui dire la vérité sans se trahir ? Et elle ne lui avait pas mentit. Elle avait menti aux Sangs- Purs. Jamais elle n’avait dû prétendre qu’elle était de leur côté. Jamais l’effraie dorée n’avait dû dire à Soarin que c’était une Sang- Pure. Tout ça, c’était des choses que les autres avaient dit, pas elle. Tout ce qu’elle avait fait, de son côté, c’était caché la vérité. Pas mentir.
    Pourtant, lorsque Soarin lui jeta un regard rempli d’incompréhension, ce genre de regard qui valait plus qu’un long discours, Chelinka s’en voulut profondément. Elle l’avait trahi. Et elle ne pourrait pas remédier à ça, à cette amitié brisée par sa faute. Pourquoi avait- il fallut que son œuf éclose sous les branches du Grand Arbre, et non pas dans les canyons ? Au moins, son amitié avec lui serait toujours intacte. Et maintenant, pour elle, rien ne valait plus que ça.

    « ~ Pourquoi… » Murmura-t-il.

    En effet, pourquoi ? C’était bien la question que Chelinka se posait. Pourquoi Soarin n’avait-il pas réagi comme un Sang- Pur ? Pourquoi avait- il fallut qu’elle fasse sa mission avec lui ? Pourquoi avait- il fallut qu’elle décide de se rendre ici, et pourquoi avait- il fallut qu’ils croisent Oul… ? Toutes ces questions sans réponses se bousculaient dans la tête de la chouette dorée.
    Le soupir de Soarin fit éclater le silence, et à son tour, Chelinka fit de même. Elle sentait la frustration de son ami, mais n’osait malheureusement pas ouvrir le bec pour dire quoi que ce soit. Elle se contentait de regarder ses serres, honteuse. Le silence s’installa de nouveau. Ce silence, lourd et pesant, qui a dû mal à partir. Ce silence, gêné, quand on ne sait plus quoi dire. La forêt semblait s’être tut, attendant la réaction des deux effraies.

    « ~ Pourquoi est-ce que je réagis comme ça ? Aussi fort que si c’était l’une de mes plus proches connaissances qui me trahissait ? »

    ‘Et pourquoi je suis une imbécile qui s’attire dans les pires pétrins et qui ne pourrait pas se contenter de rester sagement au Grand Arbre.’ Gronda intérieurement Chelinka. Et désormais, si Soarin décidait malgré tout de ne pas la livrer aux Sangs- Purs, il deviendrait en quelque sorte un complice, et si quelqu’un découvrait que la femelle dorée était une espionne infiltrée, il pouvait être en danger. ‘Par ma faute.’
    Le rire de Soarin sortit Chelinka de sa léthargie - Une fois de plus -, comme il fit éclater le silence comme un éclat de verre sur le sol. L’effraie dorée manqua de sursauter, mais parvint à rester à peu près sur ses serres. Elle aurait fait encore moins bonne mesure si elle se montrait être une trouillarde - Bien qu’elle ne l’était pas, pas ce silence brisé si soudainement l’avait vraiment surpris, et heureusement qu’elle avait l’habitude de devoir rester en place quoiqu’il arrive.

    « ~ Et pourquoi je réagis comme ça, alors que moi-même, je ne suis pas un Sang-Pur non plus ? »

    Là, ce fut au tour de Chelinka de regarder Soarin avec des yeux remplis d’incompréhension. Ce n’était pas… Un Sang- Pur ? Que voulait- il dire par là ? Il était presque un de leurs lieutenants, c’était même l’architecte qui se chargeait de… De tous les travaux d’architectures en tout cas, car l’effraie dorée en elle-même ne savait pas vraiment comment qualifier son travail. La femelle murmura, indécise, comme pour elle-même :

    « ~ Soarin… »

    L’émotion ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Chelinka ravala un instant sa salive, et compléta sa phrase, avec une voix un peu plus assurée… Tout du moins, un peu moins faible.

    « ~ Soarin, j’ai dû m’expliquer… A ton tour maintenant. S’il te plaît. »
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MessageSujet: Re: Dream   Dream Icon_minitimeDim 28 Avr - 1:31

    Son regard bicolore où flotte l’incompréhension. La jeune femelle n’en revient pas, elle non plus. Un petit, tout léger sourire, vit étirer le bec de Soarin. Sourire triste, sans grande émotion. Pourquoi avait-il déballé cela ? Evidemment, Chelinka n’allait pas se contenter que ce ça. Elle poserait des questions. Voudrait savoir, comprendre. Evidement. C’était naturel, et compréhensible. Alors pourquoi avait-il lâché ça, sans réfléchir. Mauvaise habitude qu’il a prise, le bonowl (à traduire par le bonhomme, j’imagine).

    Et, bingo, l’espionne dorée demanda finalement :
    ~ Soarin…

    Et ce fut le début des ennuis. Quoi donc ?
    Une femelle, telle qu’elle soit, qui exige des explications, et qui commence par ne vous appeler que par votre prénom, d’une voix neutre, et sans appel, vous croyez que c’est bon signe, ça ? Ben non. Et Soarin, avec sa longue expérience qu’il avait eu auprès des femelles, en savait quelque chose. Gentil petit Don Juan que voilà… Il peut tirer pleins de conclusions de ses précédentes expériences, voyez vous. Ben tant mieux, parce que tout ça ne sera pas de trop pour le sortir de ce mauvais pas. Il n’avait pas envie de tout gâcher pour un malheureux lapsus. Sa vie, son poste à responsabilité, son amie… S’il pouvait la considérer comme telle. Après tout, n’avait-elle pas été dans le camp ennemi aux Sang-Purs ?Qu’est-ce qui lui prouvait qu’elle n’était pas encore en train de lui mentir.

    D’une voix toute faiblarde, Chelinka poursuivit néanmoins.
    ~ Soarin, j’ai dû m’expliquer… A ton tour maintenant. S’il te plaît.

    Il ne put s’empêcher de réprimer un petit rire nerveux. Le goût métallique du sang était toujours présent, et Soarin fut à nouveau obligé de cracher le reste du liquide rouge à ses pattes, et tant pis si Chelinka voyait ça. Il n’en avait plus rien à faire, après tout.

    Il leva vers elle un regard dur et froid, avant de répondre :
    ~ Et c’est toi qui exige cela ? Toi, la potentielle espionne ?

    Il essaya de se radoucir un peu. En vain, peut-être. Bah, au moins sa voix fut-elle moins agressive et accusatrice. Soarin essayait vraiment de se modérer, en l’honneur de sa sympathie à l’égard de la femelle dorée.
    ~ Je ne suis pas un ennemi des Sang-Purs, et je ne l’ai jamais été. C’est là ma différence avec toi. Je ne suis pas en droit de te dire quoique ce soit uniquement parce que tu m’as révélé tes anciens desseins… Néanmoins…


    Il fit une longue pause, déglutissant une salive hapre au gout de rouille et de sel. Encore. Chelinka lui avait certes dit la vérité. Elle avait confiance en lui au point de risquer sa vie et de tout lui dévoiler. Bon, cette vérité n’était pas bonne à entendre, d’accord. Mais elle avait le mérite d’avoir joué franc jeu. Elle aurait pu continuer à lui mentir. Quelque part, ses aveux étaient forcés, mais louables. Soarin devait respecter cela.
    Etait-ce donc trop poussé de penser que Chelinka lui avait avoué tout cela juste pour gagner sa confiance et le manipuler par la suite. Il en doutait. Mais un soupçon d’inquiétude lui enserrait néanmoins le gésier. Il ne la connaissait pas suffisamment pour trancher sur la question. Le jeune ingénieur devait se montrer prudent.

    Sa voix se fit finalement beaucoup plus douce lorsqu’il poursuivit :
    ~ Tu as choisi de me dire la vérité. C’est… louable. Et tu mérites de savoir. Après tout, ce n’est pas ça qui mettra ma situation en danger, contrairement à toi…

    Il soupira, avant de conclure.
    ~ Nyra m’a engagé comme ingénieur. Globalement. J’aurais pu rejoindre ses rangs, mais j’ai demandé un peu de temps avant de donner ma décision définitive. En somme, les Sang-Purs sont mes employeurs. Nyra et Bec d’Acier, tout du moins. Ce n’est pas quelque chose que je cache, mais le dissimuler empêche les autres soldats de me rabaisser. Pratique. Point, fin de l’affaire.
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