Nartya volait depuis longtemps aux côtés de Ethyl et de Joy, un nyctale. En effet, une série d'enlèvements avait eu lieu à Ambala. Boron les avait envoyé tous les trois là-bas afin de déterminer les causes de ces derniers : St-Aegolius ou Sangs-Purs? Chouette maboule ou juste de simples rumeurs lancées par des petits malins?

L'effraie charbon semblait d'humeur féroce. La grand-duc le craignait depuis ce qui s'était déroulé au Grand Arbre avec Moonye. Elle n'osait pas le regarder quand elle parlait, ni parler de cette affaire.
Joy lui semblait plutôt jovial et chantait un air joyeux. Rien à voir avec les nobles paroles des gardiens, il s'agissait une chanson stupide sur les mous du croupion.

" ...et la mouette poussa un criiii! ♪
Avant de tomver dans l'eau, plouf! ♪
Toute trempée elle en ressortit, ♪
Un requin lui avait arraché des touffes, ♪
Des centaines et des centaines de plumes ♪
La mouette dut nager jusqu'à la berge! ♪
Mais à peine arrivé qu... "

Nartya poussa un soupir. Elle en avait vraiment marre de Joy et de ses chansons. Et ce froid entre Ethyl et elle lui donnait envie de hurler. Elle n'en put plus et finit par hurler sur le pauvre nyctale.

" VAS-TU TE TAIRE?! CROTTE DE RATON! "

Joy fixa la grand-duc avec un regard mêlée de vexation et d'étonnement. Il minoucha un peu et baissa la tête. Nartya minoucha elle aussi un peu. C'était rare qu'elle se fâche comme ça, mais elle était très nerveuse ces temps-ci.

Peu de temps après, une forte bourrasque venant de l'opposé ralentit leur course. Bientôt un puissant vent les empêcha d'avancer La pluie se mit à tomber Ils ne voyaient rien dans cette tempête. Il fallait qu'ils atterrissent ou ils se perdraient et seraient séparés.

" Ethyl! Joy! Il faut se poser! hurla Nartya.

Ils atterrirent sur une branche. Mais il faisait froid et le vent faillit plus d'une fois les faire tomber de leurs branches. La seule chose à faire, c'était de dormir au sol. Justement, ils repérèrent un petit creux dans une souche. Les gardiens se cachèrent à l'intérieur. Ils y étaient à l'étroit mais c'était bien plus confortable. Là, il faisait chaud et le vent ne les atteignait pas.
Ils s'endormirent malgré le bruissement des arbres et le sifflement du vent.

Il y eut soudain un craquement. Trop lourd pour être celui d'un mulot, songea la grand-duc. Elle jeta un coup d'oeil vers l'extérieur du creux. Devant elle se tenaient trois effraies. Une effraie du Cap, un effraie des clochers et une effraie masquée.

" Des Sangs-Purs. " murmura-t-elle en minouchant comme elle n'avait minouché.

La nuit était déjà de retour. À peine quelques heures de sommeil m'avait suffit pour finalement me réveiller, plus tôt que prévu, mais tout de même en pleine forme. Le jour avait cédé la place à la nuit il y avait à peine deux heures, environ. De nombreuses étoiles parsemaient le ciel ici et là. Mais nous n'avions pas besoin de savoir par coeur l'emplacement des constellations pour nous retrouver. Nous n'allions qu'à Ambala faire une simple collecte.

J'avait finalement découvert l'identité de ce visage familier que j'avait déjà croisé dans les couloirs de l'Orphelinat. Sparkle, je crois..Une effraie du Cap, à en juger par son plumage. J'était aussi accompagné d'Howakhan, une autre effraie mâle.

Des fois, nous nous échangions nos armes entre Affaren et moi, et cette nuit là, j'avais apporté sans grande hallebarde bleuté. Parce qu'on ne sait jamais ce qui nous attends. Mais en même temps, c'était presque ridicule d'amener une arme à une simple collecte..Quand même, il n'y aurait rien, sinon quelques parents courageux ne voulant pas ce faire voler sa couvée. C'aurait été facile à battre, même à serres nues. Mais bon, j'avais choisi la précaution, et je ne le regrattais pas.

Nous étions en vol depuis une vingtaine de minutes, ayant passé la frontière depuis un bout de temps. J'écoutais attentivement les moindres sons. Rien de bien intéressant. Jusqu'au moment où..

-VAS-TU TE TAIRE?! CROTTE DE RATON!

Un hurlement, au loin. La chouette n'avait sans doute pas cherché à se faire discrète. Je me mis à battre des ailes plus rapidement, et les deux soldats s'adaptèrent à mon rythme. Ils avaient sans doute eux aussi entendus les paroles. J'attendis un instant encore, mais rien. Je me décida enfin à me poser au sol, sur un coin de terre poussiéreux qui me fit faire un grand bruit, facile à détecter. «Bon, la discrétion n'as pas fonctionné.», pensais-je. La poussière flottant autour de moi, je me rapprocha d'une sorte de grande souche d'arbre, d'où provenait du bruit. Je marcha silencieusement, ou du moi, j'essayait, quand, sans l'avoir vu, il y eu un craquement. Une branche. Écrasé par je ne sais qui. J'entendis alors à nouveau des paroles, ou plutôt un murmure. Une voix que j'avait déjà entendu...

-Des Sangs-Purs.

Je me rapprocha de la souche pour y découvrir, entassé dedans, Ethyl, Nartya, et un Nyctale dont je ne pouvais attribuer un nom. Mais qu'est-ce qu'il fichait les trois ici? Je me tourna en direction des deux soldats, qui semblaient les avoir aperçus. Qu'est-ce que je devais faire?

-Ne les tuez pas.

Qui était ce Nyctale? Et pourquoi je l'épargnerais? Je ne le connaissais même pas! Et pour faire plus crédible devant les soldats (car il ne fallait pas qu'ils sachent que je les connaissaient), pourquoi ne pas le laisser se faire tuer? Je ne savais pas trop. Je dit donc:

-Sauf le Nyctale. Faite-en ce que bon vous semble.

Tout ce que je savais, c'est que la chouette n'allait sans doute pas survivre, ayant entendu dire que Sparkle étant un grand sanguinaire..cruel, en bref.

Le clair de lune reflétant sur nous, et moi avec ma hallebarde dans les serres, on avait l'air plutôt crédible. On avait l'air de Sangs-Purs, et donc, je faisait croire à mes soldats que je ne les connaissait pas. Au moins, là, je n'avais pas raté mon coup.

J'attendit impatiamment les paroles d'Ethyl et Nartya, et peut-être du Nyctale. Sparkle s'en occuperait, sans doute, avec plaisir.

[Pour rappeler l'ordre de Post: Nart'/Moi/Sparkle/Ethyl.]

Sparkle était en mission de collecte avec Howakhan, une bonne connaissance ainsi qu'avec Fymaël, le capitaine des Sangs-Purs. Il ne l'avait jamais rencontré avant. Il l'avait quelques fois vu survoler les canyons de St-Aegolius accompagné de son escorde, mais ne lui avait jamais parlé. Il était assez reservé et il avait toujours le sang-froid disait-on entre les soldats. Et l'effraie du Cap trouvait que tout cela lui correspondait vraiment.

Toujours pas d'oisillons en vue, se lamenta Sparkle au fond de lui. Ces missions de collecte n'étaient pas ses favorites, mais c'étaix déjà mieux que d'avoir à surveiller les poussins déboulunés comme sa cousine Blueflyght qui, comme toute Sang-Pur respectable, haïssait ce genre de corvées.

Tout était calme et l'ambiance était froide. Chez les Sangs-Purs, ce genre de silence en mission était normal, même très banal. Ils ne discutaient pas entre eux. De plus, ils leur fallait écouter et être attentif au moindre son s'ils voulaient pouvoir localiser leur butin de futurs soldats.
Une légère bourrasque secoua les trois effraies. C'était signe de tempête. Génial, se dit Sparkle, pas trop enthousiasthe de devoir voler dans de telles conditions.

Soudain, un cri déchira le silence.

" VAS-TU TE TAIRE?! CROTTE DE RATON! "

Sparkle faillit pouffer de rire et chuinta légèrement. Le moindre gros mot et il entrait dans un fou rire. Tout ce qui était vulgaire le faisait sourire.
Fymaël se mit à voler plus rapidement et l'effraie du Cap dut accélerer le rythme.

Ils atterrirrent sur le sol de façon peu discrète. De la poussière volait.
De petits bruits venaient d'une souche. Les trois tytos se pressèrent autour, prêts à se battre s'il le fallait.

Dedans se trouvaient une effraie charbon, un mâle de petite taille mais à l'air belliqueux, un nyctale qui semblait étonné et affolé, et une grand-duc qui était pétrifiée.
Une grande joie envahit le gésier se Sparkle. Tuer. Ce mot ne cesser de se répéter dans sa tête. Il en tremblait rien que d'y penser.
Le capitaine, lui semblait aussi surpris que le nyctale et hésita quelques secondes avant de parler.

" Ne les tuez pas. "

A ce moment toute joie quitta le soldat. Que venait donc de dire ce lâche de Fymaël? Il avait envie de se jeter dessus et de lui arracher les yeux. Il voulait déchirer son gésier, lui faire cracher son coeur!
Mais alors que l'effraie du Cap, en colère, s'apprêtait à lui sauter dessus, le capitaine lâcha ces mots :

" Sauf le Nyctale. Faites-en ce que bon vous semble. "

Sparkle se redressa d'un coup, fou de joie. Il jeta un regard plein de défi à Howakhan qui le lui renvoya. Le plus fort gagnerait le droit d'achever la pauvre chouette, on devinait leur idée en voyant leur air agressif. Ils se jetèrent à deux sur le nyctale, déracinant la souche.

" Pousse-toi! " hurla Sparkle en griffant l'autre effraie de toutes ses forces.

Howakhan poussa un grand cri de douleur et s'écroula au sol. En effet, l'autre, dans une folie meurtrière lui avait crevé les yeux. L'effraie du Cap le regarda agonisait avec satisfaction. Peu importe ce que Fymaël dirait, il s'était bien amusé. Mais lorsqu'il se retourna, Sparkle remarqua que le nyctale s'était envolé, pendant que la grand-duc et le tyto noir restaient sur place, pétrifiés.
Il s'envola et rattrapa très vite l'autre chouette. Celle-ci poussa un cri désespéré.

" VA POURRIR A HAGSMIRE PAUVRE CHOUETTE! "

Il avait entendu Bec d'Acier prononcer cette phrase lorsque lui et Blueflyght avaient été convoqués pour une mission de la plus haute importance dans sa grotte. Le Grand Tyto avait hurlé en se jetant sur une pauvre chouette pour lui transpercer le ventre d'un coup de serre.

Prêt à tout pour avoir l'air d'un puissant Sang-Pur, il essaya de faire exactement comme Bec d'Acier aurait fait. Il se jeta sur le nyctale et lui attrapa la tête entre ses serres. Il le renversa sur le dos et le fit tomber. Mais la grande chouette réussit à se reprendre avant de tomber au sol, mais il était trop tard : Sparkle se jeta sur lui et le projeta au sol. Il y eut un grand nuage de poussière.
Le pauvre Joy avait mal, et se releva tant que bien que mal. Mais l'effraie du Cap surgit d'un coup et lui enfonça ses griffes dans la tête. Il n'avait pu prévoir l'attaque du tyto, sa vue brouillée avec toute cette poussière. Le sang coulait à flots. Sparkle le griffait de toutes ses forces et finit par lui enfoncer ses serres au plus profond de son gésier avant de le laisser tomber au sol.

Les yeux du pauvre nyctale roulèrent et il s'immobilisa : il était mort. Son assassin chuintait, les plumes couvertes de sang frais.

Ethyl était encore une fois de la partie pour une interminable opération de surveillance. Ce n'était clairement pas le genre de sorties qu'il affectionnait, mais le pire ne venait pas de la sortie elle même, mais plutôt des chouettes qui lui prêtait main forte. La douce et meurtrière puissance du squad oméga n'était plus, et le petit gardien voyait plutôt l'opération comme une belle mascarade orchestrée par le conseil. Pour qui le prenait-on ? Un owlet-sitter ?

Nartya lui avait déjà prouvé à plusieurs reprises son incompétence lorsqu'il avait besoin d'aide. Comment pouvait-il lui faire confiance quand il s'agissait d'affronter la mort alors qu'elle était même pas capable de tenir son rang au grand arbre ? Et que dire de Joy ? Aussi petit de taille que d’esprit. Savait-il au moins ce qui l'attendait pour sa toute première sortie ?

Alors Ethyl volait sans dire un mot. Se préparant au pire, laissant les deux autres s'occuper tant bien que mal. Tantôt, Nartya sembla tenter une bride de conversation... geste qu'elle regretta sans doute amèrement quand Ethyl lui répondit par un regard désapprobateur, parfait mix entre le regard de mort et celui d'indifférence... un regard qui voulait plus annoncer un beau « hulule toujours.... tu m'intéresse... mais tâche de ne pas trop en abuser... mon bec est acéré et mes serres bien affûtées ». On était loin des bon et très rares jours ou Ethyl montrait son ouverture aux autres.

" ...et la mouette poussa un criiii! ♪
Avant de tomver dans l'eau, plouf! ♪

Ethyl tourna vivement la tête en direction des chants, surpris d'être dérangé pendant sa réflexion sur les attaques par contre-courant.

« Non mais il manquait plus que ça !!! » se dit-il. « Joy devrait apprendre que les boites à musique, on les enferme en boite!!! »

" VAS-TU TE TAIRE?! CROTTE DE RATON! "

Bizarrement, il aurait aimer que cette remarque vienne de lui. Il l'aurait même accompagné d'un bon gros coup de serre, le genre à laisser des marque tout aussi physique que morale. Mais non, par chance pour Joy, c'était Nartya qui s'était manifestée la première.

« Tiens... pour une fois qu'on est d'accord » Se dit-il, un sourire aussi mensonger que narquois.

Puis le silence revint à nouveau... aussi apaisant pour les oreilles que pour les pensées. Oui, l'ambiance n'était pas au beau fixe, et Ethyl faisait tout pour que ça soit ainsi. Mais que pouvait-il faire contre sa nature propre ?

Une heure passa, puis une autre, sans que le paysage ne se métamorphose pour autant. C'était tout juste si les nuages de plus en plus nombreux laissait transparaître une pleine lune traversant des petits cercles, comme des puis de lumières. Des nuages menaçant qui ne laissait rien présager de bon... une tempête se préparait et cela disait rien de bien à Ethyl.

Choses prévues.... choses dues, et les bourrasques ne tardèrent pas d'étaler les nuages pour faire disparaître définitivement le clair de lune. Ethyl fut extrêmement étonné que cette tempête se forme à vu d'oeil, comme si leur sortie n'allait pas être assez difficile comme ça ! Mais il fallait continuer coute que coute, et personne n'osa interrompre le vol en formation. Qu'importait les bourrasques grandissantes, lui arrachant une douleur intense à son aile blessée, jamais Ethyl n'aurait fait demi-tour. La raison était bien plus complexe que l'honneur ou la bravoure, mais plutôt un serment de retour qu'il avait fait à celle qu'il se devait maintenant de protéger.

Le vent ne renonça pas pour autant à les faire renoncer... perfide, sadique qu'il était... comme un sang pur, tentant de prouver sa valeur aussi absurde soit la raison. Ethyl fut pourtant impressionné par la vaillance dont faisait preuve Joy pour suivre les autres membres du groupe, tout cela malgré sa taille. Il devait bien être de la même taille d'Ethyl, et ce n'était clairement pas pour les servir. On remarquait bien que les deux petites chouettes du groupe se laissait bousculer à chaque rupture de vent... mais que pouvaient-ils faire ? Le vent les portait après tout.

Nartya semblait quand à elle impassible, solide comme la roche, puissante comme se devait être tout grand duc. Pourtant, son aisance apparente ne là fit pas oublier de veiller sur le groupe.

" Ethyl! Joy! Il faut se poser! " Hulula-t-elle de toutes ses forces, tentant de recouvrir le vent sifflant entre les arbres qu'ils survolaient.

La petite effraie ne pu qu'approuver. Après tout, que risquaient-ils par une nuit de tempête ? Ce n'était pas un temps à sortir une chouette... alors qu'en était-il de ces sous volatiles de sangs purs ?

Aussitôt dit, aussitôt fait, et le petit gardien remercia Glaux de leurs avoir épargnée les grosses bourrasques. Un repos mérité, que personne ne sembla refuser. Un repos qui laissa enfin reposer l'aile meurtrie du petit combattant, comme si ce monde misérable voulait à tous prix lui montrer qu'il n'était qu'un vulgaire mortel, jouant constamment avec la frêle flamme de la vie.

Point de cérémonie du lit, (enfin... comprenez le rituel de la finegoutellette, amis à plumes) les trois chouettes tombèrent dans un sommeil profond et amplement mérité. Perdu dans ses pensées, Ethyl pris tout de même un peu de temps pour réfléchir à la situation périlleuse qu'il vivait tous les jours. Combien de temps allait-il vivre de sa chance ? Etait-il encore le combattant qu'il fût, celui que tous craignaient ? Ou Moonye n'avait-elle pas été la seule à apprendre de leur rencontre ? Etait-il devenu le père protecteur qu'elle voyait en lui ?... Tant de questions dont il ne trouvait jusqu'alors aucune réponse, et dont seul le recul offrirait la clef.

Soudain, un léger bruit surgit de l'extérieur, comme des légers coups martelant le bois. Ils n'étaient pas seul, c'était une affreuse certitude. Aucune autre troupe de gardiens n'était censé parcourir cette région inhospitalière par ce temps. Le petit gardien desserra donc la sécurité de ses minuscules serres de combat et se prépara à en découdre.

" Des Sangs-Purs. "

Ethyl se retourna et vit Nartya dans un état comme il ne l'avait encore jamais vu. Malgré sa taille déjà démesurée, elle minouchait tellement qu'il se serai presque cru devant un Hag. Son regard traduisait toute l'incertitude du futur proche... mais Ethyl savait déjà qu'ils étaient perdu. Nartya ne sachant pas se battre, et Joy tout juste capable d'arracher un plume à un ennemi avant de prendre la fuite de peur. Etant le seul muni de serres de combats, il n'avait aucune chance face à une garnison de sang purs au grand complet. Pas d'attaque surprise, ni même le moindre avantage d'altitude... mais que pouvaient-ils faire ?
Ethyl savait qu'il ne fallait pas confondre combat et acte de désespoir, il devait savoir à qui il avait à faire. Nartya semblait être animée de la même idée et tous deux tendirent la tête à l'extérieur du creux pour tomber bec à bec avec le plus improbable des sangs-purs qu'ils auraient pu croiser. Fymaël se tenait face à eux, semblant tout aussi étonné que lui l'était, sauf qu'Ethyl avait toujours la facheuse habitude de montrer sa surprise par un regard froid. Sans pour autant montrer un grand réconfort à se savoir en compagnie d'une personne qu'il connaissait, Ethyl savait qu'il tenait là un moyen de s'en sortir vivant, lui et son groupe. La petite troupe de sangs-purs était sûrement sous les ordres de leur capitaine. Il y avait là une grande harfang et une effraie au regard de mort... le regard qui en disait long sur la soif de sang qui devait submerger le gésier de ce sang pur. Bien que ce dernier semblait heureux de pouvoir enfin passer à l'action, Fymaël allait sûrement lui casser ses envies meurtrières. Enfin... il l'espérait.

-Ne les tuez pas.

C'était le signal que le petit gardien attendait... le signal salvateur... celui qui permettait enfin à Fymaël de payer sa dette. Car après tout, Ethyl avait enfreint une de ses plus importantes règles en l'épargnant. Et même si il lui avait fallut du temps pour accepter le pire des intrus qu'il avait connu, il avait bien fini par accepter qu'il devait laisser Fymaël comme responsable de ses choix, et Moonye comme son plus grand amour. Ethyl s'apprêtait à saluer le sang pur comme les plus classiques des formalités le demandait, même entre ennemis et comme Moonye lui avait appris. Les deux soldats sang purs semblèrent avoir beaucoup de mal à comprendre un tel ordre, c'était une évidence, mais l'autorité du supérieur ne fut pas remise en question.

-Sauf le Nyctale. Faite-en ce que bon vous semble.

Ethyl faillit piquer dans les orties à cette annonce aussi imprévue que surprenante. La trêve qui s'était installée entre les deux chouettes était clairement révolue, et il fallait agir au plus vite pour éviter un bain de sang. Malheureusement, les soldats de Fymaël firent les plus rapide à réagir, attendant peut-être l'ordre d'attaquer presque inconsciemment. Sans pouvoir bouger une serre, le petit gardien aux plumes de charbon vit les deux adversaires fondre sur Joy sans aucune retenue. C'était le moment ou jamais d'agir et sans même réfléchir, Ethyl se plaça aux côtés de Joy, prêt à contre-attaquer au moindre coup de serre de l'ennemi.

Mais ce qui se passa sous ses yeux le surpris bien plus encore qu'il ne l'était déjà. Les deux sang purs, dans leur élan d'enthousiasme à vouloir garder le pauvre Joy comme une chasse personnelle, était en train de se battre avec une violence inouï. C'était presque un coup de chance inestimable d'assister à cette scène, un cadeau qui allait sûrement être le carte pour leur survie. Comment pouvait-on se débarrasser aussi facilement de son ennemie ? Cela échappait complètement à Ethyl de voir un tel acte de violence au sein même de la hiérarchie si mécanique des sangs-purs.

C'était le moment où jamais de faire tourner ce combat à leur avantage, gagner le surnombre dont ils avaient besoin pour survivre. Alors Ethyl se tourna vers Nartya, attendant une réaction qu'il attendit avec la plus grand attention. Le moindre geste indiquant une contre-attaque, ou même une fuite, et Ethyl l'exécuterai sans réfléchir... mais rien ne se passa. Joy, quand à lui était trop terrorisé pour réagir, et ne bougea pas la moindre plume, trop surpris de l'ordre du sang pur, et du combat sanglant qui se déroulait sous ses yeux. Mais qu'avait-il derrière la tête ??? Il fallait que Joy sauve ses plumes où il allait finir en chair à chouettes.

- Dégage !!! Sauves-toi !!! Tu vois pas qu'ils s'occuperont de toi !

Ethyl avait lancé son ordre avec une telle force que le petit Nyctale en sursauta presque. Puis Joy le regarda avec surprise avant de s'envoler au plus vite. L'effraie aux plumes d’ébène savait qu'elle ne pouvait rien faire de plus pour sauver Joy, et qu'une fuite pouvait soit le sauver, soit le condamner. Mais rester face à ses bourreaux en attendant qu'ils finissent leurs histoires de sang pur aurait été pire que tout. Ethyl le regarda quelques secondes s'envoler avant de diriger son regard à nouveau vers les deux sangs-purs.

Le petit gardien fut choqué de l'un des soldats au sol, les yeux en sang et son coéquipier tout fier de lui à ses côtés. Mais qu'était-il arrivé des sangs-purs comme Ethyl les avait connu et combattu ? Comment pouvait-il s'interposer face à une telle cruauté, alors que la sienne s'en était allée après la rencontre avec Moonye ? L'effraie du cap ne tarda pas à prendre la poursuite de Joy sans dire un mot, laissant son capitaine et son ami agonisant seuls.

C'était sûrement la seule chance qu'Ethyl et Nartya allaient avoir pour s'échapper eux aussi, alors Ethyl n'hésita pas une seconde. Il regarda un bref instant Fymaël puis le soldat qui s'était tant bien que mal relevé, son corps tremblant de toutes ses plumes. Sa blessure n'avait vraiment rien de beau à voir et l'aveuglait sans aucun doute. Pourtant, il ne cria pas toute sa douleur pour autant, sans doute encore sonné par une dispute qu'il n'avait pas imaginé se terminer ainsi.

Mais que pouvait faire Ethyl dans une telle situation ? Se venger de Fymaël pour des ordres que son rang obligeait de donner ? C'était un choix qu'il aurait aimer prendre tellement l'envie de vengeance le rongeait, mais Nartya était dépourvue de serres, et son aile lui faisait toujours mal. C'était donc un combat perdu d'avance qui s'annonçait et qu'il décida donc d'éviter.

Partir en terrain inconnu sans serres de combat, mais où Nartya avait-elle la tête ? Se sentait-elle protégée par sa taille ? Elle allait finir comme ce sang pur blessé au premier combat, s'en était sûr... et des combats, elle allait sûrement devoir en exécuter. Mais... ce sang-pur !!! En plus d'être leur porte de sortie, il allait peut-être pouvoir armer Nartya. C'était une harfang après tout, et même si leur taille n'avait encore rien de comparable, leur serres étaient connues pour être de taille imposante, une taille leur permettant soit disant de mieux supporter le froid du royaume du nord. Avec un peu de chance, ces outils mortels allaient donc peut-être aller aux serres de Nartya, lui permettant enfin d'offrir sa pleine capacité de combat.

En un court instant, le sage gardien allait donc redevenir le meurtrier. Tout en s'approchant de sa victime, il hésitait de plus en plus à mettre à mort cette chouette comme il l'avait si souvent fait auparavant. Qu'était devenu le vrai Ethyl ? Celui qui voyait la vie d'un sang pur comme aussi misérable que celle d'un campagnol, voir même moins, le campagnol ayant au moins l'intérêt d'être nourrissant. Mais que dire en plus qu'il se trouvait devant un harfang, une espèce inférieure. Comment cette chouette avait-elle pu adhérer à la grande mascarade de la pureté alors qu'elle n'était qu'une impure. Tout cela le dépassait par dessus tout.

Le petit gardien observa du coin de l'oeil la réaction de Fymaël mais aucune émotion ne transparu. Avait-il déjà compris que son soldat était condamné à mourir ici ? Comment pouvait-il laisser un gardien comme lui tuer un membre de sa garnison ? Voulait-il éviter un combat avec une connaissance ? Heureusement que Moonye n'était pas de la partie, glaux soit loué qu'elle ne l'était pas !!!

Sans réaction de Fymaël, il observa de nouveau sa victime sans aucune pitié. Du sang coulait de ses yeux et de nombreuses plumes lui manquait à son aile droite. Il n'y avait pas à dire, cette effraie qu'il avait vu disparaitre aux trousses de Joy était d'une cruauté jamais vue. Massacrer son propre allié à coups de serres !!! Même Ethyl n'avait jamais fait pareille monstruosité... et pourtant, l'idée de prendre sauvagement à partie certains membres du grand arbre lui était passée par la tête à de maintes reprises.

"Peut-être qu'il en voulait à son impureté" se dit-il. "Ce n'est qu'un harfang après tout".

Le souffle haletant de cette grande chouette, immobile et recroquevillée dans un coin montrait à quel point l'incompréhension l'envahissait. La grande harfang devait bien faire le double de la taille d'Ethyl, mais elle ne représentait pourtant aucun danger maintenant.

"VAS POURRIR A HAGSMIRE"

Le cri qui retenti au loin fit sursauter l'effraie aux plumes noires. Il était lancé avec une telle violence qu'il n'y avait pas de doutes sur les chances de survies de son ancien coéquipier. Joy était condamné, cela ne faisait aucun doutes. L'effraie l'avait probablement déjà rattrapée, et rien ne pouvait stopper l'élan de sauvagerie du sang pur. Des monstres, voilà ce que les sangs purs étaient !!! Des monstres de malheur qui ne méritaient pas sa compassion. En un court instant, la pitié qui avait envahie la petite effraie s'était volatilisée, remplacée par ce qui l'avait animé pendant presque toute sa vie : sa soif de vengeance. Ethyl leurs en voulait par dessus tout de lui avoir volé un futur, ses amis... sa famille. En cet instant, il pouvait encore reprendre une vie en échange de celle de ses parents, de son frère, et même de Joy.

Alors Ethyl s'approcha encore de l'harfang, sans un mot, son sourire sadique au visage qui montrait à quel point il était prêt à en finir. Mais l'opportunité était trop belle pour ne pas en profiter. On lui offrait sa victime blessée sur un plateau, une proie presque docile. Il était comme un félin qui allait jouer sauvagement avec son repas du jour, comme un meurtrier qui ne voyait dans son opposant qu'un bout de chair et de plumes. Après tout, cette grande chouette n'avait que ce qu'elle méritait... un sang pur souillant les rangs de sa propre patrie et qui allait mourir comme un impur.

"Pour Joy..." lança-t-il à l'oreille de l'harfang avant de lui enfoncer sa serre dans le ventre.

Un grand chuintement de douleur envahit soudainement la forêt d'Ambala, un cri qu'Ethyl ne tarda pas à étouffer d'un geste violent à la tête de la grande chouette blanche. Le coup fut si violent qu'il envoya l'harfang au sol dans un nuage de plumes blanches. Sans être capable de le cacher, la petite effraie prenait maintenant plaisir à voir souffrir son ennemi, à ressentir sa souffrance. L'harfang se tordait de douleur à ses pieds et il en était des plus fier. Il se retourna vers Fymaël avec un grand sourire sadique et lui montra sa serre de combat rougeoyante du sang de son soldat. "Qu'il approche ce mou du croupion" se dit Ethyl "Je suis prêt à t'offrir le même sort que ton partenaire".

Puis avec une violence inouï et sans quitter Fymaël des yeux, le petit gardien coupa une patte de sa victime, puis l'autre. Un nouveau cri de douleur, plus intense encore que le premier, sorti du bec de l'harfang. Mais ce cri, Ethyl le laissa raisonner dans toute la vallée. Ce cri, il voulait que tout le monde l'entende, le craigne et le ressentent comme une preuve de la cruauté du petit gardien. Non, Ethyl n'était pas que le père protecteur de Moonye, il était aussi le monstre que les sangs purs craignaient. Une fois le râle de sa victime enfin terminé, Ethyl eu un large sourire. C'était comme si il avait réussit à regagner en un court instant son statut.

L'effraie noire voyait en ce geste une grande victoire, une récompense qu'il dégustait avec beaucoup de plaisir. Le combat n'avait rien eu d'honorable, mais ça, Ethyl s'en contrefichait. Son ennemi aurait-il eu les mêmes interrogations après tout ? Le combat était qu'un jeu de survie où tous les coups étaient permis. La petite effraie l'avait bien prouvé par son acte, mais même si Nartya semblait tétanisée par ce qui venait de se passer, elle allait devoir le remercier pour ça. Il venait de lui trouver des armes après tout !!! Le petit gardien, qui avait perdu son statut en l'espace d'un instant, lança donc les pattes sanguinolentes de l'harfang en direction de Nartya.

"Tiens !!" lui lança-t-il froidement. "Ces serres de combat te sauveront sûrement tes plumes. Nous avons une chouette qui mérite un souvenir mémorable de son passage au grand arbre Lança-t-il en regardant Fymaël.

Qu'espérait ce malheureux capitaine en l'épargnant, lui et Nartya ? La donne avait changé, il était le responsable de la mort d'un des leurs, et cela lui redonnait sa place de sang pur, son pire ennemi... un ennemi mortel. Ethyl était prêt à s'occuper de Fymaël quand le soldat encore au sol détourna son attention. La grande chouette s'était maintenant mise à l'implorer, et c'était un cadeau qu'il ne pouvait refuser.

"Pour l'amour de glaux, s'il vous plait, laissez moi la vie sauve. Par pitié." dit-il avec une voix mélangeant douleur et une profonde peur.

Une chouette aussi gigantesque qu'une harfang, une espèce aussi noble, finissant par implorer son prédateur. C'était ce que la petite effraie adorait, ce court instant qui prouvait à quel point sa taille, ce défaut qui avait fait de lui le souffre douleur de sa famille, n'était rien. Ethyl pouvait passé pour une chouette cruelle, il s'en contrefichait. L'harfang venait de lui offrir sa vie, une vie suspendue au bon vouloir de l'effraie, alors il n'allait pas être déçu. Le gardien approcha doucement son disque facial de celui de ce tas de chair et de plumes pour lui murmurer.

"Merci pour ton aide mon cher ami, mais ton utilité touche à sa fin. Vas rejoindre tes anciens camarades"

D'un geste net, le gardien écrasa violemment sa serre droite au cou de sa victime puis la resserra fermement. Du sang coula abondamment de la blessure du pauvre harfang qui dans geste de désespoir, se débattu avec les dernières forces qu'il lui restait. "Non, par pitié..." ajouta-t-il. Mais c'est à peine si ses dernières demandes arrivèrent aux oreilles de son bourreau. Ethyl continua à refermer ses serres acérés sans offrir le moindre signe de remord.

Un instant plus tard, la tête de la grande chouette blanche était envoyée aux pieds de Fymaël. Ethyl, quand à lui, trônait fièrement sur le cadavre de la chouette qu'il venait de décapiter. Ses serres de combat pleines de sang, le souffle haletant, mais avec le même sourire sadique, il s'adressa à son prochain adversaire.

"Une vie contre une autre, c'est toi qui en a décidé ainsi. Et maintenant mon vieil ami, que vas-tu faire ?"



Ethyl en mode SADIQUE !!!! :D Vous l'aurez voulu cher SP... et maintenant... vous êtes prévenus de ce qu'il est capable de faire :D

Les trois Sang-Purs les regardaient avec un air dur. Le premier était un harfang. Cela étonna Nartya, qui connaissait les Sang-Purs pour leurs discours sur l'impureté des autres races. Il y avait une effraie du Cap à l'air belliqueux qui avait l'air prêt à en découdre. Quant à la dernière des chouettes, qui semblait diriger le groupe... C'était Fymaël. Nartya faillit se jeter dans ses ailes, heureuse d'être tombé sur lui. Mais le tyto garda un air neutre, cachant son étonnement et sa surprise.

" Ne les tuez pas. " murmura-t-il à ses soldats.

La grand-duc aurait bien dansé de joie après ces paroles. Un grand sourire illumina sa face. Ils aillaient s'en sortir indemnes! Des étoiles brillaient dans ses yeux, et elle chuinta de bonheur.

" Sauf le Nyctale. Faites-en ce que bon vous semble. "

Toute expression de joie disparut du visage de la gardienne. Elle jeta un regard affolé vers Joy, qui était pétrifié, et se retourna vers le capitaine des Sang-Purs avec un air grave.

" Non Fymaël, non... "

Elle l'avait prononcé assez bas, une chance. Les soldats en entendant qu'elle connaissait le nom de leur supérieur auraient eu des soupçons. Ces derniers se dirigeaient à grande vitesse vers le pauvre Joy.
Mais soudain, le tyto se jeta sur le harfang. Mais ils se battent entre eux?! s'étonna Nartya. En effet, chacun voulait garder le plaisir de tuer pour lui seul.

" Dégage ! Sauve-toi! Tu vois pas qu'ils s'occuperont de toi ! " venait de hurler Ethyl au nyctale.

C'est seulement à ce moment que Joy s'envola en battant nerveusement des ailes. Pendant ce temps, les deux Sang-Purs avaient réglé leur conflit. Le harfang gisait au sol, les yeux en sang. Son plumage blanc était tâché de rouge. L'effraie du Cap le regardait avec dignité, affichant un air fier. En voyant que le nyctale s'était envolé, il déploya ses ailes et le rattrapa ,une vitesse folle. Ils furent bientôt trop loin et on ne put les voir.

Ethyl s'approcha doucement de la chouette agonisante. Il regardait ses serres. Il avait une idée derrière la tête. Lui les voler sûrement. Il fixa longtemps le harfang, sans flancher.

La grand-duc, elle, était restée immobile depuis quelques minutes, trop choquée.

" VAS POURRIR A HAGSMIRE PAUVRE CHOUETTE! "

Elle éclata en sanglots en entendant ces mots. Joy était sûrement mort à l'heure qu'il était. Elle avait honte d'elle. Elle était restée là, à ne rien faire alors qu'elle aurait pu l'aider. Elle aurait pu sauver sa vie. Mais elle n'avait rien fait.
l'effraie charbon semblait également choquée. Elle s'approcha de la chouette blanche, prête à venger le nyctale.

" Pour Joy... "

Il transperça le ventre du harfang avec ses serres. Nartya ferma les yeux, trop choquée. Un long cri de douleur se fit entendre dans tout Ambala. Elle partit se cacher dans le creux où ils avaient dormi, en pleurant de peur et de dégoût.
Le cri se tut. Elle ressortit quelques secondes plus tard. Ethyl montrait sa patte rouge de sang au capitaine des Sang-Purs, l'air fier.
Elle hurla lorsqu'il coupa une patte au malheureux, puis la seconde. Le sang coulait à flots et une longue plainte déchirante résonna.
Le tyto noir jeta les pattes en direction de la gardienne.

Tiens! Ces serres de combat te sauveront sûrement tes plumes. Nous avons une chouette qui mérite un souvenir mémorable de son passage au Grand Arbre. "

Nartya continuait à sangloter, pleine de peur et de dégoût face à cette paire de pattes devant elles. On voyait le sang qui coulait et elles étaient quelques fois agitées de spasmes. Elle avait juste envie de s'enterrer sous terre et de ne jamais en ressortir. Elle minouchait tellement qu'elle mesurait la moitié de sa taille habituelle. Elle tentait de détourner le regard mais cela lui était impossible.

" Pour l'amour de Glaux, s'il vous plait, laissez moi la vie sauve. Par pitié. " pleurait la pauvre chouette.

Mais à ce moment, Ethyl saisit la gorge du harfang agonisant.

" Merci pour ton aide mon cher ami, mais ton utilité touche à sa fin. Vas rejoindre tes anciens camarades. "

La créature agonisante lâcha quelques dernières plaintes que Ethyl ignora. Sa tête finit par sauter et par atterrir près de Fymaël. La grand-duc faillit tomber dans les pommes, trop choquée par tout ce sang et par les gestes horribles que venait de commettre l'effraie charbon. Elle résista pourtant. Elle ferma les yeux et pensa très fort à Joy, à sa mort inutile. Au fond d'elle, un sentiment de vengeance qu'elle n'avait jamais ressentie prit de la place. Il l'envahit entièrement.

" Une vie contre une autre, c'est toi qui en a décidé ainsi. Et maintenant mon vieil ami, que vas-tu faire ? " chuinta le mâle noir à Fymaël.

Puis Nartya ouvrit grand les yeux, se jeta sur les pattes sans réfléchir et arracha les serres qu'elle enfila rapidement. Elle s'approcha de Fymaël en tremblant.

" Tu... vas... le payer... SALE TRAÎTRE! "

La grand-duc se jeta sur Fymaël en poussant un grand cri de rage, gonflant ses plumes.

J'avais les yeux mi-clos depuis longtemps. La vue du sang en trop grande abondance me dégoutait au plus haut point. Déjà qu'une égratignure, c'était beaucoup pour moi, deux yeux crevés. c''était absolument horrible. Howakhan ne s'en sortirais pas. D'ici une minute, il serait vidé de son sang, sans doute. Je ne voyais presque rien, mais assez pour apercevoir légérement ses deux yeux rouges vifs. Et c'était de ma faute. Je regrettait énormément. Parce qu'en face de moi, deux chouettes me lancèrent des regards noirs.
Je me pencha un peu la tête, sur le bord de vomir. Rien ne vint, pourtant. Au loin, j'entendis la voix de Sparkle crier quelque chose. Un truc sur Hagsmire, sans doute. Il en avait sûrement finit avec Joy. Je me retourna la tête, attendant le retour du soldat quand j'entendis des paroles. Celles du petit Tyto.

-Pour Joy...

«Oh, merde..» Un grand cri transperça Ambala. Un hurlement qui pourrait réveiller de personnes de kilomètres à la ronde. J'ouvris grand mes paupières, cette fois. Non, il n'allait décidément pas survivre. Ethyl voulait rendre le combat plus équitable. Et puis, après sa blessure, le Harfang n'aurait pas vraiment été utile. Après avoir tanspercé longuement son ventre, le Tyto noir montra fièrement sa serre ensanglantée. Je ravalas mon vomi dès qu'il tranversa ma gorge. Comment un être aussi aimant et protecteur envers sa fille adoptive pouvait être si cruel avec son compagnon? Après tout, je n'y était pour rien..On ne choisissait pas son âme soeur.
Ethyl découpa ensuite une à une les pattes du pauvre Harfang. Plusieurs autres supplications parvinrent à mes tympans. Il jeta finalement les pattes munies de serres de combat vers Nartya, toujours caché dans son petit creux.

-Tiens! Ces serres de combat te sauveront sûrement tes plumes. Nous avons une chouette qui mérite un souvenir mémorable de son passage au Grand Arbre.

Pour la discrétion, c'était un échec. Jamais Sparkle ne devrait savoir à propos de mon aventure. Je n'imaginait même les horribles conséquences.
Ethyl n'allait vraiment pas abandonner. Il voulait un combat, un vrai. Je ne lui avais rien fait..du moins, pas à lui. J'imagine qu'il aurait préféré que ce soit un Gardien qui vole le coeur de Moonye.

-Pour l'amour de Glaux, s'il vous plait, laissez moi la vie sauve. Par pitié.

Les pleurs et les sanglots de Nartya et d'Howakhan, ou de ce qu'il en restait étaient insupportables. Ethyl, par contre, semblait fier de son coup. Il saisit la gorge du Harfang et dit:

-Merci pour ton aide mon cher ami, mais ton utilité touche à sa fin. Vas rejoindre tes anciens camarades.

Je ferma rapidement les yeux, pour éviter l'impensable. Grave erreur, car la vision ne fût que plus pire. Lorsque je les ouvris à nouveau quelques secondes plus tard, je poussa un petit cri. Je ravala de peine et de misère mon vomi, une nouvelle fois. La tête avait atterrit à quelques centimètres de moi. Je recula un peu, visiblement dégouté.

-Une vie contre une autre, c'est toi qui en a décidé ainsi. Et maintenant mon vieil ami, que vas-tu faire?

Nartya s'emparra ensuite des pattes, leurs ôta leurs serres de combat et les enfilla. Elle s'approcha, lentement et tremblante de moi. Je recula encore une fois. Un air malmenant se dessina sur son visage.

-Tu... vas... le payer... SALE TRAÎTRE!

Traître? Non, je ne les avait pas trahi, car pour avoir fait une trahison, il aurait fallu un minimum de confiance entre nous, mais ce qui n'était visiblement pas le cas.
Elle fonça rapidement sur moi, sautant. J'essaya d'esquiver son attaque comme me l'avait montré Affaren. Puis je me souvins de sa phrase: «J'pense pas que t'est prêt à te battre. N'importe qui aurait pu éviter cette flèche.» Un déclic se produit en moi. Affaren était un expert, pas moi. Malgré ma faible tentative d'esquivage, je sentis un truc s'enfoncer. Je regarda, et automatiquement, la douleur vint. Horrible. Jamais je n'avais sentis quelque chose de pire.
Le coup de Nartya avait fait mouche. Elle m'avait enfoncé bien profondément ses serres en moi. Une sorte...de trou dans mon ventre. Je ne regarda pas longtemps.
Oui, j'étais vraiment nul. À la première attaque, déjà, j' était blessé. Et pas qu'un peu. Ethyl en profiterai, et me ferait payer..mais pour quoi? Qu'avait-je fait de si mal à part aimer?
Comme une brulûre, mais en pire, la plaie béante me faisait horriblement mal. La pire blessure que j'avais eu avant ça était une entaille peu profonde sur le visage. Mais c'était infirme comparé..à cette chose.
Je me releva un peu, m'adossa sur un tronc d'arbre pourri. Du sang coulait de mon bec.

-Alors, Ethyl...t'attend quoi? Tue-moi..Ou laisse moi pourrir ici..Avec ça,(Je pointa la plaie)..j'ai aucune chance de m'en sortir..Dans quelques heures...je signerais mon arrêt de mort...parce que...

J'avais beaucoup de misère à articuler, avec l'incroyable douleur qui me tenaillait..Dans un souffle, je continua de parler.

-...Parce que j'ai osé l'aimer....Tu lui diras que je l'aime, pas vrai?...

Ma respiration se fit haletante.

D'ici quelques heures, je serais mort. Sans aucun doute.

[-55 points de vie/Plaie profonde au ventre]

[Mouais, pas pire coup, Nart' XD]

Sparkle fixa longuement le cadavre du nyctale. Ah, une belle proie. Si il avait été un hagsmon il aurait volontiers dévorer la carcasse de cet oiseau gras et enveloppée. Mais bon, il n'était pas une créature sanguinaire revenue de l'Au-Delà où l'on ne sait quoi.
Le tyto se contenta juste de donner un grand coup de serre dans le corps inanimé de Joy, qui roula jusqu'à une flaque de boue.
Le Sang-Pur pouffa de rire. c'était marrant à voir, ce nyctale couché par terre, la tête enfoncée dans la bouillase.

Mais bon, il fallait retourner à la souche d'arbre. Il restait encore les deux autres Gardiens à abattre. Sparkle décolla gracieusement et s'envola. Quand même... Il avait fait un petit bout de chemin sans s'en apercevoir lorsqu'il poursuivait Joy.
Le tyto peina à retrouver son chemin. Tout les arbres étaient pareils dans cette foutue forêt!

Le soldat finit par se concentrer. Il tourna la tête afin d'écouter vers où pouvaient se trouver le petit groupe de chouettes. Il finit par entendre des sanglots. Ca venait du Nord! Un long cri se répercuta dans tout Ambala. Là, même le plus sourd des hiboux aurait entendu ce hurlement.
La chouette qui avait poussé ce cri se situait tout près de Sparkle. Il était temps d'atterrir, et c'est ce que fit l'effraie.

Il se posa le plus silencieusement possible au sol et avança, plus discret qu'une souris. Il finit par apercevoir un peu plus loin les silhouettes de ses adversaires. Agilement, il se cacha derrière un arbre pour observer la scène.
Il faillit chuinter en voyant le cadavre de Howakhan, dont le plumage, qui était normalement d'un blanc éclatant, constellé de tâches rouges. Ses deux pattes avaient été arrachées.
Et... il n'avait plus de tête?!

Sparkle aperçut un air de dégoût sur la face de Fymaël, qui fixait la tête coupée du harfang. L'effraie noire, elle, intimidait le capitaine des Sangs-Purs en dandinant sa patte couverte du sang de sa proie, et la grand-duc pleurait à chaudes larmes.
Pffff, c'était vraiment dûr de ne pas éclater de rire devant cette scène.

Mais le soldat sursauta quand, d'un seul coup, la gardienne enleva les serres de combat des pattes coupées de Howakhan, les enfila, et se jeta sur Fymaël.

" Tu... vas... le payer... SALE TRAÎTRE! "

Et la grand-duc réussit à transepercer le ventre du tyto alba. Une étincelle brilla dans les yeux de Sparkle, et son gésier chantait de joie. Fymaël... était mort?
Il ne le pensait pas. Mais bon, si les Gardiens ne l'achevaient pas, il mourrait de sa blessure. Dès que le soldat annoncerait la mort de leur bien aimé capitaine aux Sangs-Purs, il monterait en grade!
Il inventerait juste deux ou trois choses. Comment il avait essayer de protéger son supérieur. Comment Fymaël l'avait supplié de prendre sa place avant de s'éteindre dans la souffrance. Comment, il s'était débarassé des gardiens pour venger sa mort!

Oh il savourait déjà son futur grade de capitaine! Il s'apprêtait repartir lorsqu'il entendit les dernières paroles de Fymaël.

" Alors, Ethyl...t'attend quoi? Tue-moi..Ou laisse moi pourrir ici..Avec ça... j'ai aucune chance de m'en sortir... murmura-t-il en poitant sa blessure. Dans quelques heures...je signerais mon arrêt de mort...parce que... "

Les quelques secondes qui durèrent semblèrent durer de heures entières.

" Parce que j'ai osé l'aimer....Tu lui diras que je l'aime, pas vrai?... "

Ce tyto noir, ce sale gardien! Il le connaissait?! Et qui avait-il aimé? Une pauvre gardienne sans doute! Ce soit-disant grand capitaine des Sangs-Purs était en réalité un traître?!
Pfff, même le pauvre nyctale que le tyto capensis avait tué valait mieux!

Malgré la curiosité qui envahit Sparkle, ce dernier se résigna a rentrer à st-Aegolius. Si les deux gardiens venaient à le remarquer, il était une chouette morte.

A la grande surprise d'Ethyl, et malgré ses provocations flagrantes à l'égard du capitaine de sangs purs, il ne reçu comme réponse qu'un regard d'effroi. Avait-il offert toute la cruauté qu'il avait en lui ? La petite effraie était certaine que non car la mise à mort avait été nette et sans bavure. Et après tout, quel meurtre de sang froid pouvait se faire sans soulever l'effroi ? Et cette chouette misérable n'avait eu que ce qu'elle méritait après tout... qu'est ce que Fymaël espérait ?

Décidément, l'amoureux de Moonye ne faisait rien comme les autres sangs purs. Il ne leva pas même une serre pour protester, ou montrer un quelconque signe de regret à l'égard du membre de sa garnison exécuté sous ses yeux. Comme si Fymël espérait que Ethyl serait satisfait d'avoir fait couler le sang, lui épargnant ainsi un mort atroce... et il se trompait. Qu'importait le lien qu'il avait noué avec sa fille adoptive, il avait enfin une vrai raison de tuer ce sang pur, et personne pour le faire reculer.

Pourtant, ce ne fût pas lui qui se manifesta mais bien celle qui avait passé le combat reclus dans son creux. Que lui prenait-elle de sortir d'une aussi grande léthargie, passant à l'attaque en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Pour tout dire, Ethyl ne l'avait même pas vu venir de derrière lui, serres de combat déjà enfilées et le regard plein de rage.

" Tu... vas... le payer... SALE TRAÎTRE! "

Ho ça oui, elle avait profondément changé en l'espace d'un instant, mais son regard là trahissait encore. Il était celui d'une chouette prise par une rage qu'elle ne pouvait contrôler, un sentiment qui ne devait pas souvent l'envahir, gardienne qu'elle était. Ce fût même surprenant de la part d'une gardienne comme elle de se montrer aussi violente, et peut-être qu'après tout, son exemple avait enfin porté ses fruits. Nartya était donc enfin devenue la deuxième combattante qu'il espérait tant, celle qui offrirait la survie aux deux chouettes. Par contre, il ne donnait pas chère des plumes de Fymaël.

Avec une rage des plus plaisante à observer pour Ethyl, Nartya fonça toutes serres devant sur le capitaine des sangs purs. Ce dernier tenta bien d'esquiver l'attaque mais comment pouvait-il faire face à une grand duc aux serres gigantesques. Il y eu comme un éclair, un instant qui se passa si vite qu'Ethyl ne compris qu'après coup ce qu'il s'était passé. Et le coup en question n'était clairement pas beau à voir : Fymaël gisait au sol, le ventre ensanglanté. Nartya, quand à elle, semblait très surprise que son coup ait fait mouche, ou peut-être que ce n'était qu'un nouveau type de peur... celui d'un avenir incertain. On ne se remettait pas aussi facilement du meurtre d'une chouette, qu'elle soit bonne ou de la pire espèce, et il était très bien placé pour en parler.

La petite effraie ne sut quoi penser de cette attaque. Dans cet état, Fymaël allait mourir d'une mort assez peu enviable, ce n'était qu'une question d'heures. Ce dernier se tourna vers lui, le bec ensanglanté, une sorte de sourire indescriptible. Au fond de lui, Ethyl n'aurait pas voulu de cette situation. Qu'allait dire Moonye à son retour ? Allait-il supporté sa tristesse ?

-Alors, Ethyl...t'attend quoi? Tue-moi..Ou laisse moi pourrir ici..Avec ça,..j'ai aucune chance de m'en sortir..Dans quelques heures...je signerais mon arrêt de mort...parce que...Parce que j'ai osé l'aimer....Tu lui diras que je l'aime, pas vrai?...

Fymaël avait déjà tout compris de la situation et ses paroles étonnèrent à plusieurs reprises l'effraie charbon. Cela l'impressionna de voir à quel point il réussissait à faire face à sa propre mort... était-ce une éducation des sangs purs ou avait-il compris l’insignifiance de notre existance.

Mais non, il n'allait pas mourir car il avait osé l'aimer, mais car il était l'effraie de la pire espèce, celle qu'on préférait morte. Ils en avaient déjà parlés auparavant : trop de différences les séparaient et pas même les liens qu'ils avaient mutuellement pour Moonye pouvaient les rapprocher. Ethyl ne se le cachait pas, mais il commençait à avoir une certaine pitié pour ce sang pur : un pitoyable combattant n'ayant même pas levé sa serre pour protéger ses plumes. Il voyait presque en lui l'âme d'un gardien... sauf qu'il n'avait même pas été capable de veiller sur les siens.

Ethyl s'approcha donc de Fymaël calmement, comme il l'avait fait pour la grande harfang. Cette fois ci, l'hésitation était grande d'abréger ses souffrances ou le laisser souffrir, lui rappeler sa situation de sang pur. Mais bizarrement, quelque chose au fond de son gésier l'en empêchait, une envie de l'aider pour la chouette qu'il était, non pour la faction qu'il avait choisi. Le sang avait déjà trop coulé, et Fymaël ne s'était jamais montré violent à son égard.

Que lui arrivait-il, à lui le tueur de sang froid ? Avoir des regrets, c'était comme se rabaisser aux faiblesses touchant les gardiens. Un capitaine !!! Quiconque saint d'esprit aurait sauté sur l'occasion, comme le plus beau trophé de chasse, un cadeau dans sa liste des proies. Mais non, il fallait qu'il ait des regrets à l'achever... Et puis, qu'allait penser Moonye si elle l'apprenait ?

« Lui dire que tu l'aimes ? Tu vas devoir lui dire toi même. »

Puis Ethyl se tourna vers Nartya et lui dit calmement, comme pour montrer qu'il avait fait son choix :

« Nartya, on l'emmène avec nous. Il répondra de ses actes au conseil... ce n'est pas à nous de décider de son sort. Ce territoire est trop dangereux pour qu'on finisse notre mission à deux, et pour ça, Boron va m'entendre. »

Car oui, le conseil allait devoir se mouiller les plumes pour une fois. Ils allaient enfin avoir les plumes souillées par le sang de leur ennemis et celui de Joy, eux qui décidaient sans voir les conséquences. Et puis si il perdait sa position privilégié, qu'à cela ne tienne, il ne pouvait de toute façon plus tenir cette situation de gardien par intérim.

" Qu'ai-je fait, qu'ai-je fait? "

Nartya s'était immobilisée, la patte toujours enfoncée dans le ventre de Fymaël. Elle la retira doucement avant de s'écrouler au sol, les larmes aux yeux.
Elle s'était laissée emporter par ses sentiments et tout venait de se détruire. Fymaël allait mourir. Et Moonye, en sachant que son compagnon était mort, allait sûrement elle aussi se laisser mourir de tristesse.
Nartya avait tant voulu aider, tant voulu venger... qu'elle avait fini par tout détruire... Lees sentiments, les sentiments... POURQUOI LES SENTIMENTS?! Sans eux, elle n'en serait pas là!
Au plus profond de son âme, elle se répétait " pardonne-moi Moonye, pardonne-moi "... Ce que son amie ne ferait sûrement jamais... Comment pourrait-elle lui pardonner la mort de son compagnon? Son gésier serait brisé!
Elle espérait qu'au fond, tout ceci ne soit qu'un rêve. Un horrible cauchemar. Qu'elle se réveille dans son creux au Grand Arbre, que tout redevienne normal. Mais non. Il fallait qu'elle soit ici, Fymaël agonisant et couvert de sang frais face à elle, et Ethyl, chuintant derrière elle.

" Alors, Ethyl...t'attend quoi? Tue-moi..Ou laisse moi pourrir ici..Avec ça,..j'ai aucune chance de m'en sortir..Dans quelques heures...je signerais mon arrêt de mort...parce que...Parce que j'ai osé l'aimer....Tu lui diras que je l'aime, pas vrai?... "

Nartya releva la tête vers le tyto,le gésier toujours aussi remué, de grosses larmes coulant sur ses yeux... Ethyl avait un gésier de fer, et il ne le ferait peut être pas. Il était le père adoptif de Moonye, mais Nartya doutait de sa sincérité et de sa bonté... Elle lui dirait. Oui, si Ethyl ne le faisait pas, ce serait elle qui irait rapporter les dernières paroles de Fymaël à son amie, bien qu'elle craignait sa réaction en apprenant la mort de son compagnon. Elle appréhendait encore plus l'instant où Moonye apprendrait que c'était elle qui l'avait tué. Mais il fallait que la tyto blanche sache.

" Lui dire que tu l'aimes ? Tu vas devoir lui dire toi même. "

C'était exactement ce à quoi s'attendait la grand-duc. Ethyl n'avait pas accordé à l'autre de bonté. Nartya le savait rude et assez ferme, mais au point de refuser cela... Un hagsmon. Voilà ce qu'il était.
Avait-il un gésier dur comme la pierre? Si au moins il en avait un...

[b]" Nartya, on l'emmène avec nous. Il répondra de ses actes au conseil... ce n'est pas à nous de décider de son sort. Ce territoire est trop dangereux pour qu'on finisse notre mission à deux, et pour ça, Boron va m'entendre. "

Une lueur d'espoir envahit instantanément la gardienne. Il pourraient peut être se voir une dernière fois! Encore mieux! S'ils parvenaient à arriver rapidement au Grand Arbre il pourrait peut être être sauvé à temps!
Mais tous ces espoirs s'évanouirent lorsqu'une pensée jaillit dans l'esprit de la grand-duc : Fymaël ne pouvait pas voler.
Non, il ne fallait pas abandonner... Il devait y avoir un moyen! Peut être que... MAIS OUI!

" Vite, Ethyl, surveille-le, je vais chercher du secours! " lança-t-elle sans réfléchir.

Nartya ouvrit les ailes, prit de l'élan et s'apprêta à décoller.

La douleur était..déroutante. Fulgurante. Et des fois, je me sentais bien, comme sur un nuage. Mais mes crampes au niveau de la poitrine me ramenait parfois bien brusquement à la réalité.
Je n'entendis plus rien, sauf quelques bribres de paroles.

-..Avec nous...conseil..Boron..

Et au dernier mot, je sursauta. Ma vue s'était embrouillé, étrangement, et j'étais comme temporairement aveugle. Je crois.
Non! Ils ne pouvaient pas m'envoyer là-bas! Ce serait une mort assuré! Pour avoir tué Joy, et d'autres innocents.

-Ethyl...chercher secours!

Ces dernières paroles me brisèrent littéralement les tympans. Comme si Nartya avait crié dans mes orifices, hurlé. Je flottais dans une sorte de «transe», à mi-chemin dans mes rêves et la réalité.
Le réel était douloureux, stressant. Comme si on me tranchait et tournait un couteau dans le ventre à plusieurs reprises, en m'hurlant des paroles que je ne comprenait pas. Le moindre mouvement, ou frémissement me faisait quitter mon nuage.
L'iréel était doux, coupé du monde. Un endroit chaleureux, où j'aurais tant voulu aller, d'arrêter cet douleur horrible qui me rongeait de l'intérieur, me brûlait comme un incendie. Sauf que l'iréel n'était qu'un tissu de mensonges, et un jour, il faudrait le constater et retourner dans le réel.
Je gigoteait sur le sol, frémissait. Je voulais hurler, mais rien à faire, rien ne sortait de ma gorge. Mes yeux toujours à l'aveuglette, devant une sorte de bruine grîsatre qui m'enveloppait, je cherchait un repère à lequel m'accrocher. Une aiguille de sapin, une serre, une goutte de rosée. Mais rien. J'étais donc dans l'iréel.
Le nuage revint, et, en sa compagnie, la douleur diminuait, mes yeux redevenait normaux.
Dans le réel, je crachais du sang par terre, et sans totalement m'en rendre compte, je frissonait, tremblait de plus en plus fort à chaque seconde qui passait.
«Tuer moi. S'il-vous-plaît.» Ma dernière volonté, qu'Ethyl avait décliné. Et pourtant, je ne le comprenait pas. Je me l'imaginait bon, alors qu'avec moi, il avait été cruel, violent. Mais...on aurait pu dire qu'il avait changé.
Et moi aussi, certainement.
On m'ammenerais au Grand Arbre, on me jugerais, puis m'exécuterais. Ou, mieux, je mourais en chemin. Car je flottais. Autant dans le réel que l'iréel. Dans les airs.
«Ainsi, ils me veulent vivants. Pour de vrai. Pas grave.» Je me décida à mourir en chemin, détruire les dernières volontés de l'espoir qui me retenait vivant. Car, c'était ce qu'il fallait. Nartya serait ainsi peut-être pardonné, et Moonye épargnée du sort de me voir mourir sous ses yeux. Et Ethyl, apaisé de voir que je ne serais pas le compagnon de sa fille adoptive.
Je me voyais déjà, parfaitement, même, mort, pâle, au couchant. Dans un creux, sur un nid, allongé, l'air paisible. Mes ailes seraient jointes au milieu de mon ventre, cachant mon horrible blessure par un bouquet de Perce-Neige. Huit, précisément.
Mon chiffre et mes fleurs préférés. Pourquoi? Le huit, je l'ignore, mais la fleur, je le sais très bien.
Du temps de ma jeunesse, au côté de ma mère et de ma soeur, qui se révéleraient êtres fausses, ma génitrice nous racontaient des histoires. Des poèmes. Elle en avais composée un, qui décrivait bien cette fleur, ignorant les saisons pour pousser, défiant les éléments.


Et c'est ainsi que la douleur revînt. Terrible, à nouveau, qui me tétanisa sur place. J'étais figé, statufié alors que j'hurlais dans mon esprit. Je me secoua après quelques secondes de silence. Du plomb liquide se promenait dans mes veines. Ma souffrance parût durer une année. Des décennies. Des siècles. Des millénnaires. L'incendie me brûlait, alors que mon coeur battait rapidement, assez fort pour l'entendre des kilomètres à la ronde. Il continuait sa lutte désespéré, acharné. Lui, au moins, avait toujours de la volonté. Mais pas moi. Plus moi.
Et, d'un coup, l'iréel stoppa net. Subitement. Je cessa de m'agiter, de gigoter, alors que je retrouvais ma vue. Ma blessure n'avait pas disparue, par contre. «C'est bien le réel.»
Nous étions au-dessus de vagues d'un beau bleu marin, se fracassant contre des rochers grîsatres. L'écorce, les raçines, la terre ferme. On me transportait. Comment? Qui? Je ne sais pas. Nartya ou Ethyl, sans doute. Mais ce qui était sûr, c'était que je ne survivrais pas. Et pourtant, mon coeur me dictait le contraire, bien résolu à me sauver la vie. Alors que moi, j'avais déjà abandonné. Depuis longtemps.

[-15 points de vie. Blessure qui commence à empirer. Sérieusement.]

[En espérant que ma réponse convienne ^^. Dites-moi si il y a quelque chose qui pose problème ;-) ]

" Vite, Ethyl, surveille-le, je vais chercher du secours! " lança-t-elle sans réfléchir.

Ethyl observa Nartya prendre son envol comme une flèche. Non, ce n'était pas une si bonne idée que de se séparer en ce moment. Ethyl regarda l'horizon d'un air inquiet. L'autre sang pur qu'ils avaient vu partir avec Joy n'était toujours pas revenu et c'était sûrement une question de minutes.


Sans hésitation, Ethyl parti à la poursuite de la grand duc. Il n'y avait qu'un seul moyen de sauver le sang pur : l'apporter le plus vite possible au grand arbre en croisant les serres pour qu'il survive assez longtemps.

« Nartya, arrêtes-toi ! » Dit-il, le souffle haletant à la suite de ce soudain effort.

« Regardes-le... tu vois bien qu'il ne survivra pas assez longtemps pour que tu reviennes avec de l'aide. Glaucis sera sur lui d'ici une heure ou deux ce qui nous laisse tout juste le temps pour atteindre l'arbre. Si nous tentons pas notre chance maintenant, il n'y a que peu de doutes quand à ses chances de survie. »

Ethyl s’étonna de tenter par tout les moyens de sauver celui qui n'avait fait que le tourmenter ces derniers cycles. Il pouvait concéder que Fymaël ne l'avait pas fait volontairement, mais il avait aimé celle pour laquelle l'effraie aux plumes de nuit aurait donné sa vie. Son statut de capitaine ne faisait qu'empirer les choses, et ça, Fymaël devait en être conscient.

La petit gardien observa attentivement ce qui restait du haut gradé des sangs purs. Sa blessure béante étant absolument abominable et le rien n'arrêtait le sang de couler. Bien que l'effraie sang pure était d'une taille plus que respectable, son gabarit était clairement pas comparable à celui de Nartya. La grand duc allait devoir en être capable car ils n'avaient plus le choix. Elle faisait partie du squad de sauvetage qui plus est ! Alors porter une effraie n'allait sans doute pas lui poser problèmes.

« Nous allons devoir partager nos tâches je pense » ajouta-t-il en se tournant vers Nartya « Te sens-tu capable de le porter jusqu'au grand arbre ? Je me chargerai de faire la surveillance. »

C'était sans doute ce qu'il allait pouvoir faire de mieux dans cette mission de sauvetage : protéger le porteur et le blessé dans un territoire qui risquait de leur réserver bien des surprises. Qu'est-ce qu'il n'aurait pas fait pour avoir un petit coup de serre de la gigantesque Corone ! Mais ils allaient devoir faire sans, et tout cela sans perdre de temps.

Ethyl regarda une dernière fois Fymaël qui était maintenant allongé, le dos contre les herbes rougis par le sang, comme un lit morbide... le dernier lit avant la mort. La douleur, qui devait être de plus en plus intense pour lui, le faisait convulser. Etait-il encore conscient ? Avaient-ils une chance de le sauver ? C'est donc dans un doute qui n'allait sûrement pas se stopper que la petite effraie ajouta :

« Allège-toi de tes serres de combat, nous partons pour le grand arbre ».

[Up :)]

[Ouah le RP trop classe !!!! *sort* J'locke.]