Les bonnes résolutions, ces promesses que l'on se fait à soit même, pour soit même, dans le but de changer... quelles curiosité ! C'était pourtant ce qui avait changé Ezylryb du tout au tout. Comment ? Ne lui demandez pas, lui même ne le sait pas, mais c'est bien un ryb nouveau qui arpentait les branches du grand arbre en ce moment.

Par chance pour le petit duc, tout s'était plié à son envie d'aller mieux. La grande guerre n'était serte aucunement terminée, mais une petite accalmie dans les attaques répétés des sangs purs s'était ressenti ces derniers cycles. La raison à cet état de fait, aucun gardien ne le savait, mais Ezylryb espérait bien que c'était le signe d'une implosion du pire système autoritaire que le royaume des chouettes ait connu. Pourtant, les habitudes avaient le bec bien long, et l'humeur des autres chouettes ne semblait pas évoluer. Qu'à cela ne tienne, le vieux ryb allait garder sa bonne humeur pour lui tout seul, na ! Et ça qu'elle soit contagieuse ou pas.

C'est donc par cette belle nuit de la pluie rose qu'Ezylryb s'était enfin décidé à sortir. Tentant de se frayer un chemin vers le réfectoire d'envol, il fut interrompu par une voix froide et tremblante.

-Excusez-moi, je suis une visiteuse… connaissez-vous une dénommée Aminara ?

Drole de façon de se présenter en ces temps de guerre. Une visiteuse ? Et pourquoi pas s'appeler espion tout de suite ? Enfin... si il avait à faire à une espionne, cette dernière était bien la pire qu'il ait connu, et pour en connaître, ça, il en avait croisé. Le petit duc tourna dont la tête en direction de cette visiteuse inconnue, et se trouva face à une jeune harfang d'une rare beauté. Etait-ce une troubaplume du grand nord ? Malgré son ton assez franc, Ezylryb se doutait bien qu'elle n'était pas aussi confiante qu'elle voulait le montrer. Elle était jeune, il n'y avait pas de doutes possibles, et c'était un fait qui trahissait toujours une chouette. Il était ryb après tout, et avait déjà vu bon nombre de juvéniles avant elle.

« Une visiteuse dis-tu ? Et à qui ai-je vraiment l'honneur de parler ? »

Le ton pris par le vieux ryb n'était en rien hautain ou irrespectueux, il était de trop bonne humeur ces jours-ci pour se prendre à une élève s'adressant à un ryb sans les formules d'usage. Pour tout dire, il était curieux d'en savoir plus sur cette dernière. Qui était Aminara ? Il n'en avait pas la moindre idée. Ce n'était pas parcequ'il était membre du conseil qu'il devait connaître tous les habitants après tout. Une vie de petit duc, même une aussi longue que la sienne, n'aurait pas permis de connaître la moitié des noms de cette si grande communauté.

Savait-elle qu'il était membre du conseil en plus. Ca aussi il en doutait. Ezylryb offrit donc un petit sourire et ajouta.

« Bien que je ne sache pas qui est cette Aminara, je pense savoir à qui je pourrai demander. Viens, suis moi. Je suis certain que je pourrai faire quelque chose pour toi »

Borron devait bien lui rendre ce petit service après tout, qu'il soit dans sa journée de repos ou pas. Vu le travail incessant qu'il avait effectué pour son vieil ami, il n'avait aucun doute qu'il ne lui refuserai pas ce petit coup de plume. Ezylryb pris donc la direction des creux d'honneur, en espérant que la jeune harfang le suive.

Marguerite.
Une chouette feu-follet, une chouette destinée au mouvement. Une chouette vive et moqueuse. Toujours implacable. Enfin, presque toujours.
C'est fou comme, découvrant un autre monde en tous points différent au sien, on se sent perdu. Seulement, Marguerite n'était pas perdue. Elle était complètement désarçonnée. La jeune Harfang jura silencieusement en s'en rendant compte. Qu'au diable aille cette insupportable vulnérabilité! Elle sursauta quand la voix du petit duc vins la tirée de ces malédictions.

« Une visiteuse dis-tu ? Et à qui ai-je vraiment l'honneur de parler ? »

Dans ses paroles, Marguerite perçu un brin de méfiance. Et de curiosité aussi. Allons bon, avant de débouler dans un arbre rempli de guerriers sans doute en guerre, ça serait bien de se présenter! Elle aimait bien le côté simple et direct, mais peut-être un peu trop, au fond. Le petit duc ne lui laissa cependant pas le temps de répondre.

« Bien que je ne sache pas qui est cette Aminara, je pense savoir à qui je pourrai demander. Viens, suis-moi. Je suis certain que je pourrai faire quelque chose pour toi »

Aminara. Il ne fallait pas oublier dans quel but elle était venue. Se remettre à la tâche. La chouette repris la lueur déterminer qui luisait habituellement dans ses yeux. D'un hochement de tête, elle emboita le pas de son ainé.

-« Merci. Je m’appelle Marguerite. »

La voix de Marguerite. Toujours un délice de franchise et de sincérité. A en fendre un cœur de pierre.

[désolée du temps de réponse ^^']

« Merci, je m'appelle Marguerite. »

A l'instant précis où Ezylryb entendit la douce réponse de Marguerite, sa crainte s'envola. Elle traduisait une soudaine guettée, comme un soulagement d'avoir atterri face à quelqu'un capable d'aider sans connaître. C'était une nature qui avait animé le petit duc toute sa vie : aider les chouettes qui en avaient besoin. Selon lui, ce trait de caractère pouvait expliquer à lui tout seul pourquoi il avait rejoins les gardiens.

Ezylryb pris la route des branches basses suivit de près de la nouvelle arrivante. Ce n'était clairement pas son rôle d’accueillir les inconnus mais pour ainsi dire, il n'avait pas d'obligations et cette petite rencontre allait sans doute lui permettre de se rendre utile. Le chemin menant au conseil était souvent riche en rencontres et cela se vérifia à nouveau. Le petit duc saluait chaque chouette croisant sa route d'un « bonne nuit » calme et courtois. Ces deux mots donnaient toujours l'habituel « bonjour maitre » en réponse comme son statut de ryb et la tradition lui conférait.

Sans avoir le courage de casser le silence qui s'était installé entre Marguerite et lui, Ezylryb avançait, plongé dans ses pensées. Depuis quelques cycles, l'absence de Boron rendait chaque réunion du conseil plus difficile qu'elle ne l'était déjà. En effet, Barrane, bien que sage et forte, n'avait pas le courage de changer quoique ce soit aux décisions faites par son marie avant qu'il ne disparaisse. Sans le précieux roi du grand arbre, le chaos et le doute envahissait les membres du conseil, ajoutant des tensions entre chaque chouette.

A qui pouvait-il demander de l'aide ? A Bubo ? Hors de question ! Ce pervers n'était plus dans son état normal depuis que Barrane dirigeait seule le conseil. Il ne pouvait plus se retenir de lancer des avances et la vue de Marguerite risquait bel et bien de faire exploser ses élans de virilité. En plus, il restait bien trop souvent à la forge pour connaître les autres chouettes du grand arbre... aucune chance donc qu'il ait entendu parlé d'une dénommée Aminara.

Barrane était dans un bien trop mauvais état pour qu'il là dérange sans une raison qui se montrait réellement digne d'intérêt. Elle n'avait bien autre chose qu'à se préocuper des chouettes perdues... mais il pouvait au moins essayer selon lui. Il connaissait trop bien sa reine et savait qu'elle prendrait plaisir à aider une chouette en détresse. Qui sait, peut-être que cette petit recherche pour aider lui rendrait un peu de bonheur dans son océan de tristesse. Oui, c'était décidé, ils allaient finir leur route dans le creux de Barrane en espérant qu'elle ne serai pas elle même de sortie.

En quelques minutes, ils se trouvèrent face à leur destination. Ezylryb se tourna vers Marguerite et lui dit calmement :

« Attends moi ici, je vais voir si notre majesté est disposée à te rencontrer »

Sans en ajouter plus, le petit duc entra dans la demeure royale. Il espérait de tout son gésier que Barrane était là et qu'elle allait se prêter au jeu de cette recherche surprise. Mais ce qu'il aurait voulu par dessus tout, c'est que son ami de toujours, Boron, était enfin de retour. Le mâle Harfang le gratifiait habituellement de ce si réconfortant, « c'est la tempête qui t'a fait atterrir ici ? » suivi d'un long partage d'eau de symphorine. Ces rares moments étaient pour lui inestimables car il pouvait enfin partager son âme de jeune ado irresponsable avec celui qui l'avait toujours soutenu. Ces petits instants, aussi rares qu'ils étaient, lui manquait énormément. Son ami lui manquait profondément. Dans le plus grand secret, il planifiait une opération de recherche, et chaque jours qui passaient rendaient cette mission plus qu'iminente.