D'étranges créatures flottaient dans l'air calme. Il s'agissait en fait d'un grand nombre de hagsmons, tous rassemblés au-dessus d'une mer d'un bleu sombre, sous une lune d'argent dont la lumière laiteuse se reflétait sur les petites vaguelettes qui parcouraient la surface de l'eau. Leurs battements d'ailes semblaient ralentis, inaudibles. Ils avaient l'air irréels. Leurs grands yeux jaunes balayaient le paysage, à la recherche d'une proie. Soudain, la mer commença à bouillir. Une énorme vague s'éleva, haut dans le ciel, et engloutit tous les hagsmon avant de retomber sur elle-même. Puis tout redevint calme.

Swyn ouvrit les yeux. Il se trouvait dans sa tanière, sur l'Île aux Rafales. Il s'agissait en fait d'une renardière abandonnée depuis des années, creusée sous un arbre mort. C'était là qu'il avait élu domicile : cette île était quasiment dépourvue de toute vie. Malgré la rareté de la nourriture et les vents violents qui venaient la fouetter de toutes part, soulevant d'immenses vagues qui venaient s'écraser sur les falaises, le jeune hagsmon avait réussi à se faire à l'endroit, et même à l'apprécier. Il était toujours tout seul, et il pouvait alors se concentrer sur ses pensées, son passe-temps favori. Il se plaisait à poser mille et une questions sur le Temps, la Vie, ou encore les Sciences... Son esprit ouvert le faisait s'intéresser à tout et il emmagasinait les informations avec une facilité déconcertante.

Le volatile cligna des yeux une fois, deux fois, le temps qu'il s'habitue à l'obscurité. Ce devait être la nuit. Ses prunelles rouge-orangé luisaient dans le noir. Il se redressa péniblement ; Le froid l'avait particulièrement affecté aujourd'hui, et il s'en sentait tout raide et courbatu. Il avait passé la journée à dormir et n'avait pas remué d'une seule plume, ce qui expliquait son état. En grognant de malaise, il se contorsionna pour se gratter le dos, faisant craquer quelques articulations endolories au passage. Il frissonna. Quel froid... Il est temps de sortir un peu. Je vais finir par me transformer en glaçon si je reste ici. Après s'être fait cette réflexion, il se dirigea vers la sortie de sa tanière, tout en se disant qu'il devrait peut-être creuser plus de galeries, ou faire un feu comme ceux des forgerons, s'il ne voulait pas continuer à endurer ce froid permanent.

Il émergea de son antre, invisible dans l'obscurité, mis à part ses deux yeux qui se mirent à fixer la voûte céleste. Il était fasciné par les étoiles. Il était capable de les contempler pendant des heures entières, à s'interroger sur leur existence. Swyn se secoua à la manière d'un loup, faisant ébouriffer ses plumes. Il se les lissa pendant quelques minutes avant de déployer les ailes et de s'élancer dans le ciel. En quelques secondes, il était à une vingtaine de mètres du sol. Il se dirigea vers la mer, où il distinguait au loin les trois îles du Trident. Je vais aller chasser là-bas. C'était un peu éloigné, mais il pouvait largement prendre son temps s'il voulait revenir au lever du jour. D'un air décidé, il prit le large, réchauffé par un peu d'activité.

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