Tyna se réveillait la faim au ventre. Son estomac et son gésier gargouillaient de toutes leurs forces, et si bruyamment qu'elle s'étonnait que ses voisins de creux ne l'ait entendu.
Dehors, l'air frais était irisé de gouttes de rosée. Le soleil se levait avec majesté, dans un océan de feu pourpre et or. La jeune chouette des terriers admira un instant le paysage, stupéfaite que tant de beauté puisse côtoyer tant d'horreurs. Puis, lorsque sa panse décida de la faire revenir sur terre, avec un grondement à faire trembler tout l'Arbre, elle décolla de son creux et se dirigea vers le réfectoire.
Affamée, elle se précipita à une table sans remarquer les regards froids ou inquiets qu'on lui lançait. De toute manière, elle avait l'habitude.
Aujourd'hui, au repas:  mulots cuits à la crème de baies de symphorine avec son supplément chenilles séchées grillées! Avec une sauce barbecue, s'il vous plaît!
Alors que Tyna se plaçait sur une table à l'écart (le comble, c'est que le serpent servant de table frissonnait lui aussi, à cause... de son hôte! La gravité de la réputation de Tyna devait sans doute dépasser ce qu'elle imaginait.), celle qu'elle avait habitude de prendre, un éclair flou surgit à la périphérie de sa vision. Elle n'y prêta guère attention... et elle aurait dû! Car tout à coup un nyctale survenu d'on ne sait où s'écroula sur son plateau... Et envoya valser les trois mulots du repas... Droit sur le beau plumage tout propre de Tyna.
- AAAARGH!!!!!! enragea celle-ci, les yeux fulminant de colère rivé sur l'intrus (ou plutôt l'intruse). MAIS QU'ES-CE QUI TE PRENDS, À LA FIN?! CA T'AMUSES, PEUT-ÊTRE, DE SALIR LES CHOUETTES ALENTOURS?! TU VAS VOIR!
Et elle regarda l'autre, qui sembla vouloir répondre.

Dans un si beau matin comme celui là, je me lisais le plumage. Lorsque je passa à mon aile droite je regarda froidement la cicatrice, preuve de mon terrible passé. Une fois le lissage de mes plumes terminé, je m'accrocha mon ruban au coup et, sentant mon ventre gargouillé, je sortis la tête dehors, je détestait toujours ce moment. J'avais beau être âgée de 6 mois, le vol était toujours une étape délicate.

  Je déploya donc mes ailes et me propulsa de toute mes forces vers le ciel. Je tomba en piquet en direction des racines. Je les ouvris soudainement. L'espace d'un instant, je ressentis cette sensation qu'y m'était si chère, c'était cette sensation qui me donnait l'impression d'être une vrai chouette. Je  rouvris les yeux et tenta de virer en direction du réfectoire, inclinaison de l'aile droite.... Aïe!! La cicatrice! Encore cette douleur! La fenêtre : je replis mes ailes, et.... tente un virage à gauche pour éviter un table! Cette fois ci, je bouscule un autre serpent et éclabousse un jeune chevêche des terrier de ses mulots et de sa crème.

Elle me lança un regard furieux et siffla :

- MAIS QU'ES-CE QUI TE PRENDS, À LA FIN?! CA T'AMUSES, PEUT-ÊTRE, DE SALIR LES CHOUETTES ALENTOURS?! TU VAS VOIR!


Je ne savais que faire, entre ma timidité et mon répondant, je décida de ne pas provoquer une bagarre. J'ajouta donc timidement :

- Désolé, à cause de ma cicatrice je n'es pus réussir à voler correctement... Vraiment!

Voyant qu'elle s'apprêta à frapper, je tenta de me protégée en cachant ma tête de mes ailes, mettant à découvert ma cicatrice qui n'était pas des plus belle. A sa vu, cette dernière ce stoppa net, regardant avec effroi la trace de mon passé.

- Désolé, à cause de ma cicatrice je n'ai pu réussir à voler correctement... Vraiment!
"Et elle se cherche des excuses en plus!" pensa amèrement Tyna.
Elle leva une serre pour envoyer bouler l'autre violemment, quand celle-ci, ayant vu son geste, se protégea la tête avec ses ailes, dévoilant ladite cicatrice. Dès qu'elle la vit, Tyna s'arrêta net.
"Alors elle aussi, elle garde une marque éternelle de sa vie passée..." songea-t-elle, soudain plus curieuse que fâchée.
Tyna caressa distraitement la cicatrice noire en forme de V sous son œil gauche. Elle l'avait héritée lors d'un combat contre sa mère (sa propre mère, une Patte Graissée, s'était alliée à St-Aegolius et préféré tuer sa fille plutôt que mourir pour elle!) où la jeune chouette des terriers l'avait sacrément blessé à l'aile droite (à moitié coupée, la femelle volait totalement de guingois lorsque Tyna l'avait vu pour la dernière fois). Mais elle ne voulait plus repenser à son passé... pour le moins... douloureux, et se concentra sur le visage de l'intruse, qui ne lui revenait pas.
En la dévisageant de plus près, elle reconnut finalement Nocta, la jeune nyctale recueillie lors d'une expédition de charbonnage dans un puissant feu de forêt. Elle était plus âgée que Tyna, mais celle-ci, du fait de son caractère impulsif et coléreux, semblait dominer l'autre plutôt que l'inverse.
Tyna renifla bruyamment et retira sa patte de sa victime. Elle retira ses ailes tremblotantes lentement, pour regarder la chouette des terriers d'un air ébahi.
- Quoi? fit-elle avec mauvaise humeur. Tu pensais quoi? Que j'allais de manger? Non mais vraiment, y'en a qui ont de ces idées...
Et elle entreprit d'ôter les mulots dégoulinant de crème de ses plumes souillées.
- Beurk! Franchement, tu devrais apprendre à voler, continua Tyna, sans lever les yeux de sa tâche.
Elle posa les mulots un par un dans son assiette et se pencha par la fenêtre du creux pour saisir une poignée de feuilles. Ceci fait, elle les utilisa pour essuyer la sauce rosâtre de son plumage.
Quand elle eut fini de se nettoyer, elle regarda Nocta, qui n'avait toujours pas bougé de sa place.
Tyna soupira.
- Bon, tu vas passer toute la nuit là, à me fixer avec ces yeux de grenouille étonnée? Bouge-toi un peu, laisse-moi de la place sur cette table! Ce pauvre serpent n'arrive même plus à respirer, tellement tu pèses sur sa cage thoracique!
En effet, l'animal suffoquait en sifflant.
Nocta remua, se plaçant un peu mieux au bord de la table, et ouvrit le bec comme pour parler.

La chevêche avait arrêtée son coup, l'air dans ses pensée. Encore tremblotante, je remis mes ailes dans leur position habituel. Elle me jeta un regard un peu perdu puis ajouta, énervée :

- Quoi? Tu pensais quoi? Que j'allais te manger? Non mais vraiment, y'en a qui ont de ces idées... Beurk! Franchement, tu devrais apprendre à voler!

Ajouta-t-elle. Je l'examina de plus près, espérant qu'elle ne s'en aperçoive pas. Chevêche des Terriers avec une cicatrive en forme de V sous l'oeil : Tyna! Cette chouette était réputée pour son mauvais caractère et sa violence malgré son age. Je me rendit compte que j'avais beaucoup de chance de ne pas avoir reçu de coups.

Une fois que cette dernière avais fini de se nettoyer, elle leva la tête et soupira :

- Bon, tu vas passer toute la nuit là, à me fixer avec ces yeux de grenouille étonnée? Bouge-toi un peu, laisse-moi de la place sur cette table! Ce pauvre serpent n'arrive même plus à respirer, tellement tu pèses sur sa cage thoracique!

Il était vrai que je n'avais toujours pas bougé de place, et que le pauvre serpent suffoquait; j'enleva donc ma patte de son coup et me plaça à côté de chevêche, qui avait l'air de se calmer. Une fois que je me sois servis, je lui proposa un peu de mon plat mais elle refusa, dégoûter depuis ce petit incident.

Je sentais dans mon gésier qu'elle n'était pas si méchante que ça, et je me dis qu'elle ferais peut-être une bonne amie. J'ouvris le bec pour engager une discussion plus...... Moins Violente. Malheureusement ma timidité repris le dessus et le referma aussitôt. Non! Je ne me laisserais pas sans amis juste à cause d'un timidité maladive alors que j'avais vécus des choses bien pires! Histoire de me détendre, je m'empressa d'avaler un de mes mulots, m'essuya le bec sur une feuille et pris mon courage à deux ailes (= à prendre son courage à deux mains). J'inspira donc profondément et dis :

- Il... il paraît que nous avons des chambres voisines... si... si tu veux on pourra discuter chez moi à l'aurore.

Tyna fit de grand yeux, cela devait être la première fois qu'on l'invite... Ou alors je n'aurais pas dû le dire. J'ajouta donc, murmurant presque :

- ça.... ça te dérange? Tu avais quelques choses de prévu?

Elle commençait à s'énerver puis essaya de reprendre son calme avant de répondre.

- Il... il paraît que nous avons des chambres voisines... si... si tu veux on pourra discuter chez moi à l'aurore.
"Quoi!" Tyna n'en revenait pas. Elle dévisagea Nocta, qui venait de s'installer à côté d'elle, avec des yeux ronds.
- Ca.... ça te dérange? Tu avais quelques choses de prévu?
Tyna sentit une vague de colère monter en elle, avant de la refouler. "Autant en profiter pour me faire des amis; j'en ai si peu..."
Elle soupira.
- Comme tu veux. De toutes manières, je n'ai pas grand chose à faire de mes journées...

***

Tyna lisait, bien confortablement installée dans son nid de duvet, quand on toqua à la porte.
Une petite tête de nyctale dépassait de l'entrée.
- Viens, rentre!
Elle s'installa juste à côté de la chouette des terriers, se penchant pour voir ce qu'elle faisait.
Tyna avait entre les pattes un roman, et elle l'étudiait avant de reporter ses notes sur le papier. "Un jour, pensa-t-elle fièrement, ceci sera un livre. Un vrai livre! Les autres en auront le bec pendant!"
Elle se tourna vers Nocta:
- Beau travail, n'est-ce pas?

- Comme tu veux. De toutes manières, je n'ai pas grand chose à faire de mes journées...

J'étais vraiment heureuse qu'elle accepte, elle avait beau être colérique, elle ferait un bonne amie, moi qui avais été jusque là trop timide pour m'en faire. Je finis donc mon repas et retourna avec tout autant de mal dans ma chambre.

Ma chambre était pour une chouette, et je trouvais ça mieux. Elle était situé sur une magnifique branche et avait un accès directe à l'extérieur mais aussi de l'intérieur. Quand on ouvrai la porte, on continuai dans un petit couloir puis un rideau de mousse et de petites boules de verre colorés que je m'étais offertes  cachait  l'ouverture de ma chambre. Cette dernière était circulaire et de taille moyenne. A gauche se trouvait mon lit de duvet, à côté un petit rocher servant de table de chevet ou était posé deux ou trois livres. A droite, il y avait mon bureau sculpter dans le bois de l'arbre, accroché à ce dernier, sur lequel j'étudiais les livres de la bibliothèque quand j'avais du temps libre. tout près, il y avait une petite étagère pleine à craquer de manuels.

Je passa donc une grande partie de la nuit à bouquiner des livres sur les méthodes de combats et de vols. Le moment de rendre visite à Tyna arriva à une vitesse fulgurante. Lorsque je m'en rendit compte, je me dépêcha de lisser mon plumage afin d'être plus présentable.

Au moment de frapper à la porte, un vague de stress me fit légèrement tourné la tête, je pris mon courage à deux ailes et entra. Tyna était dans son nid de duvet, je m'approcha pour voir ce qu'elle faisait : elle était en train de prendre des notes pour écrire un livre, sur quoi? Je me le demandais, mais il avait l'air terriblement intéressant. La chevêche tourna la tête vers moi et me demanda :

- Beau travail, n'est-ce pas?

La façon dont elle l'avait demandé me troubla, je n'aurais jamais cru qu'elle pouvait être comme ça!

- C'est sûr. Lui dis-je en chuintant puis je continua : C'est Incroyable comment tu écris bien.

Cela avait l'aire de lui faire plaisir, elle ouvris le bec pour me répondre mais ce ravisa.

- C'est sûr. C'est Incroyable comment tu écris bien.
Tyna sentit son plumage chauffer devant tant d'éloges. "Finalement, cette Nocta n'est pas si nulle" songea-t-elle.
Puis son regard se posa sur la cicatrice de la nyctale. Elle ouvrit le bec pour lui demander où elle l'avait eut, avant de se raviser. "Puis-je? N'est-ce pas trop personnel? Je ne sais pas..." Tourmentée, elle finit par lâcher de but en blanc:
- La cicatrice que j'ai, c'est ma mère qui me l'ai infligé alors que l'on se battait. Elle m'avait trahie. Ils m'ont tous trahie.
Tyna sentit un picotement dans son œil, puis une sensation de froid et d'humidité parcouru les plumes de son orbite: elle pleurait! "Non, je ne pleurerai pas devant elle!"Malheureusement, ses prunelles en avaient décidé autrement et versaient à présent une véritable fontaine.
Nocta ouvrit le bec, prête à parler.

Tyna se décida à parler :

- La cicatrice que j'ai, c'est ma mère qui me l'ai infligé alors que l'on se battait. Elle m'avait trahie. Ils m'ont tous trahie

Cela me choqua beaucoup qu'elle m'avoue quelque chose d'aussi grave alors qu'on se connaissait à peine. Elle se mit à pleurer, tellement qu'on aurais cru qu'elle augmenterais le niveau de la mer. Je sentis les picotements désagréables de ma cicatrice, malgré son agressivité, elle cachait en elle un gentillesse, une douceur incroyable, je ne pus me résigner à ne pas lui en parler :

- Cette cicatrice.... je l'aie eu lors de l'incendie, dès que mes parents se sont rendu compte, ils ont emportés mes frères et soeur, m'abandonnant, avant de partir, ma mère me dit ceci : " Tu n'es pas ma fille, tu ne mérites pas de vivre". Je ne sais toujours pas pourquoi tout le monde me haïssait, je ne me nourrissaient que de restes putréfiés. Ce... ce souvenir a été créé lorsqu'une grosse branche m'est tombée dessus.

Elle avait l'air d'être aussi choquée que moi, un larme coula discrètement sur les plumes de mon visage avant de tombé sur ma cicatrice. C'était la première fois que je dévoilais mon passé, et cela me faisait encore plus bizarre que j'en parlait à une casi-parfaite inconnue. Mal à l'aise, je passais d'une patte à l'autre, puis, s'apercevant que la chevêche pleurait de plus belle je lui passa mon aile dans son dos.

Cette fois ci elle ouvrit le bec et parla distinctement.

(Je lock et on reprend dans les tanières)

[Je lock alors ^^]