Un grand Soleil déployait ses tentacules luminescents dans la nuit de velours. Les étoiles une à une cédèrent leur place à l'astre du jour, tandis que la Lune glissait à l'horizon, s'éteignant derrière les arbres d'Ambala dans une lumière argentée douce et pâle comparée à la splendeur flamboyante de la boule de feu.
Des gouttes de rosées parsemaient les plantes, pendant au bout des feuilles. À la lueur des rayons d'or du Soleil, elles semblèrent se transformer en diamants.
Lyr'se, blottie au chaud dans un nid douillet confectionner entre deux branches d'un gros épicéa, dormait encore lorsque les premières raies de miel caressèrent ses plumes. Une chaleur agréable l'enveloppa, tandis qu'elle s'éveillait en douceur. Elle ne comprenait pas pourquoi les chouettes n'aimaient pas le jour. Le froid de la nuit, ses ténèbres et ses dangers l'inquiétaient plus qu'autre chose. Au moins, le jour, le ciel bleu d'azur ou turquoise, parfois jonché de nuages blanc neige et moutonneux, laissait filtrer une plus grande clarté par le Soleil que les flèches blafardes de la Lune. Quant aux étoiles, elle les trouvaient bien froides et lointaines.
Lyr'se se secoua. Ses plumes étaient toutes emmêlées dans des brins de mousse et de feuilles du nid. Elle entreprit de faire sa toilette, lissant une à une avec une grande attention et un grand soin ses touffes de duvet, enlevant du bout du bec les saletés prises dans son plumage, arrangea ses rectrices, et remua un peu les ailes pour les dégourdir. Elle dressa puis plaqua la houppe de sa tête plusieurs fois, histoire de la nettoyer aussi un peu, puis sautilla sur la branche. Elle plana un moment vers une autre, plus grosse et donc, plus à même de supporter son poids. Elle tendit les ailes, leva le crâne et battit l'air une fois, deux fois. Elle se retrouva dans le firmament en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.
Elle orienta ses rectrices vers l'est, droit sur le Soleil levant, en prenant bien garde de fixer les cimes au lieu de l'astre scintillant, pour éviter de se brûler les yeux. Grave erreur. Elle allait bientôt s'en rendre compte.
Elle volait, profitant d'une brise chaude et légère, car elle adorait voler. Pour elle, rien de mieux que glisser dans les airs en toute liberté, et rester privée du vol était pour elle le pire cauchemar, la pire torture au monde. Surtout qu'elle avait sans doute déjà connu l'emprisonnement, l'horreur de la captivité. Elle ferma brièvement les yeux tandis que des bribes de souvenirs tentaient, luttaient pour revenir à la surface de sa mémoire.
Les coups de cette chouette si affreuse, dans cet endroit encaissé, où tout vol était impossible, se firent sentir à nouveau sur ses ailes, si forts qu'elle crut un instant les avoir encore. Elle en souffrait tant qu'elle lâcha un petit gémissement, et rouvrit les paupières.
Les arbres défilaient à toute allure sous elle. Soudain, un éclair pâle fila à la vitesse de l'éclair et envola derrière lui des feuilles, tel un sillage naturel.
L'animal cria et allait se vautrer dans un tronc lorsque Lyr'se prit son courage à deux pattes et plongea sur la créature en contrebas. Elle grossit dans son champ de vision, devenant silhouette imprécise, puis... chouette. Une chouette? À cette heure-ci? Et pourquoi est-elle aussi minuscule? songea Lyr'se. Mais pas le tempsd e se poser trop de questions. Elle saisit la chose dans ses serres immenses et puissantes et la balança dans les airs. La petite bête fit une pirouette en avant avant de se réceptionner tant bien que mal sur une grosse branche.
Lyr'se la rejoignit, le plumage ébouriffé de terreur et de colère.
- Mais qu'es-ce qui t'as pris de faire ça? siffla-t-elle, encore terrifiée. Et qui es-tu donc, d'ailleurs?  

Le jour.... les rayons du soleils m'éblouissais, mon espèce n'aimait pas trop la lumière, ça fait mal aux yeux... Cette aurore là, je n'arrivais pas à m'endormir, à chaque fois que j'arrivais à me reposer un peu, je "rêvais" de mon accident, rien que d'y penser, cela me faisait frémir le duvet.... Brrrr...

 Voilà déjà 2 nuit que je voyageait, afin de découvrir le monde. Pour me dégourdir les ailes, je fonça à toute vitesse entre les tronc des épicéa qui me paraissaient géant à cause de ma taille, leurs écorces semblaient vieilles et particulièrement abimées; une branche me fouetta ma cicatrice, une onde de douleur me traversant le corps,  je ne pus retenir un cri aigu, je sentis quelque chose me froller les plumes du dos, mais la présence de nombreuses branches me dit que cela devait en être une. Mon ventre gargouillait, il fallait que je chasse. Malgré ma douleur, je réussi à virer et aperçu un petit rongeur, sans hésiter je piqua et sortie mes serres, raté. Le soleil était à présent bien levé, il y a trop de lumière pour prendre du gibier. Je retourna donc vers le trou que j'avais aménagé au cas où. Le sommeil arriva enfin, mais je n'aurais pas dû me reposer, un instant plus tard, une gigantesque harpie m'attrapa entre ses serres et me balança dans les airs. Je fis difficilement un petit looping et me posa sur une petite branche juste assez grosse pour me soutenir. L'harpie semblait à la fois furieuse et apeurée, drôle de mélange, surtout qu'elle soit effrayé par une petite nyctale comme moi! Elle me lança, -cracha plutôt- :

- Mais qu'es-ce qui t'as pris de faire ça?. Et qui es-tu donc, d'ailleurs?  

Pour l'instant, j'étais morte de peur... et d'inquiétude, car cette furie, -je me permettais de le dire vu son comportement- pouvait très bien me croquer d'un instant à l'autre. Ma timidité s'apprêtait à l'emporté quand une vague de courage et de colère m'avala :

- A qui tu parles comme ça?! Je m'apprêtais à dormir quand une espèce de..... -Je réussis à me retenir à temps et continua à lui crier dessus- m'attrape et me jette dans les airs! C'est sensé être moi qui est en colère!!! Et puis d'abord je t'es jamais vu de ma vue, l'emplumée!!!

Cette fois, c'était trop, je me retins pour de bon attendant la réaction du volatile. Ce dernier c'était protégé d'on ne sait quoi avec l'aile. Comme çi j'allais la frapper! On aurais vraiment cru qu'elle avait peur de moi.

- A qui tu parles comme ça?! Je m'apprêtais à dormir quand une espèce de... (Lyr'se vit qu'elle se retenait de toutes ses forces pour ne pas lâcher une insulte) m'attrape et me jette dans les airs! C'est sensé être moi qui est en colère!!! Et puis d'abord je t'es jamais vu de ma vie, l'emplumée!!!
Lyr'se, terrifiée par cet accès de colère, cacha son visage derrière son aile. Puis, entendant que l'autre avait fini de parler, elle les tendit brusquement et... s'enfuit.
C'était risible, de voir cette immense harpie féroce fuir devant une minuscule nyctale. Mais la pauvre femelle tremblait de tous ses membres après sa terrible altercation avec la chouette. Ses yeux brillaient de peur et, en quelques instants, elle sema la nyctale surprise. Tellement surprise qu'elle ne bougea pas, les ailes ballantes, et que si elle avait été dans les airs, elle en aurait piqué dans les orties.
Lyr'se sentait les branches des arbres sous elle lui fouetter les pates tant elle allait vite. Être grande avait ses avantages, tout de même, même si on est une peureuse finie.
C'est alors que se produisit un évènement imprévu.
Lyr'se eut un flash.
Lorsqu'elle a un flash, elle sombre dans l'amnésie, ou elle se rappelle soudain d'un moment de sa vie qu'elle a oublié. Et souvent, comme cela se produit sans raison, si elle vole, elle en tombe, car elle ne bat plus des ailes.
Lyr'se piquait donc droit vers le sol, ignorant les feuilles qui lui rentraient dans les yeux, qu'elle avait écarquillés, tandis qu'une vision s'imposait à son esprit.
Bizarrement, cela ne ressemblait pas du tout à ses visions habituelles. Là, elle voyait trouble, comme si une fumée noire et rampante de feu de forêt l'entourait. De grands reflets orangés et chauds dansaient autour d'elle. Un feu! Elle était dans un brasier, d'où la fumée noire. Aussitôt, paniquée, elle tenta de battre des ailes pour s'éloigner, sans succès, tant les vents imprévisibles des incendies la ballotaient dans tous les sens.
Pourtant, la chaleur, même si elle la ressentait, n'était pas plus forte que ça. Et lorsqu'elle tendit sa patte devant elle, elle la vit... translucide! Impossible. Elle n'était pas un scrome! Pas déjà!
Avait-elle brûlé? Ou alors... Elle se souvint de son crash. Elle s'était écrasée et maintenant, elle pourrissait à Hagsmire! Non, non non! Ce n'était pas possible! Elle n'était pas méchante! Juste... peureuse!
Et si c'était ça? Parce qu'elle était peureuse sans raison, qu'elle pourrissait à Hagsmire? Tant à sa réflexion désespérée, elle ne vit pas les silhouettes floues se dessiner sous elle. Lorsqu'enfin, elle y prêta son attention, elle voulu les rejoindre, croyant que c'était aussi des esprits d'Hagsmire. Et lorsqu'elle eut peur de qui elles pouvaient être, elle se sermonna en se rapelant qu'elle ne pourrait plus mourir, puisque qu'apparemment, elle l'était déjà. S'approchant, elle pila net. Des nyctales! Ils fuyaient en désordre leur creux dans l'arbre. Puis la femelle, qui protégeait ses petits sous ses ailes, fit demi-tour en les confiant à son compagnon, puis vint parler sèchement à une autre nyctale, plus vieille que les autres celle-là, et que Lyr'se reconnut. La nyctale qui l'avait hurlé dessus tout à l'heure! Elle semblait en bien piteux état, couverte de blessures à peine cicatrisées et aux plumes ternes et broussailleuses. Celle qui devait être sa mère lui cria après, et s'enfuit avec le reste de sa famille; puis une branche enflammée atterrit sur l'aile de la malheureuse abandonnée par ses parents, qui piqua dans les orties avant d'être secourue par un gros hibou grand duc noir de suie. Ensuite ils disparurent au détour d'un flamme gigantesque et rouge, et Lyr'se se "réveilla" en sursaut.
Horrifiée, le cœur battant la chamade, elle observait la nyctale qui était penchée sur elle, par terre dans un clairière de la forêt, entourée d'arbres si haut que leurs cimes se perdaient presque dans les nuages.
- Que... quoi? Où... où suis-je? balbutia-t-elle, encore toute groggy.

[Up, c'est à Nocta de répondre]