Le soleil illuminait le Grand Arbre de ses premiers rayons. Une douce brise matinale flottait dans l'air. À cette heure-ci, l'île de Hoole semblait inhabitée et déserte. Aucune âme qui vive. Tous ses habitants dormaient, en dehors de quelques serpents aveugles de corvée et deux ou trois chouettes insomniaques.
Parmi les rares créatures encore éveillées, il y avait Nartya. La jeune gardienne était sortie de son creux dès que les premiers rayons de soleil s'étaient montrés pour aller se poster sur une branche, au sommet du Grand Arbre. Hoolemere s'étendait, semblant son fond, le soleil se reflétant sur la vaste étendue d'eau.

La grand-duc inspira une bonne bouffée d'air frais. Il y a quelques temps, elle s'était lancée un objectif. Malgré sa taille imposante, elle était vraiment faible, et très peu douée au combat. Entre les Sangs-Purs et les hagsmons, ses chances de survivre lors d'une bataille étaient minces. Elle avait donc décider de s'entraîner chaque jour, afin de devenir plus puissante.
Ce matin, elle allait faire l'aller-retour du Grand Arbre au Cap Glaucis. Malgré le fait qu'il fasse jour, elle avait peu de chances de tomber sur des corbeaux. Elle resterait trop peu de temps au Cap pour se faire attaquer. De toute façon, si c'était le cas, ces pauvres charognards n'oseraient sûrement pas la suivre à travers la mer.

Elle déploya donc ses larges ailes et d'un vif coup d'aile, prit son envol. Le vent balayait ses plumes et Nartya savourait cette sensation. Qui avait dit que s'entraîner était une chose désagréable ?

La gardienne volait depuis une heure environ lorsque sur l'eau, elle aperçut une minuscule tâche grise-noire. Un objet des Autres ? Peut être, elle verrait bien. Curieuse, elle descendit en piqué afin de se retrouver à sept mètres peut être au-dessus de l'eau.
Elle manqua de piquer dans les orties lorsqu'elle aperçut... une chouette ! Bien installée au fond de son... engin, elle levait les yeux au ciel. Elle était sûrement surprise de voir quelqu'un ainsi.

La grand-duc hésita à aller voir de plus près. Que faisait une hulotte - une espèce assez rare qu'on ne voyait pas tous les jours - à se promener dans son embarcation sur Hoolemere. C'était louche, tout ça. Peut être un furet des Sangs-Purs, où une Patte-Graissée. Ce n'était pas bon signe, tout cela.

Barrane se tenait droite, fière de la paix qu'elle avait réussi à ramener au Grand Arbre. Boron, lui n'était toujours pas revenu, mais elle avait un bon pressentiment. Les bonne nouvelles s'enchainaient, et elle ne voyait pas ce qui pourrait venir perturber l'harmonie grandissante des Gardiens. La belle et grande harfang voyait chaque jour ses rangs grossir, et de nouveaux apprentis gardiens intégraient les Squad chaque semaine. De plus, elle était entourée des meilleures chouettes qui soit : Lyze le sage, Arald la prudente, Bubo l'intrépide, Otulissa la sensible, autant de Gardiens prêts à tout pour leur Arbre. Voilà ce qui différenciait les Gardiens des Sangs-Purs. Les Sangs-Purs ne savent pas pourquoi ils font cela. Ils revendiquent la pureté. Ils prétendent que les effraies sont supérieures aux autres. Soit. Faisons comme si c'était vrai. Glaucis n'aurait-il pas empêcher Barrane et Boron d'accéder au trône ? N'aurait-il pas favorisé la montée en grade d'un couple d'effraies ? Non. Chaque race avait le droit de vivre. Le droit d'être libre.

A présent, la Reine Blanche volait entre les branches, saluant les chouettes qui passaient par là. Une voix qui lui était inconnue retentit alors :


-Bonjour, excusez-moi, madame, mademoiselle, mais j'ai eu un accident et suis actuellement bloqué. Cependant, j'aimerai savoir si je vais toujours vers le Grand Arbre. Pouvez-vous me renseigner ?


Barrna rit intérieurement. Elle descendit lentement, puis se posa près de la chouette hulotte qui avait prononcé ces paroles :


-"Jeune chouette, tu est au Grand Arbre ! Lève la tête regarde autour de toi ! Je suis Barrane, Reine du Grand Arbre. Bienvenue parmi les Gardiens. Puis-je quelque chose pour toi ?"

Elle s'inclina puis se redressa fièrement. Peut-être cette chouette voudrait-elle intégrer les Gardiens ?

(Nan, c'est un "Pv", moi aussi j'ai répondu et Nart' m'a dit que c'est un Rp uniquement avec elle et Casserole!)

[Oh, mince :/]

Nartya hochait la tête, vraiment intriguée par cette chouette et son embarcation. Elle semblait vraiment désorientée. Peut être n'était-ce pas un furet. Ou une Patte-Graissée. C'était peut être juste un voyageur perdu et à bout de forces, qui attendait qu'on l'aide. Mais la grand-duc préféra se méfier. Elle avait déjà accordé à certaines chouettes une confiance qu'elle n'aurait jamais du partagé et qui lui avaient coûté cher.

Finalement, la hulotte prit la parole, et la gardienne le fixa de ses grands yeux dorés, écoutant attentivement ses moindres paroles.

" Bonjour, excusez-moi, madame, mademoiselle, mais j'ai eu un accident et suis actuellement bloqué. Cependant, j'aimerai savoir si je vais toujours vers le Grand Arbre. Pouvez-vous me renseigner ? "

Nartya fut d'abord étonnée. Une chouette bloquée à bord d'une sorte de coquille géante en plein milieu de Hoolemere, c'était rare. Celle-ci était soit une grande paresseuse incapable de voler sur plus de trois mètres, soit une hulotte à qui on aurait arraché ses rémiges. Ou une menteuse qui tissait des mots avec ce qui lui venait à l'esprit.

Restant sur ses aguets, la gardienne descendit pour aller battre des ailes à un ou deux mètres au-dessus du voyageur égaré, et lui marmonna d'une voix hésitante.

" Grand Arbre ?... Heu... "

Lui dire où rester muette comme une carpe ? Il était vrai que cette chouette semblait inoffensive et ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. Mais les plumes ne font pas le hibou, et à tout instant, elle pouvait se jeter sur elle pour lui arracher les yeux. Peut être cachait-elle des serres de combats où un cimeterre dans sa coquille géante.

Finalement, prise de sympathie, Nartya s'approcha un peu plus près de l'inconnu. Elle le regarda une fois encore, hésitante, et déclara sur un ton qui se voulait chaleureux mais dont la nervosité se faisait ressentir :

" J'en viens justement... À une petite heure en volant. Par contre le vent souffle vers l'ouest, et à contrevent ça risque d'être assez embêtant... "

" Je vois, je vois, je vous remercie pour ces informations qui sont mi-bonnes mi-mauvais. Mais j'aurai un service à vous demander, encore, je vous prie. "

Nartya hocha la tête tout en battant des ailes, décidément surprise par cette drôle de chouette et son objet tout aussi étrange. Oh oh, c'était peut être un charbonnier ! Elle venait de se rappeler que ces derniers se servaient d'ustensiles de ce genre pour leurs charbons !

" Il faudrait m'aider à décoller sans couler ma marmite, s'il vous plaît. Pour cela , il faudrait juste que vous attrapiez ça, et que vous empêchez que ça coule. En effet, pour décoller, je dois me mettre sur le bord. Ce qui fait que je vais rompre l'équilibre pré-établi et vais la perdre. "

Oh si ça coulait les charbons étaient foutus. Ce serait dommage. Surtout s'il y avait des flagadants, ces précieux charbons qui brillaient d'une lueur bleutée.

" Ne vous inquiétez pas. Je serai capable de reprendre la marmite tout de suite après mon envol. Vous n'aurez pas le temps de dire "Achlamapachipichipouchipa" que vos serres seront libérées de toutes charges. "

Soudain, la grand-duc s'arrêta net et regarda la hulotte en ouvrant de grands yeux. Il y eut un long vent sans le moindre bruit, quand la gardienne finit par déclarer d'un ton timide.

" Achlamakwa ? "

Nartya commençait à se fatiguer à battre des ailes comme ça, et pour couronner le tout, elle ne comprenait pas du tout ce que voulait dire l'autre. Elle devait venir de très loin, pour avoir un lexique aussi exotique. Ou peut être était-ce une voyageuse ? Dans tous les cas, elle était dans une bien mauvaise situation.

" Au pire je peux peut être tirer votre bidule machin chose... " lança-t-elle en examinant la marmite.

 « C'est très gentil, mais juste tenir l'anse pour l'empêcher de couler est très suffisant. J'ai été immobilisé assez longtemps pour regagner assez en vitalité pour faire le reste de la traversée avec mon instrument de travail. »

Wow mais d'où venait donc cette chouette pour posséder un vocabulaire si étrange ? Les hulottes étaient déjà rares dans le coin, alors des hulottes qui parlaient le machin-chose ça l'était encore moi ! Tout est-il que bien heureusement, la grand-duc réussit à deviner ce que l'autre voulait dire par "anse", ça devait être l'espèce de barre sur son drôle de bateau.

« Prenez ça ! continua-t-il en lançant " l'anse " à Nartya, qu'elle attrapa habilement. A la fin du compte à rebours, je décolle. 3... 2... 1 ! »

Et d'un seul coup, la hulotte décolla d'un ample battement d'ailes. La gardienne fixait l'ustensile avec curiosité. Maintenant que l'autre en était sorti, elle pouvait mieux l'examiner. Totalement rond et creux. Elle n'avait jamais rien vu de tel. Voilà le genre de trucs qui intéresserait Maxi, se dit Nartya en pensant à tous ces objets bizarres que la pie marchande aimait amasser.

« Si vous voulez, maintenant je peux vous guider jusqu'à l'arbre ! » hulula-t-elle, tenant toujours l'anse entre ses serres en battant des ailes, craignant de faire le moindre mauvais geste avec cet objet qui lui était inconnu.