Reydd survolait les Monts-Becs depuis quelques temps, une lourde sacoche autour du cou, sa dague de glace à la patte. Au bout de l'horizon apparut enfin une ligne verte : il arrivait enfin dans les bois de Tyto. En effet, le gang-gang rentrait d'un long voyage des Royaumes du Nord. Il s'y était rendu pour s'approvisionner en glace, afin de tailler de nouvelles armes.

Le cacatoès atterrit sur une branche de façon habile malgré le poids qu'il portait et rentra dans son creux. Enfin chez soi, se dit-il. Il posa délicatement sa dague sur une étagère qui lui était dédié. Reydd partit ensuite chercher un poignard en métal qu'il avait commandé à un forgeron et sortit un grand bloc de glace de la sacoche, qu'il déposa sur une table. Il put enfin se mettre à l'ouvrage et se mit à tailler l'issen blaue. La glace prenait peu à peu forme, avant de devenir finalement une belle dague brillante.

Puis Reydd ressortit un autre bloc et recommença. Peu à peu, une pile de poignards, cimeterres et épées se tenait sur la table. Le gang-gang reprenait un autre cube quand il entendit un bruissement de feuilles. Il n'avait certainement pas l'ouïe d'une effraie, mais la créature qui avait produit ce son devait être pataude et maladaroite. Pas du tout discrète.

" Qui est là?! " grogna Reydd, brandissant sa dague fétiche.

[Moi ! Je m'incruste avec Silver ! Deux forgerons ensemble pour un RP ! Chic ! :D]

Silver exécutait une sortie en solitaire pour se changer les idées. Il n'avait même pas demandé à Shadow de l'accompagner, ce qui était extrêmement rare chez lui ; les deux comparses étaient en effet inséparables, ou presque, depuis leur rencontre dans les royaumes du Nord, au temps où Silvezr était encore l'apprenti d'Orf, le légendaire forgeron du Nord. Ainsi, il était parti à la fin de la soirée, juste après la matine, en direction du Sud. Silver avait en effet envie de revoir les forêts plus au Sud. Il passa d'abord par la foret du Soleil d'Argent, où il fit un bref arrêt chez la femelle harfang, qui était le furet des Gardiens, et la sœur de Plonk, la chanteuse du Grand Arbre.

Puis, après une bonne heure de discussion à s'échanger astuces de forge, l'effraie blanche s'était allée à la forêt d'Ambala. N'y étant jamais allé seul, le jeune mâle s'y perdit bon nombre de fois, avant de retrouver son chemin. Dans ce territoire, il ne vit aucun forgeron, ou activité s'y apparentant. Déçu, il continua son périple le lendemain, après avoir passé la journée dans un creux qui semblait désaffecté. Au crépuscule, il fut révéillé par des protestations :
-Hé, mais faut pas vous gêner, surtout !

Silver, hébété, sortie du creux, encore à moitié dans son sommeil. En face de lui se tenait un jeune merle qui semblait revenir d'une longue partie de chasse.
-Je suis désolé, monsieur...
-Ha, les jeunes de nous jours... ça se croit tout permis !
- J'ai cru que ce creux était abandonné, se défendit Silver
- C'est parce qu'il n'y a personne dedans qu'il est libre ? Allons, Ce n'est pas parce qu'une pomme est pleine de vers qu'elle n'est plus bonne ! On n'a jamais vu ça !
- Je vous prie de m'excuser... Je peux m'en aller sur le champs, si vous voulez...
- Oh, que oui ! Car, voyez vous, il se trouve que j'ai eu une longue journée derrière moi, et que j'ai envie de rentrer chez moi me reposer.
- Bien....Bien sûr....

Silver sorti du tronc, et s'envola, balbutiant de nouvelles excuses. Le merle lui tourna le dos, et reprit possession de ses appartements. L'effraie blanche, elle, continua son voyage vers la forêt de tyto. Après avoir traverser le désert de Kunir, il vit enfin les premiers arbres de Tyto. Se délectant du paysage que lui offrait la magnifique forêt, Silver ne vit pas le sapin qui se dressa devant lui, et le percuta.
- Quelle idée de mettre un arbre ici ! maugréa-t-il de mauvaise grâce.
- ...
- ...
- Veuillez m'excuser, mais vous êtes en train de m'écraser le derrière. Non pas que cela me gène, mais vous devez tout de même trouver cela légèrement... Inconfortable...
-Oh, pardon !

Silver se releva rapidement, pour découvrir un hérisson. Il ouvrit des yeux ronds... Avant d'hurler, réalisant qu'il avait eut des piquants de la pauvre bête dans le... hum.
- Oui, ça fait plutôt mal. Croyez-moi, j'en suis désolé.

Silver cligna des yeux, soudain coi. Un hérisson qui s'excusait de se faire écraser ? C'était le pompon !
- Non, non, c'est moi... Je ne regardais pas où j'allais.
- C'est bon. En vous souhaitant une bonne soirée, je dois aller chasser !

Et il s’éclipsa dans un buisson. Silver se dandina pour chasser la douleur. Il repéra un creux, à quelques arbres d'ici. Avec le soleil qui commençait à se lever, c'était plus prudent pour lui de se reposer. Il s'envola pour le rejoindre. L'effraie blanche, malhabile de part la douleur, faisait un barouf pas possible. En se posant à l'entrée du creux, il passa la tête à l'intérieur pour vérifier s'il était habité.
-Qui est-là ? Fit une drôle de voix. Silver était sûre qu'il ne s'agissait pas d'une espèce qu'il connaissait

Zut alors. Encore un autochtone. Silver soupira.
- Je m'appelle Silver, et je suis une chouette souhaitant trouver refuge pour la journée.... Puis-je entrer ?

" Je m'appelle Silver, et je suis une chouette souhaitant trouver refuge pour la journée.... Puis-je entrer ? "

Reydd se retourna et cracha de dégoût en voyant l'effraie. Il ne recevait jamais de visites autres que celles des Sangs-Purs pour des commandes d‘armes. En effet, détestant être interrompu pendant qu’il travaillait, il avait réussi avec l’aide de l’Armée Tytonique à faire circuler d’horribles rumeurs comme quoi un scrome habitait ce creux. Il avait ainsi la paix.
Mais voilà que cet jeune tyto inconscient venait lui demander refuge pour le jour. Il n’y avait aucun doute pour Reydd, ce Silver n’était pas d’ici.

Le gang-gang le regarda longuement, hésitant. Sa haine envers les chouettes était grande, mais peut être pourrait-il l’accueillir… Il pourrait le livrer plus tard aux Sangs-Purs, qui cherchaient sans cesse à recruter de jeunes tytos.

Reydd finit par lâcher à contrecœur un petit " d’accord ", esquissant un petit geste invitant l’effraie à rentrer dans sa demeure décorée de dagues par centaines.

-D’accord…
Le drôle d’oiseau s’effaça pour la laisser entrer dans son creux. Au moment où il pénétra à l’intérieur du tronc, il se rappela enfin où il avait déjà vu cette espèce d’oiseau.
-Hé, mais vous êtes un cacatoès ! Il y en a plein dans la bibliothèque du Grand Arbre !

Il parlait trop, mais il ne s’en redit pas compte… Il s’avança dans l’espace creux de l’habitation, d’découvrant un environnement familier. Du feu. Des outils. Un foyer. Du métal… des armes…
-Mais… mais c’est un forge ! Vous êtes forgeron ! s’écria Silver avec un énorme sourire. Et je vois que vous maitrisez aussi le feu froid, avec les braises froides des Royaumes du Nord… Parfait pour forger des armes de glace… Mais pas très facile à utiliser… Ni à trouver, d’ailleurs…
L’effraie blanche se mit à penser à sa propre forge. Lui aussi était forgeron, depuis presque toujours… Il avait tout apprit d’Orf, le légendaire forgeron des Royaumes du Nord, qui l’avait prit sous son aile lorsqu’il s’était enfui de Saint-Aegolius, où il était né. Il avait alors entre deux, et trois mois.
Il avait par la suite peaufiné son style au Grand Arbre, travaillant en corrélation avec Bubo, le forgeron attitré de l’île des Gardiens. Silver sourit à l’évocation de ces doux souvenirs. L’art de la forge était tout pour lui… Une passion, comme un refuge.

L’effraie blanche balaya la salle du regard, embrassant des yeux les armes qui y étaient entreposées. Son regard se posa sur une paire de serre de combat. Il s’avança un peu pour la voir de plus près, l’observant avec attention. Tout chose, il était emplie d’un intense sentiment de joie et avait presque envie de danser. Frivole, il atterrit donc près de ces fameuses serres. N’osant les toucher, craignant un contact physique avec cette merveille, il la but du regard, se délectant de tous les détails.

Puis, de la voix assurée d’un expert qui avait passé une bonne partie de sa vie à forger le métal et tout type d’armes, il lança :
- Paire de taille médium, peut-être destinée à une chouette de taille moyenne… hum, disons… un Moyen Duc ou une effraie, calibre standard… Plutôt souples et de poids moyen, conçues pour la robustesse et non la légèreté… rétractiles, pourvues d’un long tranchant… Puissant alliage joignant la flexibilité, l’aisance, et la durabilité… Tranchantes… Principalement conçues pour lacérer, couper… mais surtout pour tuer…

Silver releva la tête et se tourna vers le cacatoès.
- Une commande pour le moins rare, n’est-ce pas ? Pour quelqu’un d’important, si j’en juge par les fines gravures sur le métal, là… et là… Une très belle paire, en tout cas… Un modèle pratique et efficace, qui se fabrique bien…

La jeune effraie rentra dans le creux, l'air songeur, avant de s'écrier.

"Hé, mais vous êtes un cacatoès ! Il y en a plein dans la bibliothèque du Grand Arbre !"

Il ne manquait plus que ça! C'était sans aucun doute une de ces sales chouettes qui racontaient sans cesse des blagues sur les mous du croupions, et Reydd les détestait plus que tout! Et un gardien en plus...
Des cacatoès dans des livres? Des livres de blagues surtout! Reydd garda sa dague à la patte, prêt à frapper quand Silver aurait le dos tourné.

Ils s'avançaient peu à peu dans le creux et l'effraie jetait des regards émerveillés partout autour d'elle.

"Mais… mais c’est un forge ! Vous êtes forgeron ! Et je vois que vous maitrisez aussi le feu froid, avec les braises froides des Royaumes du Nord… Parfait pour forger des armes de glace… Mais pas très facile à utiliser… Ni à trouver, d’ailleurs… "

Il faillit lâcher sa dague d'étonnement. Jamais aucun visiteur avant elle ne l'avait jamais complimenté sur son travail. Sa huppe se leva timidement. Cette chouette l'intriguait vraiment.

Silver se dirigea vers une paire de serres de combats - une récente commande d'un lieutenant Sang-Pur - qu'elle regarda avec un air joyeux.

" Paire de taille médium, peut-être destinée à une chouette de taille moyenne… hum, disons… un Moyen Duc ou une effraie, calibre standard… Plutôt souples et de poids moyen, conçues pour la robustesse et non la légèreté… rétractiles, pourvues d’un long tranchant… Puissant alliage joignant la flexibilité, l’aisance, et la durabilité… Tranchantes… Principalement conçues pour lacérer, couper… mais surtout pour tuer… " dit-elle sans la moindre hésitation." Une commande pour le moins rare, n’est-ce pas ? Pour quelqu’un d’important, si j’en juge par les fines gravures sur le métal, là… et là… Une très belle paire, en tout cas… Un modèle pratique et efficace, qui se fabrique bien… "

Impressionant! Ce gardien avait du potentiel en forgerie, ça se voyait! Jamais une chouette ne l'avait autant intrigué. Il posa sa dague sur le petit autel qui lui était reservé. Non il ne pouvait pas la tuer, cette effraie.

" Excusez-moi... Vous vous y connaissez dans ce domaine n'est-ce pas? Êtes-vous également un forgeron ? " dit-il d'une voix tremblante qui trahissait son excitation d'en savoir plus sur Silver.

Le cacatoès posa sa dague. Silver était complètement absorbé par le travail fin et précis de l’artiste, et ne le vit, ni l’entendit pas se rapprocher de lui.
- Excusez-moi... Vous vous y connaissez dans ce domaine n'est-ce pas? Êtes-vous également un forgeron ? "

Sa voix était autrement plus agréable et chaude que celle qui l’avait accueillie tout à l’heure, si bien que Silver cru presque qu’un autre oiseau avait parlé. Mais le détail subtil qui l’avait interpellé dans ce timbre, fut ce léger tremblotement. Piqué par la curiosité, Silver se retourna pour faire face au jeune mâle. Celui-ci avait l’œil tout excité, et semblait tout chose. Il en souriait presque. L’effraie blanche réfléchit à ses précédentes paroles. Il s’était vendu tout seul. Même si ce cacatoès avait l’air redoutable –et pour sûr qu’il l’était !- Il savait qu’entre forgerons, un courant passait toujours. Jamais dans l’histoire des royaumes des chouettes, ni même dans les légendes, un forgeron en avait tué un autre.

C’était comme ça, et pas autrement. Ils ne se tuaient jamais entre eux.
- Oui, fit humblement le jeune mâle. J’ai passé presque toute ma vie à forger. J’ai commencé par apprendre avec un grand maitre dans les royaumes du Nord, avant d’atterrir sur l’île de Hoole.

Il fit une courte pause, avant de continuer :
- Ce qui me plait le plus, dans cet art, c’est le contact avec le feu et le métal. C’est la possibilité de créer, de donner corps à nos idées. Nos sommes un peu les intermédiaires entre l’Imagination et l’Univers de la Forge, et les autres chouettes, qui ne sont pas dotées de cette sensibilité que nous, nous avons, et qui nous permet de déceler toutes les subtilités de cet Art.

Silver se tourna pour contempler à nouveau les serres de combat de tout à l’heure, rêveur.
-Cela faisait longtemps… très longtemps que je n’avais pas vu ce style, et cette technique. Une exceptionnelle finesse, également. Qui s’explique peut-être par le fait que vous soyez un cacatoès… La plupart des chouettes qui sont forgerons sont toutes bourrues et sans tact. Des êtres grossiers, privilégiant la dureté et l’efficacité au détail et à la finesse. Oh, certes, ils font d’excellentes serres, bien solides et durables. Mais, voyez vous, ils seraient bien incapables d’effectuer une gravure, ou même de faire des lames rétractables. Trop techniques, sans doute.

Et c’était vrai. Silver n’avait jamais vu pareille finesse depuis longtemps. Toutes ces créations respiraient le grandiose, et une certaine noblesse s’en dégageait ; Silver en eut une petite larmichette à l’œil.

Il se tourna finalement vers le créateur de ces merveilles. Puis, toujours souriant, il lui demanda
- Je m’appelle Silver… Et vous ?

" Oui. J’ai passé presque toute ma vie à forger. J’ai commencé par apprendre avec un grand maître dans les royaumes du Nord, avant d’atterrir sur l’île de Hoole.
Ce qui me plait le plus, dans cet art, c’est le contact avec le feu et le métal. C’est la possibilité de créer, de donner corps à nos idées. Nos sommes un peu les intermédiaires entre l’imagination et l’univers de la forge, et les autres chouettes, qui ne sont pas dotées de cette sensibilité que nous, nous avons, et qui nous permet de déceler toutes les subtilités de cet art. "

Reydd n'aimait pas trop tous ces dscours philosophiques. Pour lui, la forge, c'était la forge, point. Mais il pensait qu'il y avait une petite part de vérité dans ce que disait Silver.

L'effraie se retourna vers la paire de serres.

" Cela faisait longtemps… très longtemps que je n’avais pas vu ce style, et cette technique. Une exceptionnelle finesse, également. Qui s’explique peut-être par le fait que vous soyez un cacatoès… "

Reydd poussa un petit grognement. Il détestait qu'on le compare aux chouettes, que ce soit péjorativement ou méliorativement. Ca lui rappelait de si mauvais souvenirs... Il se sentait si différent des strigidés lorsqu'on lui disait ça.

" La plupart des chouettes qui sont forgerons sont toutes bourrues et sans tact. Des êtres grossiers, privilégiant la dureté et l’efficacité au détail et à la finesse. Oh, certes, ils font d’excellentes serres, bien solides et durables. Mais, voyez vous, ils seraient bien incapables d’effectuer une gravure, ou même de faire des lames rétractables. Trop techniques, sans doute. "

Reydd avait l'impression qu'il essayait d erabaisser les chouettes pour lui faire plaisir. Mais pourtant, il décelait dans se syeux de la vérité, mais il avait du mal à y croire.

L'effraie se retourna finalement vers lui et le fixa dans les yeux.
" Je m’appelle Silver… Et vous ? "


" Vous l'aviez déjà dit.
Mon nom est Reydd... "

Il jeta un regard à la paire de serres. Commande de Sangs-Purs. Il était leur fouine et avait pour ordre de leur raconter la moindre visite de chouettes suspectes. Et ce gardien était là. Il ne voulait pas le dénoncer. Il n'avait jamais ressenti autant d'euphorie devant une chouette. Il les avait toujours hait du plus profond de lui, mais lui... Il ne pouvait pas mener un forgeron à la mort. Mais si les Sangs-Purs découvraient qu'il lui avaient caché cela, ce serait lui qui irait vers la mort.
Le cacatoès hésitait et finit par lâcher :

" Un gardien n'a pas sa place ici, ne devriez-vous pas rentrer? " chuchota Reydd d'un ton hésitant, inquiet.

La voix sombre du mystérieux forgeron le fit sortir à nouveau de sa léthargie contemplative. Son attention se détacha enfin des armes sculptées avec brio par l’oiseau exotique.
" Vous l'aviez déjà dit. Mon nom est Reydd... "

Silver se senti confus. Il commençait à radoter, et ça n’allait pas du tout !
Puis, tranquillement, il sourit à Reydd. Ce dernier détourna bien vite le regard, se concentrant sur une paire de serre… Celle que venait de montrer et décrire le forgeron.

Il semblait aussi confu que Silver l’était. Soupirant, il fit :
" Un gardien n'a pas sa place ici, ne devriez-vous pas rentrer? "

Silver nota la grand hésitation qu’il avait eut pour lâcher cette phrase. Il réfléchit à toute vitesse. En quoi ce creux était-il dangereux ? Bon, certes, il y avait beaucoup d’armes mortelles ici, mais n’était-ce pas le lot de tous les forgerons ? Le jeune mâle blanc s’ébroua, soudain mal à l’aise.

Quelles étaient les paroles cachées de ce mystérieux cacatoès ?
Toutes ces questions lui brulaient le bec. Ne tenant plus, il essaya de résumer ses interrogations en une question. Une seule.
- Que laissez-vous entendre par là, Reydd ?

Silver plissa les yeux. Il hésitait énormément, à en demander d’avantage, mais il ne voulait pas brusquer et froisser ce curieux personnage qui commençait tout juste à s’ouvrir à lui.
Alors, patiemment, il attendit.

Spoiler:

Que laissez-vous entendre par là, Reydd ?

CROTTE DE RATON ! Que répondre ? Oh rien je suis juste au service des Sangs-Purs et je suis sensé vous dénoncer, rien de bien grave ? À part ça je vous sers un verre de liqueur de noix ? Non Reydd ne pouvait pas se permettre de dire ça. Vite, vite, la première excuse qui lui tombait sous la serre.

Oh trois fois rien ! Je me demande juste ce que quelqu'un comme vous vient faire dans ces coins, je veux dire... On ne vient pas passer ses vacances à Tyto, surtout avec ces Sangs-Purs dans le coin.

Le cacatoès essayait de cacher tout signe d'hésitation et tout soupçon. Cette chouette ne devait pas savoir, ne pas découvrir, ne pas le sentir. Il devait juste être un honnête forgeron qui vivait pour sa passion, la forge. C'était ce qu'il était, coup de chance. Même s'il était nécessaire de rajouter un petit "allié des Sangs-Purs" sous celui-ci.

Deux voix chuchotaient à son oreille. La première lui disait, sournoisement, d'aller dénoncer ce gardien aux Tytos, car après tout, ce n'était qu'un cracheur de pelotes comme les autres. Que crois-tu ? Qu'il admire ton travail ? Non à ses yeux tu es et tu resteras toujours un stupide mou du croupion, aux capacités intellectuelles d'une mouette.
L'autre, plus calme et plus chaude, lui chuchotait d'un ton réconfortant de chasser toutes ces pensées de haine et de colère, et de ne pas dénoncer ce tyto blanc comme la neige. A-t-il une seule fois dit du mal de toi après être entré dans ce creux ? Non, qu'est-ce qui te dit qu'il va se moquer de toi ?

Tenaillé entre ces deux voix, il se saisit rapidement d'une coquille de noix et y versa un quelconque alcool de baies, qu'il avala coup sec, avant de demander à Silver sans oser se retourner :

N-nous disions ?