Silex et Blueflyght étaient arrivés à la pension. La pleine lune, qui faisait trembler Silex resplendissait. Deux hibous, certainement les chefs, donnèrent l'ordre de franchir l'entrée, une crevasse. Ils s'exécutèrent, accompagnés par de nombreuses chouettes. Ils sillonèrent les canyons, Silex pleurnichait, comme d'ailleurs pratiquement tous les oisillons prisonniers, le petit harfang était terrorisé. L'oisillon vit soudain une sorte de plateforme, il se demanda à quoi elle pouvait servir.

Blueflyght lui dit tout bas, à quelque mètre de la plateforme :
"Je vais devoir te jeter dessus. Attention à l’atterrissage. Et pas de questions sinon une grosse punition t’attend."
Silex répondit par un hochement de tête timide. Il préférait ne pas savoir ce qu'était cette grosse punition. Et surtout, il avait peur de ne pas réussir à se retenir de poser des questions.
La chouette bleue le lança, le petit harfang atterrit près d'une autre effraie qui lui dit méchamment :
"Hé ! Pousse pas ! Oh t’es un harfang ! Bah t’a pas ta place ici pauvre chouette bonne à rien !"

Silex baissa la tête n'osant pas répondre. Il ne comprenait pas pourquoi cette effraie était si dur avec lui alors qu'il n'avait rien fait, juste parce qu'il était un harfang des neiges. Et il n'était pas une pauvre chouette bonne à rien ! Mais le tyto avait raison pour un point, Silex n'avait pas sa place ici. De grosses larmes coulèrent des yeux du petit. Il ne vit pas le regard désolé que Blueflyght lui lançait en s'éloignant.

En revanche il la vit tenter de se poser sur une corniche mais deux chouettes lui piquèrent sa place, Silex entendit leur dialogue :
Les deux hiboux :
"On est plus rapides que toi !
Blueflyght :
- Est-ce que vous pouvez vous pousser s’il vous plaît ?
Un des deux hiboux lui répondirent :
-Nan c’est toi qui va te pousser ! T’es chargée du tri ! Ordre de Bec D’Acier !"

Blueflyght s'éloigna. Silex était désolé pour elle. Mais tri de quoi ? Il frémit, ces chouettes n'allaient quand même pas les trier ?! C'en était vraiment trop pour lui. Il minoucha, tout en tremblant. Qu'allait-il devenir ?

Silex vit Blueflyght s'éloignait. Elle dit soudain :
"Bien ! Vous allez être triés ! Ce sera par espèce de chouette pour savoir combien d’oisillons de chaque espèce ont été abandonnés ! Je m’occuperai des Tytos et des harfangs. Mes collègues s’occuperont des autres ! Commencez à vous mettre avec ceux de votre espèce ! Vous êtes beaucoup, ca sera mieux pour le personnel de l’orphelinat qui vous triera ! Allez !"
Certains oisillons s'exécutaient, d'autres ne bougeaient pas. Silex se faisait bousculer de tous les côtés. Il faisait parti de ceux qui bougeaient pas, lui ayant trop peur, les autres, il ne le savait point.

Les adultes commençèrent à trier tous les oisillons. Silex vit de loin Blueflyght qui lançait par çi par là des « Toi tu me suis » et des « Viens avec moi » puis des « Suis-moi ». Elle arriva devant le jeune Tyto qui avait embêté Silex et lui murmura :
"Toi tu me suis ! Tu feras un très bon soldat !"
L'oisillon sauta de joie. Silex était vraiment étonné. Comment avait-il envie de se battre dans un moment pareil ? Il y avait vraiment des chouettes étranges, décidément pensa-t-il. Le tyto suivi la chouette bleue.

Quand Blueflyght passa devant le petit harfang, elle lui dit tout bas :
"Je vais te sortir de là t’inquiète pas !"
L'harfang hocha la tête, en lui murmurant un petit merci. Il se demandais surtout où allait-il être. Cette histoire de tri le terrifiait. Le petit alla se placer avec d'autres harfangs, se faisant le plus petit possible, et en espérant ne plus recroiser le tyto de toute à l'heure.

Mais Blueflyght allait-elle vraiment l'aider ? Son coeur se gonfla d'espoir. Ce serait si bien s'il pouvait s'en aller de cet endroit, il venait à peine d'arriver, et il en avait déjà assez.

Silex suivi Blueflyght, se faisant le plus petit possible. Soudain une autre chouette effraie apparue, le petit harfang eut peur d'elle dès qu'elle l'aperçut, sans savoir exactement pourquoi. La chouette bleue chuchota aux petits :
"-Inclinez-vous devant cette chouette."
Puis à destination de l'autre effraie : "Votre Pureté…" Elle s'inclina très bas, ainsi que les petits, et poursuivit :
"C’est pour former les Tytos que vous venez en cet endroit ?"
L'autre effraie répondit :
"Oui. Je vois que c’est une belle récolte cette nuit. Je prends les Tyto pour les entraîner si ca ne te dérange pas.
-Bien Votre Pureté. Prenez-les."
Cette effraie mystérieuse poussa soudain un cri retentissant :
"Tytos ! Suivez-moi !"
Tous les petits tytos la suivirent. Certains sautillaient même de joie.

Blueflyght s'adressa ensuite à son groupe, que des harfangs :
"Suivez-moi."
Les petits harfangs la suivirent donc, et ils arrivèrent dans une grande salle d'où on voyait la Lune qui resplendissaitleur et la chouette bleue leurs dit :
"Mettez-vous en rang et dormez. Je ne veux pas voir de têtes sous les ailes, mais je veux que vous dormiez en regardant la Lune. Dormez ! Exécution ! Et pas de bavardages !"

Dormir la nuit ? Une chouette ! Quelle idée absurde ! Et en plus la tête levée vers la Lune, c'était contraire aux habitudes de la plupart des chouettes ! Silex regarda autour de lui. Tout les petits exécutaient les ordres de Blueflyght, sauf lui. Il essaya la position demandé. La Lune l'éblouissait, impossible de dormir, elle lui donnait très mal à la tête et une sensation étrange et désagréable s'emparait de son gésier. Il espéra que la chouette bleue ne le grondera pas si elle s'apercevait que le petit ne dormait pas. Il espérait aussi qu'il n'allait pas se mettre à pleurer.

Une fois que Tatie eut distribué les matricules à tous les petits, elle prit la parole.
"Bien! Vous allez à présent adopter la position du sommeil. C’est très simple : tenez-vous le bec levé et pointé vers la lune. Il y a dans cet endroit des centaines de poussins. Tous ont appris à dormir de cette manière. Vous y arriverez, vous verrez. Il est formellement interdit de garder la tête sous l’aile, penchée sur le ventre ou tordue en arrière, ainsi que la plupart d’entre vous y êtes accoutumés. Une position non conforme est punie. Pour s’assurer que cette consigne est respectée de tous, des surveillants font des rondes dans le glaucidium. Une alarme sonne à intervalles réguliers. À ce bruit, tous les petits entament la marche du sommeil. Pendant cette procession, vous devez prononcer votre ancien prénom en boucle. Lorsque la seconde alarme retentit, vous stoppez où vous êtes. Énoncez alors votre matricule une fois, rien qu’une, et remettez-vous en position. Maintenant, dormez ! Allez mes petits! Dépêchez-vous!"

Encore cette position étrange qui s'imposait. Silex essaya de nouveaux, mais pas moyen de s'endormir. Il avait la même sensation qu'avant l'arrivé de Finnie. Et le fait d'avoir un matricule le troublait davantage. En plus il commençait à s'énerver en silence. Il ne s'appelait pas 190-3 ! Il s'appelait Silex, le nom qu'avait choisis ses parents ! Incapable de s'endormir il fini par baisser la tête discrètement et essaya de rester réveillé car sa méfiance grandissait. Mais il commençait à être vraiment fatigué, la Lune lui brouillait l'esprit. Il se secoua, en vain. Mais il fallait qu'il tienne. Le petit harfang était déterminé à rester réveillé.

Silex baissait la tête pour éviter les rayons de la lune. Il commençait même à entendre un bourdonnement qui l'agaçait au plus haut point. Soudain il entendit un cri strident, c'était Blueflyght, il sursauta quand elle cria d'un ton terrifiant :
"Alerte à l’oisillon ! Un jeune harfang ne dort pas ! Emmenez-le dans la salle d’inlunation ! Un surveillant l’y attend !"
Elle s'envola ensuite. Silex tremblait, terrifié, horrifié par ce qu'il venait de faire.

Soudain de grosse serres qui lui fit très mal le saisi, c'était Finnie, ou plutôt Tatie Finnie. Elle paraissait bien en colère contre lui. Incapable de soutenir son regard perçant, emplis de reproche, il baissa la tête, et les larmes lui coulèrent des yeux. Il était très angoissé, qu'allait-il advenir de lui ?

Finnie l'amena dans une grande salle, probablement la salle d'inlunation. Il se rendit compte qu'il n'était ps le seul oisillon qui n'arrivait pas à dormir, que d'autre aussi allait dans cette salle. Cela ne le soulageai pas, au contraire, il ne voulait pas que d'autres souffrent. Il aperçut Blueflyght qui se bagarrai avec une chouette lapone. Ces deux-là n'avaient vraiment pas l'air de s'entendre.

La salle d'inlunation était étrange, voire sinistre. Ses parois rocheuse étaient étincelante. Elles étaient penchées, ce qui leurs permettaient de réfléchir la lumière que réfléchissait la lune. Comment pouvoir dormir avec toute cette lumière et ce bourdonnement qui s'amplifiait ? Pourtant tout autour de lui, les autres petits commençaient à bailler, à somnoler. Son coeur se serra.

Silex ne dormait pas. Soudain, un surveillant lui donna un coup de serre. Le pauvre petit tomba à la renverse, l'air surpris. Il se remit sur ses serres sans rien dire, et essaya de s'endormir.

...

Silex était en train de dormir. Quand soudain il se réveilla en sursaut avec une drôle d'impression. Il se sentait très bizzarre. Incapable de dire où il était, il avait l'horrible impression que sa mémoire s'échappait sans qu'il puisse la retenir. Toute sa vie défilait dans sa tête, mais une pensée plus forte que les autre le fit retrouver sa raison. C'était un souvenir agréable, oui c'était quand ses parent lui racontaient les Légendes de Ga'Hoole, avant qu'il ne s'endorme. Curieusement, le fait de penser à ces légendes lui permettait de retrouver ses esprits. Il tourna discrètement la tête dans tous les sens. Tout le monde dormait, et il remarqua que toutes les sentinelles se protégeaient de la Lune. Mais pour lui aucun moyen de le faire.

Il se remémora les Légendes de Ga'Hoole, il connaissait tous les cycles. En faisant à mesure, le petit sortait de sa torpeur. Il se lança alors un défis : réciter tous les cycles qu'il connaissait, afin de ne pas se laissait piéger par ces méchantes chouettes. Et ensuite, dès qu'il aura toutes ses plumes, il s'échappera, avec ou sans aide. Il pensa que ce serait bien qu'il y ait dans cet endroit sinistre, une ou plusieurs chouettes gentilles, histoire qu'il ne s'échappe pas tout seul, car il s'avouait à lui même qu'il avait bien un peu peur.

Enfin, il commença à se réciter, tout en faisant semblant de dormir, ces biens belles Légendes de Ga'Hoole, auxquelles il croyait dur comme fer. Il fallait vraiment qu'il s'en sorte vivant de cet endroit.